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L’UniQ, 12 années plus tard : le souvenir reste intact

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Cette année encore, 12 ans après le séisme du 12 janvier 2010, l’Université Quisqueya (UniQ) a organisé une cérémonie du souvenir. Cette activité qui a réuni des personnalités publiques comme l’ancien Premier Ministre Jacques Édouard Alexis, s’est déroulée en deux parties : l’une consacrée à la mémoire de ceux qui ont péri dans l’enceinte de l’Université, l’autre qui se  voulait une célébration de la vie avec un regard sur le présent. 

Le séisme meurtrier du 12 janvier 2010 n’a pas épargné l’Université Quisqueya qui a pleuré le départ d’une trentaine d’étudiants et d’employés qui ont été pris au piège sous les décombres. Plusieurs années plus tard, l’institution garde jusqu’au souvenir de leurs noms et ne souhaite pas les oublier. Cette volonté de ne pas oublier, n’empêche pas les survivants de l’UniQ de célébrer la vie, conduite par ce souci d’aller de l’avant et de s’améliorer grâce aux leçons du passé. C’est cet état d’esprit qu’on a  retrouvé tout au long de la cérémonie du souvenir. 

C’est aussi ce qui a été l’idée générale du discours du Recteur Jacky Lumarque. Pour lui, il ne s’agit pas que d’un geste de mémoire envers ceux qui sont partis, mais c’est aussi un rappel nécessaire pour un peuple qui tend trop souvent à oublier. « Nous ne sommes pas ici pour célébrer la mort, mais pour célébrer la vie », explique-t-il. C’est ainsi que, tantôt grave, tantôt souriant, il s’est plongé dans les souvenirs du séisme et du parcours de l’institution après le drame. 

Il a d’ailleurs salué la présence du professeur James Boyard qui était dans les locaux de l’UniQ, le 12 janvier 2010. Ayant été épargné, le professeur aurait passé la nuit, utilisant les phares de sa voiture en guise de lumière, à essayer d’apporter son aide. Le Recteur n’a pas manqué de souligner le sentiment d’impuissance ressenti à plusieurs reprises. Perdant son sourire, le Recteur a cité comme exemple une jeune étudiante, d’environ 21 ans, morte après qu’ils l’ont secouru des décombres. L’étudiante, Lindsay Ulysse, était en train de passer l’examen du professeur Boyard. 

« Rendre hommage à ces gens est plus qu’un devoir pour nous », déclare le Recteur Jacky Lumarque en soulevant la question de ce qui restera après le départ de chacun. « Qu’est-ce qu’on laisse derrière nous ? ». L’homme a souligné les efforts des étudiants finissants en médecine à l’époque. Selon lui, le campus est devenu un grand chantier médical qui a commencé avec ces étudiants de l’Université qui seront aidés plus tard, lorsque les secours arriveront. 

Aussi, pour le Recteur, ces étudiants, ceux qui ont péri, les autres générations accueillies par l’institution depuis, ont contribué à faire de l’Université ce qu’elle est aujourd’hui, tout comme ils continuent à nourrir sa certitude que le pays renaîtra de ses cendres. 

C’est dans cette idée que la première heure de l’activité a été consacrée à la mémoire des victimes. En effet, après un morceau solennel offert par l’orchestre de l’Université et les mots d’introduction du Dr Marc Prou, le Doyen des Affaires Étudiantes, il s’agissait de prier en communion avec les disparus sous la conduite du Père Josué Alexis et du Père Luc-Franck Jean-Pierre. 

12 ans plus tôt sous les décombres de l’Université, Renan Saint-Justin témoigne

Étudiant à l’époque, Renan Saint-Justin était venu, comme plusieurs de ses camarades, passer un examen. C’est en salle qu’ils ont été surpris par le séisme avant que les décombres ne les tiennent en otage. « N’ayant pas l’habitude des tremblements de terre, nous avions d’abord cru que le bâtiment s’était effondré tout seul. Ce n’est qu’après notre sortie qu’on nous a annoncé que c’était un séisme », explique l’ancien étudiant.

Une sortie qui a assez tardé puisque les étudiants ont passé toute la nuit sous les décombres alors que les répliques n’en finissaient pas. Ils  ont été tirés à l’extérieur du bâtiment, le lendemain, entre 12 heures et 13 heures. « C’était un cauchemar. Nous craignions que les répliques n’aggravent l’état du bâtiment et que nous finissions par tous mourir », raconte Renan Saint-Justin. 

Renan Saint-Justin estime quand même qu’ils ont eu beaucoup de chance par rapport à d’autres victimes qui se trouvaient dans d’autres endroits et qui ont perdu la vie. Lui et ses camarades sont sortis avec, au pire des égratignures, à l’exception de Lindsay Ulysse, qui allait perdre la vie. « C’était mon amie », lâche-t-il tristement en guise de commentaire. 

Des années après, Renan Saint-Justin raconte qu’il garde encore des séquelles : « J’ai peur de toutes sortes de tremblements qui ressemblent à ceux provoqués par des secousses. Aussi, c’est difficile pour moi lorsque je suis en voiture ». En plus de cela, l’homme raconte que les souvenirs le rendent triste de temps en temps et qu’il ne se sent pas en sécurité dans les bâtiments hauts ou en béton. 

Ketsia Sara Despeignes

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