Rentrée des classes 2023-2024: un pari risqué à Port-au-Prince
3 min readDepuis maintenant plusieurs années, la rentrée des classes en septembre se révèle être une tâche des plus compliquées pour le Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle. Prévue cette année pour ce lundi 11 septembre, la date est toujours maintenue par le Ministère, mais à Port-au-Prince et dans ses zones avoisinantes, des milliers d’élèves ne pourront pas en profiter.
Depuis le 21 juin 2023, le MENFP avait déjà publié son calendrier pour l’année scolaire 2023-2024. Prévue pour ce lundi 11 septembre 2023, ce ne sont pas moins de 191 jours de classe, soit 955 heures d’enseignement pour le fondamental et 1 146 pour le secondaire que vise le MENFP. Cependant, face à la constance des activités criminelles à Port-au-Prince et dans d’autres villes du pays, la reprise des activités scolaires ne sera pas générale. Pour l’année précédente, les défis étaient énormes, et ce n’est qu’en novembre que la rentrée a pu être effective dans certaines villes du pays, jusqu’à reprendre majoritairement en janvier 2023.
Pour ce début de septembre 2023, ce sont quasiment toutes les zones à l’entrée Sud de la capitale qui subissent la loi des gangs armés, faisant des milliers de déplacés forcés et des morts au quotidien. Port-au-Prince, Bas-Delmas, Pétion-Ville, Tabarre, Croix-des-Bouquets, et les zones avoisinant la route nationale #1, sont entre autres, des zones dans lesquelles la rentrée, si toutefois elle est possible, serait des plus périlleuses.
Les récentes attaques des gangs armés contre Carrefour-Feuilles ont causé des milliers de déplacés qui, selon le MENFP, ont trouvé refuge dans des centres scolaires. « Après une première évaluation en date du 30 août 2023, par le chef de la Direction Départementale de l’Éducation du département de l’Ouest, le Ministère a réussi à identifier 24 centres scolaires publics et privés qui accueillent les déplacés de la région de Port-au-Prince depuis ces derniers jours. Cette évaluation qui s’inscrit dans le cadre du travail d’identification des élèves et enseignants déplacés, permet au ministère de dénombrer déjà environ 3 100 enfants et jeunes dans ces 24 centres scolaires », a indiqué le Ministère de la Communication dans un communiqué du 30 août. Face à cette situation, le MENFP a tenu à rappeler à tous les acteurs, à tous les citoyens, « la nécessité de protéger les bâtiments scolaires, les bureaux, les tables, les livres, les ordinateurs, les matériaux, les archives, etc. »
Malgré une année difficile, la majorité des élèves du pays a pu faire le nécessaire pour réussir aux épreuves officielles. Suivant les informations communiquées par le Bureau national des examens d’État (BUNEXE) et les Bureaux départementaux des examens d’Etat (BUDEXE), aux examens de la 9e année, le taux de réussite au niveau national est de 85 %, soit 156 000 candidats admis sur 183 170 participants. Pour l’Ouest et l’Artibonite où l’activité criminelle a été des plus intenses, les résultats avoisinent la moyenne du pays, soit respectivement 83% et 87%. Quant aux épreuves du Baccalauréat unique, les résultats paraissent moins encourageants. Pour ceux déjà publiés, le Sud accuse un taux de réussite de 39.54%, 38.06% pour la Grand’Anse, 48.69% pour les Nippes, 45.23% pour le Nord-Ouest, 40.16% pour le Nord-Est, et 57.62% pour le Centre.
Clovesky André-Gérald PIERRE