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Crise sans pareil en Haïti, Dennis Bruce Hankins, nouvel ambassadeur américain rentre en poste !

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Pour Dennis Bruce Hankins, nouvel ambassadeur américain en Haïti, « les Haïtiens méritent d’être représentés par des élus qui rendent compte au peuple ». Il a laissé entendre qu’il s’engagera à travailler avec son équipe de l’ambassade des États-Unis et les parties prenantes haïtiennes… M. Hankis a pris fonction dans un contexte où toutes les institutions républicaines haïtiennes sont bancales, aucun élu issu des élections légitimes n’est en poste.

Le Président Joseph Biden a nommé l’ambassadeur Hankins à la tête de la mission américaine en Haïti le 19 mai 2023, sa désignation a été examinée par la Commission des relations extérieures du Sénat le 20 septembre 2023, puis confirmée par le Sénat dans son intégralité le 14 mars 2024, a fait savoir l’ambassade des États-Unis en Haïti dans un communiqué de presse.

Haïti est en proie à une peur et à une violence aveugle depuis plus d’un mois. À Port-au-Prince, c’est le règne de l’anarchie. Les bandes armées s’attaquent à des prisons, s’en prennent à des policiers. Ils pillent et incendient des institutions  privées et publiques. En conséquence, des gens continuent de fuir massivement Port-au-Prince. « Je reconnais que le peuple haïtien traverse une période difficile», a admis l’ambassadeur Hankins dans ce communiqué de presse rendu public par l’ambassade des États-Unis en Haïti le 1er avril 2024. Cependant, il croit que les Haïtiens méritent d’être représentés par des élus qui rendent compte au peuple. « Haïti mérite la paix, la sécurité et la prospérité. Je m’engage à être un humble partenaire du peuple haïtien en cette période de crise et tout au long de notre parcours commun vers un avenir marqué par la démocratie, la stabilité, la prospérité et la paix », a-t-il soutenu.

Par ailleurs, l’ambassadeur américain en Haïti a également affirmé qu’il s’est engagé à travailler avec son équipe à l’ambassade des États-Unis, avec ses collègues à Washington DC, et surtout avec les parties prenantes haïtiennes. « Pour nous assurer que nous avons appris de notre histoire commune, que nous prenons en compte les besoins et les désirs de toutes les voix en, et que les États-Unis continuent d’être un partenaire et un supporteur des efforts menés par les Haïtiens pour restaurer l’ordre démocratique, aborder la question des droits humains et garantir une Haïti plus prospère et plus stable pour le peuple haïtien », a-t-il ajouté.

Qui est le nouvel ambassadeur américain en Haïti ?

Marié et père d’un enfant, l’ambassadeur Hankins est un diplomate de carrière, membre du service des affaires étrangères des États-Unis, selon l’ambassade américaine en Haïti. « Depuis le début de sa carrière en 1984, il a servi au Brésil, en Thaïlande, au Soudan, en Haïti, en République démocratique du Congo, au Portugal, au Mozambique, en Arabie Saoudite et en Mauritanie » peut-on lire dans le communiqué rendu public par l’ambassade américaine en Haïti précisant que préalablement l’ambassadeur Hankins a occupé le poste d’ambassadeur des États-Unis en Guinée et au Mali et il a également été directeur adjoint du Bureau du maintien de la paix au sein du Bureau des organisations internationales.

Coup d’œil sur le contexte politique dans lequel l’ambassadeur Hankins est arrivé en Haïti

La dernière fois qu’il y avait eu une élection présidentielle dans le pays, cela remonte à2016. Elle avait été remportée par Jovenel Moïse. Ce dernier a été assassiné au pouvoir dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021 dans son domicile à Pèlerin 5.  Le 5 juillet 2021, soit deux jours avant son assassinat, Ariel Henry a été nommé Premier ministre d’Haïti. Et après la mort du 58e Président de la République d’Haïti, c’est lui qui allait les rênes de l’État. Depuis la date de son investiture le 20 juillet 2021 et jusqu’à 11 mars 2024, date où il annoncé qu’il était prêt à se quitter ses fonctions à la tête de la Primature, aucune élection n’a été réalisée. Et le pire, son gouvernement n’a jamais pu rétablir l’ordre et la paix dans le pays.

Au cours de son passage à la tête de la Primature, Ariel Henry a signé deux accords politiques avec certains partis politiques et certains groupes de la société civile. Le premier accord a été signé le 11 septembre 2021 avec plus d’une vingtaine de partis politiques. À travers cet accord, on avait retrouvé certains anciens opposants de Jovenel Moïse, parmi lesquels, le secteur démocratique et populaire de Me André Michel, de Marjorie Michel et de Ricard Pierre.

