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Une année difficile pour le secteur médical haïtien

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Cette année a été difficile pour le secteur médical haïtien qui a fait, à maintes reprises, les frais de l’instabilité du pays. En effet, s’il y a eu quelques aspects positifs liés à la Covid-19, les différentes crises traversées par le pays, n’ont pas épargné les hôpitaux qui en ont vu de toutes les couleurs.

L’année 2021 touche à sa fin. C’est l’occasion, pour beaucoup, de prendre de nouvelles dispositions et de planifier, dans la mesure du possible, l’année qui s’annonce. Ayant été fortement secoué, le secteur médical haïtien devrait appartenir à cette catégorie tout en croisant les doigts pour que 2022 apporte plus de positif avec lui. Entre insécurité, pénurie de carburant et irresponsabilités, la médecine haïtienne n’a été privée d’aucun  problème au cours de l’année.

Une insécurité aux conséquences lourdes

L’insécurité a, sans aucun doute, été l’un des phénomènes les plus marquants de cette année, surtout par son universalité. Elle a, en effet, affecté tous les secteurs. Ainsi, ils sont plusieurs, les hôpitaux qui ont subi les frais de l’irresponsabilité de nos dirigeants. L’on se souvient de l’hôpital Sacré-Cœur de Milot qui a été obligé de fermer ses portes provisoirement après que des bandits armés l’ont attaqué et partiellement incendié. L’incident a eu lieu après que les hommes, machettes et armes à la main, aient réclamé un patient poignardé et que l’hôpital ait refusé de le livrer à la mort.

Ces faits figurent parmi une longue liste de phénomènes liés à l’insécurité dans le pays. En effet, ce n’est pas la seule fois que le pays  a vu ses hôpitaux  compter parmi les victimes de ce climat dans lequel le pays est plongé depuis quelque temps, privant certains patients des soins nécessaires à leur survie. C’est ainsi que les affrontements entre gangs rivaux ont rendu difficile l’accès à Port-au-Prince  du côté Sud, réduisant du même coup l’accès à certains services, comme celui de la dialyse.

L’ONG Médecins Sans Frontières (MSF) aussi  a eu une année difficile. Dès les premiers mois de 2021, MSF avait déjà commencé à être confrontée à l’insécurité. En effet, le 10 février 2021, l’hôpital de Drouillard, le seul centre spécialisé dans les soins aux grands brûlés en Haïti, a été perturbé dans son fonctionnement par de violents combats dans la zone, forçant le personnel à s’adapter à cette situation imprévue et stressante. Aussi, quelques jours plus tard, l’hôpital de Drouillard a dû transférer 21 patients hospitalisés vers un autre hôpital de MSF, à Tabarre.

 La situation à Martissant figure par ailleurs dans le lot des problèmes de l’hôpital. Les affrontements armés et braquages, en plus d’affecter la structure et son fonctionnement, ont eu des conséquences aussi pour ses patients et employés, dont un membre a été tué par balle en sortant de sa journée de travail. Après bien des difficultés, MSF s’est trouvé dans l’obligation de suspendre temporairement ses activités à Martissant. Seulement, la situation ne s’est pas améliorée et l’organisation a dû claquer définitivement la porte à Martissant en août dernier, après 15 années de présence continue. Rien qu’à Martissant, plus de 300.000 patients bénéficiaient du service d’urgence.

Carburant : Rareté et droit à la vie

Le carburant. Cet élément magique ayant le pouvoir de tout secouer quand il vient à manquer est subitement devenu rare cette année. Si le pays ne peut plus compter les crises liées au carburant qu’ il a connues, celle survenue entre octobre et novembre a durement frappé les hôpitaux dont certains ont assisté, impuissants, à la mort de patients ne pouvant pas trouver l’assistance exigée par leur état.

L’UNICEF a dû sonner l’alarme et lancer l’alerte : des centaines de femmes et d’enfants nécessitant des soins d’urgence menacés par la mort, faute de carburant pour alimenter les hôpitaux. Des chiffres alarmants communiqués par l’organisation ont confirmé l’urgence de la situation : 300 enfants, 45 femmes en maternité et plusieurs autres patients atteints de la Covid-19. Le 24 octobre 2021, l’UNICEF avertissait : deux hôpitaux qui cesseraient de prodiguer des soins s’ils ne recevaient pas de carburant.

Cette situation ne s’est pas simplement limitée à la capitale. Elle concernait tout le pays et beaucoup d’hôpitaux. Le 28 octobre 2021, le staff médical de l’hôpital la Providence des Gonaïves était dans l’incapacité de répondre aux besoins des patients puisque la génératrice était à sec. De son côté,  Médecins sans Frontières (MSF) a dû réduire ses activités à l’hôpital traumatologie et de brûlures de Tabarre, ne prenant en charge que les cas d’urgence vitale, espérant que ses activités pourront continuer avec la disparition de la menace.

Covid-19 : La lutte continue

Alors que les variants n’ont pas cessé de menacer le pays et que le Dr William Pape se faisait la sentinelle  avertissant le pays du danger, la lutte contre la Covid-19 a quand même connu des points positifs, parmi des aspects négatifs comme la désinvolture de la population et la pénurie de carburant qui a rendu difficile la prise en charge des patients en détresse respiratoire. Toutefois, avec le lancement de la campagne de vaccination anti-Covid-19, suite au don de vaccins lié au programme CoVax, le pays a des raisons de continuer à être optimiste quant à sa lutte contre le virus.

Alors que la campagne de sensibilisation continue, il reste encore beaucoup à faire avant d’espérer que la moindre crise n’affecte plus gravement son système médical.

Ketsia Sara Despeignes

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