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Démission d’Ariel Henry : Un exemple de coup d’État classique ?

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Prime Minister of Haiti Ariel Henry speaks during a plenary session of the 9th Summit of the Americas in Los Angeles, California, June 10, 2022. (Photo by Patrick T. FALLON / AFP)

Cela fait plus d’un mois que le Premier ministre Ariel Henry a quitté le pays. Aucune Note de la Primature n’a été rendue publique pour indiquer à la population l’endroit où le neurochirurgien se trouve. Pour l’ancien Premier ministre Evans Paul, le non-retour au pays de M. Henry  au pays est perçu comme une sorte de coup d’État orchestré à son encontre…

À en croire Evans Paul, l’ancien responsable de la Primature, les récents événements qui se sont déroulés en Haïti ont conduit au renversement du gouvernement du Premier ministre Ariel Henry. L’ancien Chef du gouvernement sous l’administration de Michel Martelly n’est pas passé par quatre chemins pour tenter d’expliquer ce qui est arrivé à M. Henry. « Je considère la fermeture de l’aéroport  et les attaques contre les deux prisons civiles dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince comme faisant partie de la trame du complot », dit-il tout en affirmant que ce qui s’est passé est regrettable.

Le fait, c’est quoi ?

Alors que la violence dans la région métropolitaine de Port-au-Prince s’installe depuis le 29 février 2024,  le Premier ministre Ariel Henry de son côté est toujours retenu à l’étranger. Incapable de retourner dans le pays ? Contesté par la majorité de la population et confronté à une vague de violences, le Premier ministre Ariel Henry a annoncé sa démission prochaine à la tête du pays dans une vidéo en ligne en date du 11 mars 2024 alors qu’il est toujours en dehors du pays.

« Le gouvernement que je dirige ne peut rester insensible à cette situation. Comme je l’ai toujours dit, aucun sacrifice n’est trop grand pour notre patrie, Haïti », a déclaré  celui qui dirigeait le pays avec un Exécutif monocéphale depuis 3 ans. Dans son discours, le neurochirurgien a annoncé que son gouvernement se retirera « après l’installation d’un conseil » de transition. « Je demande à tous les Haïtiens de rester calmes et de faire tout ce qu’ils peuvent pour que la paix et la stabilité reviennent aussi vite que possible », a-t-il ajouté.

L’analyse du Professeur Jean-Marie Théodat sur la crise haïtienne

Eu égard à l’annonce du départ de M. Henry à la tête du pays, le professeur Jean-Marie Theodat qui intervenait sur le plateau de Le Média à l’émission L‘entretien d’actu exprime à la fois un sentiment de réjouissance et d’inquiétude. « Ma réaction de réjouissance se base sur le fait que cela fait 3 ans depuis que Ariel Henry occupe des fonctions de Premier ministre en dehors de toute légalité. Il n’y a aucune légitimité dans la façon dont il est arrivé au pouvoir. Pour nous, c’est un premier pas dans le bon sens du rétablissement de la légitimité historique en Haïti », a déclaré le professeur de géographie à l’Université Panthéon Sorbonne qui souligne en même temps que cela laisse présager des inquiétudes parce que Ariel Henry était la partie émergée de l’iceberg. « Les causes profondes continuent d’exister », ajoute-t-il.

Le support des occidentaux !

L’assentiment des occidentaux à l’égard du Dr Ariel Henry est problématique dans la mesure où c’est un pouvoir usurpé, croit M. Theodat. « En pratiquement 3 ans à la tête de l’État, il n’a rien fait pour légitimer sa présence ni sur le plan légal, car il n’a pas convoqué de nouvelles élections, ni sur le plan pratique car sa gouvernance a été marquée par l’incompétence, la corruption, et l’illégitimité », a constaté le professeur et spécialiste d’Haïti.

Par ailleurs, en dépit du fait qu’il était favorable à la venue d’une Force Multinationale d’appui à la sécurité en Haïti, Ariel Henry, selon le Professeur Jean-Marie Theodat, n’a tout de même rien fait durant ses trois ans à la tête de l’État pour le renforcement de la Police Nationale d’Haïti ( PNH) et les Forces Armées d’Haïti (FADH). Selon lui, les deux forces de sécurité nationale sont les dépositaires du monopole de la violence légitime. Et dans un État de droit, dit-il, elles doivent assurer la sécurité civile. « Nous avons le sentiment que Ariel Henry a plutôt travaillé à affaiblir l’État haïtien déjà mal en point», a affirmé M. Theodat.

À en croire le professeur, la précipitation extrême dont faisait preuve Ariel Henry pour appeler à une intervention étrangère sans véritablement consulter la population à un moment où la nation était en péril a été le signe de sa légèreté.

L’indifférence de la communauté internationale à l’égard d’Haïti : le point du professeur Theodat !

Haïti est sans doute en train de vivre l’un des moments les plus tragiques de son histoire. Quoiqu’Haïti soit un peuple généreux, respectueux et solidaire qui a marqué l’histoire de l’humanité, aujourd’hui il est abandonné par ses « amis». « Nous célébrons cette année le 220e anniversaire de l’indépendance du pays. En 220 ans, ce pays a traversé le monde dans une situation de solitude existentielle où il n’y a personne pour nous tenir la main. Personne pour  voler au secours d’Haïti. Et cela se vérifie encore aujourd’hui », constate le Professeur Jean-Marie Theodat.

« Compte tenu de la proximité du territoire américain, compte tenu de l’absence d’enjeu stratégique dans la crise haïtienne, il n’y a aucun bénéfice stratégique à gagner à intervenir auprès d’Haïti. C’est pour cela que personne n’intervient. Personne n’a envie de voler au secours d’Haïti », a-t-il martelé.

Jackson Junior RINVIL

rjacksonjunior@yahoo.fr

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