Le 21 décembre 2022, soit un an et quelques mois plus tard, un autre accord allait être signé entre Ariel Henry et certainsde ses alliés. Il a été clairement dit à travers cet accord que la réalisation des élections était prévue pour l’année 2023 et que le Premier ministre Ariel Henry partirait le 7 février. Mais il a voulu garder le pouvoir au lendemain du 7 février 2024. Contesté par la majorité de la population et confronté à une vague de violences, le Premier ministre Ariel Henry a annoncé sa démission à la tête du pays le 11 mars 2024 dans une vidéo en ligne alors qu’il est toujours en dehors du pays.

« Le gouvernement que je dirige ne peut rester insensible à cette situation. Comme je l’ai toujours dit, aucun sacrifice n’est trop grand pour notre patrie, Haïti », a déclaré  celui qui dirigeait le pays avec un Exécutif Monocephale depuis 3 ans. Dans son discours de démission, le neurochirurgien annonce que son gouvernement se retirera « après l’installation d’un conseil » de transition. « Je demande à tous les Haïtiens de rester calmes et de faire tout ce qu’ils peuvent pour que la paix et la stabilité reviennent aussi vite que possible ».

La volte-face de la communauté internationale sur la crise haïtienne

« Un Gouvernement de transition ne peut pas remplacer un autre Gouvernement de transition », scandait haut et fort Eric Stromayer, Chargé d’affaires américain en Haïti en signe de support au Premier ministre de l’époque Ariel Henry. Cependant, aujourd’hui, le Dr Ariel Henry en disgrâce, a été contraint de se retirer suite au violent blocus orchestré par les gangs dans le pays, l’empêchant de revenir après son voyage à Antigua-et-Barbuda, puis au Kenya pour signer un accord sur la Mission Multinationale d’appui à la sécurité. Depuis, les États-Unis ont fait volte-face, appuyant les initiatives de la CARICOM. Aujourd’hui, une transition est sur le point d’être remplacée par une transition. Et cette nouvelle transition sera appuyée par la communauté internationale qui, avant, n’était pas d’avis qu’une transition remplace une transition en Haïti.

« Nous sommes heureux d’annoncer notre engagement en faveur d’un accord de gouvernance transitoire, qui ouvre la voie à une transition pacifique du pouvoir, à la continuité de la gouvernance, à un plan d’action pour la sécurité à court terme et à la voie d’élections libres et équitables. Il cherche en outre à garantir qu’Haïti sera gouverné par l’État de droit. Cet engagement reflète des compromis difficiles entre une coalition diversifiée d’acteurs qui ont placé leur pays au-dessus de toutes les différences », peut-on lire dans la  déclaration de résultats de la CARICOM, des partenaires internationaux et des acteurs haïtiens» publiée par l’organisation lundi dernier. Eu égard à cela, certains observateurs ne cessent de se demander qu’est-ce qui a changé ? Pourquoi la communauté internationale à présent est favorable à l’idée pour qu’une transition remplace une autre dans le pays ?

Les gangs armés : les seigneurs du chaos

Depuis le 29 février 2024, date à laquelle plusieurs sous-commissariats et policiers ont été respectivement attaqués et tués, jusqu’à aujourd’hui, Port-au-Prince, la capitale du pays, est devenu un véritable champ de bataille entre les forces de l’ordre et les individus armés. Ces derniers veulent prendre d’assaut le Palais National. Les bandes armées ont attaqué, pillé et incendié des écoles, des universités et des hôpitaux. Entre le 8 et le 27 mars, plus de 53 000 personnes ont fui Port-au-Prince pour échapper à la violence des gangs qui ravagent la capitale haïtienne, a indiqué mardi 2 avril l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Haïti est en train de vivre ce chaos sur l’œil passif de la communauté internationale. La population haïtienne est livréeà elle-même. Elle est abandonnée dans son enfer. Que peut-on espérer de l’arrivée de l’ambassadeur Hankins dans le pays ? Ne revient-il pas aux dirigeants haïtiens de défendre les intérêts d’Haïti ?  

Par ailleurs, il importe de se rappeler que  les ambassades, notamment celles des États-Unis, du Canada et de la France, ont continué à évacuer leur personnel et les citoyens de leur pays, via des vols en hélicoptère depuis Port-au-Prince.

Jackson Junior RINVIL

rjacksonjunior@yahoo.fr

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