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La reprise des « activités » sous l’autorisation des gangs armés

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Les gangs armés en Haïti démontrent désormais, par des actions concrètes, qu’ils font la loi ! Ils contrôlent toutes les zones stratégiques et économiques du pays. Ils terrorisent la population sous les regards négligents d’un État impuissant. La plus parfaite illustration de cet amer constat est l’isolement par le groupe G9 du terminal de Varreux (principal fournisseur de pétrole du pays).

Le mardi 9 novembre 2021, se livrant à une démonstration de force, la bande à l’ancien policier Jimmy Chérisier (Barbecue) a pris d’assaut le terminal de Varreux qui est l’un des principaux fournisseurs en ce qui a trait à l’approvisionnement du pays  en pétrole. Cette action avait comme justificatif, ou  simple rhétorique, la réclamation de la démission du Premier Ministre de facto, le docteur Ariel Henry. 

Si cette action a révélé une fois de plus l’incapacité de l’État haïtien à déployer des moyens adéquats pour faire pression sur les gangs, elle a aussi paralysé l’ensemble des activités d’une bonne partie du pays. Du transport public aux entreprises les plus complexes : la plupart des activités économiques ont lamentablement régressé à cause de la rareté du pétrole. Bref, à cause de l’isolement du terminal de Varreux.  

La totale paralysie

Le pétrole, dit-on, est l’un des produits essentiels pour le fonctionnement  r du secteur économique dans la plupart des pays du monde. Haïti n’est  pas une exception à cette règle qui impose l’utilisation de  cette énergie fossile partout et presqu’en tout. Chaque mois, selon les données du BMPAD, le pays consomme environ un million de barils de pétrole, incluant le diesel, le kérosène et la gazoline.  Ainsi, pour stocker ces produits acheminés par bateaux, plusieurs terminaux sont nécessaires, dont celui de Varreux. 

Par ailleurs, beaucoup de secteurs d’activités dépendent des produits pétroliers. Si le pétrole est décrié comme l’un des vecteurs des gaz à effet de serre (principal facteur de la dégradation de la couche d’ozone il reste cependant pour l’instant indispensable, il joue le même rôle que le sang pour l’appareil circulatoire.  Par conséquent, il est impossible d’ignorer l’impact de la paralysie de l’un de ces terminaux qui fournissent ce « sang » nécessaire à la vie  quotidienne des Haïtiens. 

L’expérience a été aussi significative que fâcheuse. Dès le lendemain  de l’accaparement du terminal de Varreux par les gangs du G9, toutes les activités ont été touchées. Mais c’est progressivement, soit pendant une semaine, que la paralysie s’est installée pour de bon. Commençant par le transport en commun pour arriver aux activités qui en dépendent, telles que l’activité scolaire, sanitaire et les PME. Tous les secteurs qui dépendent de la consommation du pétrole ont été systématiquement touchés.

L’impuissance de la police nationale

Face à cette dérive, la Police Nationale d’Haïti n’a fait qu’afficher son impuissance. Celle de l’État Haïtien, particulièrement, par ricochet. Plusieurs tentatives effectuées par cette institution de maintien de l’ordre pour récupérer le  terminal de Varreux ont lamentablement échoué.  Selon les informations qu’on a recueillies, des policiers qui ont essayé de récupérer la zone, n’ont eu recours qu’à la fuite pour sauver leur vie. 

Mais entre-temps,  la majorité qui se trouve dans la précarité la plus extrême et qui subit souvent la violence policière quand elle revendique le strict minimum, n’est que spectatrice d’une société où la police constitue une force de l’ordre incapable. Si les gangs armés ont fait des sorties médiatiques spectaculaires pour annoncer leur liberté de manœuvre consistant à enclaver des zones clés telles que le terminal de Varreux, la Police Nationale d’Haïti n’est pas à même de les stopper de façon systématique. 

L’espoir inapproprié 

Aujourd’hui, avec la trêve que le gang du fameux G9 a instaurée, le terminal de Varreux peut encore fournir  ce produit équitablement.

Néanmoins, l’incertitude est toujours de mise puisque le pays est placé sous l’emprise des gangs armés. Ces gangs armés terrorisent la population. Mais, ils se donnent pour alibi que l’État est défaillant! Par conséquent ce sont les gangs qui autorisent la reprise des activités dans le pays, tout en faisant fi de l’autorité des chefs  censés administrer la Nation.

Jonas Reginaldy Y. DESROCHES

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