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Au moins 15 centres hospitaliers fermés dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince, le système sanitaire à l’agonie

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Alors que le nombre des victimes de violence dans le pays continue de grimper, les violences contraignent les principaux centres hospitaliers dans le pays à la fermeture. Avec une couverture médicale largement en dessous du seuil minimum, la population haïtienne continue de faire les frais avec au moins 15 centres hospitaliers fermés. En seulement trois mois, le bilan de la crise humanitaire est lourd : déjà plus de 1 500 personnes tuées et plus de 800 blessées au 22 mars.

La violence n’a pas de limite dans le pays. Aucune frange de la population n’est épargnée, ni aucune institution. Les écoles, les enfants, les hôpitaux, habituellement épargnés lors des conflits, ne sont protégés par aucun drapeau blanc. À plusieurs reprises, des patients ont été enlevés ou exécutés à l’intérieur même des hôpitaux. Parallèlement, un grand nombre d’institutions de santé ont été contraintes à la fermeture, en particulier ceux qui se trouvent dans les quartiers chauds. 

Fermetures et pillages

L’accès aux soins se révèle plus difficile chaque jour et ce secteur continue de « payer un lourd tribut aux dernières violences », a fait savoir le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) dans un rapport de situation du 20 mars 2024. Ce rapport est intervenu quelques jours plus tôt, alors que le sanatorium, à Port-au-Prince, venait d’être pillé. Selon Jean Ardouin Louis Charles, secrétaire général de l’Association Médicale Haïtienne, au moins 15 centres hospitaliers du pays sont fermés. « C’est l’hôpital général (HUEH) qui dessert les gens de petites bourses. C’est là où la population afflue habituellement. Et il est fermé aujourd’hui », a déclaré le médecin mardi. « C’est tout le monde médical qui se retrouve affecté. Que ce soient les hôpitaux ou le personnel médical », a-t-il ajouté.

Dans les environs de l’HUEH, la plupart des pharmacies ont été incendiées ou pillées, privant ainsi les riverains, en plein cœur des violences, de médicaments. L’Hopital DASH, à Delmas 18, a aussi été pillé cette semaine par des individus armés. Pourtant, aujourd’hui, plus qu’hier, la situation est grave, la population étant en nécessité d’un accès au soin. Du 10 au 17 mars, le Centre Hospitalier Universitaire La Paix a reçu « 94 victimes, dont 44 blessées par arme à feu, tandis que Médecins Sans Frontières (MSF) en a reçu 50, dont 27 personnes blessées par arme à feu », a indiqué l’OCHA.

« Sur les 84 sites de déplacés internes abritant 86 040 personnes à Port-au-Prince, 23 sites abritant 37 000 déplacés internes reçoivent un soutien dans les activités de surveillance, d’hygiène et de sensibilisation de la part des responsables de la Direction de la santé du Département de l’Ouest (DSO) et de l’Organisation panaméricaine de la santé/Organisation mondiale de la santé (OPS/OMS) », a ajouté l’instance onusienne.

Dans un autre rapport de situation le 25 mars, l’OCHA a rapporté que « le Centre ambulancier national, qui a été contraint de fermer le 21 mars en raison de l’activité des gangs dans la région, a rouvert le 25 mars et a transféré certaines ambulances à l’hôpital La Paix ». Par contre, « l’hôpital Bernard Mevs, fermé la semaine dernière, reste fermé pour des raisons de sécurité ».

Selon l’OCHA, « les difficultés d’accès aux différents départements continuent d’entraver les activités de riposte dans le pays : il n’est pas possible de distribuer du matériel médical et sanitaire pour la riposte au choléra, ce qui pourrait entraîner une pénurie de fournitures prochainement, notamment en cas d’épidémie. L’ONG haïtienne Zanmi Lasante, qui joue un rôle important dans le système de santé du pays, peine également à acheminer des médicaments de Port-au-Prince vers les départements du Centre et de l’Artibonite pour les hôpitaux qu’elle soutient. « Le pôle santé se coordonne avec le pôle logistique pour trouver une solution. Les difficultés d’accès continuent de compliquer les interventions sanitaires dans les sites de déplacés. De plus, certains sites qui abritaient auparavant un certain nombre de personnes ont doublé en nombre de personnes déplacées en raison de la fuite des personnes d’un site vers un autre plus sûr », peut-on lire.

Bonne nouvelle peut-être, le Ministère de la Santé publique et de la Population a annoncé la réouverture de l’hôpital de l’Université d’État, fermé depuis le 29 février, pour le début du mois d’avril. Cependant, des doutes subsistent concernant cette éventualité. Entretemps, la situation ne s’est guère améliorée dans les environs de l’hôpital, les gangs continuent de semer la terreur.

Clovesky André-G. PIERRE

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