Plus de 27 000 migrants haïtiens rapatriés en République dominicaine, selon le GARR

Le Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés (GARR) dans son rapport mensuel publié le 25 juin 2024 a fait état d’un nombre élevé d’Haïtiens rapatriés en République dominicaine. Les conditions de vie des Haïtiens en situation irrégulière en République dominicaine ont atteint des niveaux alarmants de violations incessantes de leurs droits, au cours du mois de mai, 27 679 migrants haïtiens ont été rapatriés.

Ce flux migratoire massif est le résultat du climat de terreur qui règne dans le pays, plus précisément dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Pour échapper à la violence des gangs, les Haïtiens recourent à des voyages clandestins et irréguliers qui sont risqués, mettant ainsi leur vie en danger. En effet, le motif de retour en Haïti est le plus souvent le manque de papier légal pour séjourner en République dominicaine. Le GARR a également enregistré 33 602 retours volontaires et 6 841 refoulements. Ces données ont été recueillies dans le cadre d’une enquête menée par le GAAR avec l’appui financier de l’OIM (Organisation Internationale pour les Migrations), à travers les cinq communes frontalières du pays, au niveau des points officiels tels que Belladère, Anse-à-Pitres, Malpasse, Ouanaminthe et 27 autres points non officiels.

Selon le GARR, les détentions arbitraires et rapatriement en toute légalité sont récurrents, touchant même les groupes les plus vulnérables, dont les femmes enceintes, les mères allaitantes, les personnes âgées et les enfants. En effet, ces migrants sont souvent victimes de persécutions, surexploités et battus injustement. Ils se font expulser de chez eux à des heures tardives de la nuit, on les extorque et pille leurs maisons. En dépit de ces difficultés,  les Haïtiens continuent de traverser la frontière dominicaine à la recherche d’un mieux-être. En avril 2024, plus de 35 000 Haïtiens ont été rapatriés. En janvier 2023, un total de 26 916 citoyens haïtiens en provenance de la République dominicaine ont été rapatriés.

Par ailleurs, aucune décision n’a été prise en concertation avec les autorités haïtiennes pour empêcher le flux migratoire et redoubler d’efforts afin de régulariser la situation des ressortissants haïtiens en République dominicaine. Malgré ces conditions difficiles, la République dominicaine continue de rapatrier les Haïtiens, au mépris des appels à la solidarité internationale envers Haïti.

Pour les Haïtiens vivant en République dominicaine, la vie est loin d’être idyllique. Selon le GARR, beaucoup sont contraints de vivre dans la clandestinité pour éviter les arrestations par les autorités migratoires. En matière d’emploi, les citoyens haïtiens sont même privés de leur droit à une juste rémunération. Le GARR souligne également l’événement malheureux qui s’est produit le 26 mai dernier à Batey 5 dans la province du Bahoruco, où des travailleurs haïtiens ont été victimes de violence policière en terre voisine, parce qu’ils revendiquaient leur droit  à un salaire juste. En effet, plus d’une dizaine ont été blessés par balles, gazés et ont été rapatriés par la migration dominicaine. Toutefois, le GARR condamne avec la plus grande vigueur ces exactions et exhorte les autorités dominicaines à respecter les droits des ressortissants présents sur leur territoire.

Le GARR dit continuer d’apporter son assistance auprès de ces migrants en ces temps difficiles. Durant la période allant du 1^er au 31 juin, au centre d’accueil du GARR à Belladère, 897 personnes migrantes ont reçu un accompagnement soit en termes de logement, d’appui psychosocial, de sensibilisation sur les dangers de la migration irrégulière.

Marie-Alla Clerville