À Mariani, la situation sécuritaire ne cesse de se détériorer
3 min readUn mois après le débarquement des individus armés dans la localité de Mariani, le bout du tunnel n’est pas encore en vue pour les habitants de cette zone où la situation sécuritaire ne cesse de se détériorer. Les activités sont à l’arrêt, les établissements scolaires sont fermés, et les affrontements entre individus armés et la Police Nationale d’Haïti sont quasi quotidiens, causant beaucoup de victimes parmi la population civile.
La situation ne cesse de se dégrader dans la localité de Mariani, zone limitrophe des communes de Carrefour et de Gressier. La semaine du 27 novembre au 1er décembre a été particulièrement sanglante dans cette zone qui a vu débarquer les bandits de Grand Ravine le 1er novembre dernier. En début de semaine, les affrontements entre différentes unités de la PNH se sont intensifiés. « Le bruit des armes automatiques retentissent de jour comme de nuit », raconte une habitante de la zone au Journal. Près d’une dizaine d’hommes armés auraient été tués dans ses affrontements, selon plusieurs sources concordantes. Du côté de la PNH, les policiers Jean François Mackenson et Walter Jimmy Gaetan ont été respectivement tué et blessé dans l’après-midi du 30 novembre, a annoncé le Syndicat National des Policiers Haïtiens (SYNAPOHA) sur son compte X (ancien Twitter).
Conséquence directe de ces échanges de tirs récurrents, les activités sont complètement paralysées dans la zone. Sur la route nationale numéro 2, bloquée au niveau de Merger et à certains points de la commune de Carrefour (Paloma, Lamentin 54, etc.), la circulation est au point mort sur cette partie de la route. Divers camions de marchandises sont bloqués depuis mardi au niveau de Lambi et de Merger. Les rares véhicules qui prennent le risque de traverser la route se font rançonner par les hommes armés, quand ils ne se retrouvent pas pris entre deux feux. Les établissements scolaires situés dans les parages n’ont pas pu ouvrir leurs portes. Les quelques rares occupants encore sur place vident les lieux pour échapper aux balles, a-t-on appris de différentes sources.
Des victimes dans les rangs de la population civile
Pris entre les feux des hommes armés et ceux de la Police Nationale d’Haïti, plusieurs civils ont été touchés dans le cadre de ces affrontements quotidiens. Au moins six civils ont été touchés par des projectiles mardi dernier, alors qu’ils se trouvaient dans un minibus.
À côté des blessés par balle, on a constaté au moins une dizaine de personnes gisant sur la route. « J’ai compté plus d’une dizaine de cadavres entre Immaculée et Bò dlo. Beaucoup de corps étaient en train de brûler au moment où je passais », dit Josias au Journal, contraint de traverser cette nouvelle vallée de la mort à pied, à cause de l’indisponibilité des véhicules de transport public. Sur les réseaux, les images de cette scène funeste ont été diffusées. On peut y voir, entre autres, des corps décapités, calcinés, dévorés par des chiens.
Mariani, un territoire perdu ?
En dépit des efforts déployés par les agents de la PNH, le bout du tunnel semble encore loin pour les quelques rares habitants de cette zone, qui semble désormais faire partie des territoires perdus. Plusieurs fiefs ont été installés dans les hauteurs de Mariani, difficiles d’accès pour les blindés de la PNH, selon les informations recueillies. Ces « bases » comme on les appelle, servent de point de ralliement pour les caïds. « Une fois en difficulté sur la route nationale, ils [les hommes armés] se replient dans leurs « bases », où ils attendent le départ des forces de l’ordre pour recommencer à rançonner les chauffeurs », témoigne Magalie. Les habitants craignent ainsi que les actions de la PNH ne soient insuffisantes pour déloger les bandits, qui semblent bien déterminés à y installer un nouveau poste de péage.
La Rédaction