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Haïti – Insécurité : quand les gangs armés gagnent en puissance

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À mesure que les jours défilent et qu’aucun plan de sécurité ne se pointe à l’horizon, Haïti présente l’image d’un bout de terre disputé par les gangs armés éparpillés, chacun sur un bout de territoire qu’ils contrôlent et délimitent à leur guise, poussant un peu plus leurs limites chaque jour.

Martissant. Le tableau d’un couloir de la mort marqué par le sang et le corps sans vie de plusieurs concitoyens qui tentaient de le traverser. La frontière farouche qui se dresse en infranchissable, réduisant largement l’accès à plus d’un département. Face à cette situation qui perdure depuis déjà trop longtemps et qui ne cesse de faire couler le sang, aucune démonstration de volonté d’agir de la part des autorités concernées qui se répètent incessamment et renouvellent les promesses de sécurité dans le sang coulé de nombreuses personnes.

Tandis que cette sécurité aux allures utopiques tarde à venir, les gangs armés gagnent en confiance et en puissance. Aussi, ayant fait de Martissant leur royaume, plusieurs gangs s’affrontent sous le couvert d’un bouclier humain considérablement aminci. Pourtant, ils sèment tellement bien la mort que plusieurs ont dû  chercher d’autres voies pour aller et venir entre Port-au-Prince et les régions de la côte Sud. Parmi les chemins utilisés pour éviter Martissant figurent la mer et la route de Taraze.

« Depuis plusieurs jours, je suis obligée d’emprunter la route de Taraze à moto», témoigne Juliane, une dame qui se trouve obligée de gagner quotidiennement les rues de ce Port-au-Prince rongé par l’insécurité pour venir travailler. Elle peint l’endroit comme étant cynique, souvent désert et de loin plus coûteuse que le chemin emprunté normalement.

D’autres couloirs abritant l’ombre de la mort

Si Martissant est, aujourd’hui encore, le phénomène d’insécurité qui attire mieux l’attention, plusieurs autres endroits lui font la compétition, prêt à assurer la continuité au cas où la situation ne perdurerait pas. Aussi, le phénomène gangstérisation prend plus d’extension chaque jour à Pernier. « Pernier s’endort quotidiennement sous un concert de balles. Ils contrôlent le marché et les écoles », témoigne une jeune fille de la zone. Elle affirme qu’il y a lieu de s’inquiéter même quand il faudra sortir pour se rendre à la boutique d’en face. Selon elle, le danger plane partout à Pernier.

L’un des endroits qui semble vouloir rivaliser avec les préoccupations générées par Martissant est aujourd’hui la Croix des Bouquets, contrôlée par le gang 400 mawozo. En effet, les observateurs et les habitants de la plaine du cul-de-sac auront raison de craindre le pire si l’on considère les débuts de Martissant dans la condition d’insécurité qu’elle se trouve. L’inaction des institutions censées garantir la sécurité aidant, les groupements armés, particulièrement le gang 400 mawozo, multiplient les enlèvements sans hésiter à demander des rançons exorbitantes en échange de la liberté des victimes. Comme si ce tableau ne suffisait pas à la cette situation, un nouvel élément menace les habitants de la plaine du cul-de-sac : affrontements entre gangs rivaux pour des questions de territoire.

Ces cas ne sont pas les seuls auxquels fait face le pays. Dans d’autres endroits du pays, d’autres gangs se forment, gouvernent, établissent les règles. La situation s’aggrave à mesure que l’indifférence se fait palpable, à mesure que des citoyens haïtiens se font enlever, violer. À mesure que la Nation continue à s’offrir une vie illusoire empreinte du sang de compatriotes assassinés.

Pendant ce temps, le Centre d’Analyse et de Recherche en Droits de l’Homme (CARDH) déplore la situation. Dans son dernier rapport datant du 15 décembre 2021, le centre dénombre 949 cas d’enlèvements dont 55 perpétrés à l’encontre de ressortissants étrangers au cours de l’année 2021. Selon le rapport, plus que 200 groupes armés soutenus par les autorités opèrent en Haïti. Une situation interprétée par le CARDH comme une dégradation des droits de l’homme dans le pays.

Ketsia Sara DESPEIGNES

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