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Renforcer les capacités institutionnelles et opérationnelles du système judiciaire pour lutter contre le trafic de drogues, préconise l’OCNH

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En prélude à la journée internationale de lutte contre l’abus et le trafic de drogues, célébrée le 26 juin, l’Organisation des Citoyens pour une Nouvelle Haïti (OCNH) a présenté son quatrième rapport dénommé : « La gouvernance judiciaire et répression de la drogue en Haïti en temps de crise socio-politique et sécuritaire de 2014 à 2023 ». Avec près de 80% de la capitale qui est sous l’emprise des gangs armés, l’OCNH indique que la lutte contre le trafic de drogues est inefficace. Elle soutient le renforcement des capacités institutionnelles et opérationnelles du système judiciaire haïtien.

En raison de l’instabilité politique et économique chroniques, ainsi que la montée en puissance des gangs armés qui occupent près de 80 % du territoire de la capitale, Port-au-Prince, et qui bloquent les grands axes routiers, la lutte contre le trafic de drogues s’est révélée inefficace. En effet, l’OCNH souligne combien les zones défavorisées, telles que Village de Dieu et Gran Ravin situées plus précisément à Port-au-Prince, Savien, Savann Djann et Ti Bwadòm dans le département de l’Artibonite deviennent des camps de stockage de stupéfiants. Ces lieux de débarquement et de dépotage sont inaccessibles aux forces de l’ordre. Ce qui entrave les procédures judiciaires et les trafiquants restent le plus souvent impunis. En ce sens, l’organisation souligne l’importance de prendre le contrôle des zones gangstérisées en vue d’aboutir à une stratégie de lutte contre la drogue plus efficace.

Dans son rapport couvrant la période de 2014 à 2023, l’OCNH a recueilli des informations concernant le trafic de drogue dans environ six juridictions des Tribunaux de Première Instance du pays, comme Saint-Marc, Cayes, Croix-des-Bouquets, Aquin et Jérémie où plusieurs cas ont été recensés en mars 2013, septembre 2020, décembre 2022, avril, mai et décembre 2023. L’organisation de défense des droits humains révèle combien les affaires de drogue sont peu traitées et priorisées par la justice pénale haïtienne.

Selon l’enquête de l’OCNH auprès des magistrats de la chaîne pénale haïtienne, 83% ont affirmé que c’est rarement qu’ils sont arrivés à poursuivre des personnes pour des affaires de drogue au cours de cette période. La majorité des magistrats ne sont pas spécialisés en matière de la lutte contre la drogue et ne maîtrisent même pas la dernière loi y afférente.

Par ailleurs, l’OCNH constate une absence de politique anti-drogue et de système de surveillance systématique, au niveau des ports maritimes et autres points d’atterrissage, pour empêcher la rentrée de drogue en Haïti. « Depuis plusieurs années, les saisies de drogue sont insignifiantes. Il n’y a pas de partage d’informations dans ce domaine, comme c’était le cas vers les années 2014 », précise-t-elle, soulignant que les mesures de prévention sont inadéquates par rapport à l’ampleur de ce fléau.

Face à ce constat alarmant, l’organisation de défense des droits humains exhorte les autorités concernées de prendre les dispositions nécessaires en vue d’accorder non seulement une attention à la justice, mais également pour prendre en considération les dossiers liés à la drogue tenant compte du volume de trafics de drogue dans le pays. De plus, de mettre en place un parquet national anti-corruption et de créer une base de données sur la drogue, accessible aux organisations des droits humains, aux acteurs judiciaires et aux chercheurs. Toutefois, l’OCNH appelle au renforcement de la capacité institutionnelle et opérationnelle du système judiciaire en Haïti pour une prise en charge efficace des dossiers judiciaires de stupéfiants.

Marie-Alla Clerville

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