Pierre Espérance, Directeur du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), lors d’une intervention au micro de la presse ce 8 mars 2025, a plaidé pour une meilleure coordination entre les forces de sécurité nationale dans l’optique de mettre hors d’état de nuire les bandits armés. « L’utilisation des drones piégés d’explosifs dans les opérations doit être planifiée et coordonnée », estime M. Espérance.
Avec l’utilisation des drones piégés d’explosifs dans les opérations visant à traquer les bandits armés, les forces de sécurité nationale priorisent une nouvelle approche dans la lutte contre le banditisme en Haïti. « Les actions posées par les individus armés contre la population sont des actes terroristes. En ce sens, les dispositions qui seront adoptées par les forces de l’ordre doivent être proportionnelles par rapport aux actes terroristes des individus armés », soutient Pierre Espérance. « Depuis le 1ᵉʳ mars 2025, nous constatons que la peur a changé de camp. Les bandits ont peur aujourd’hui. Et pour nous, c’est une bonne chose », réjouit le Directeur Exécutif du RNDDH en affirmant que plusieurs drones piégés d’explosifs ont été lancés par la Police Nationale d’Haïti (PNH) dans la journée du 7 mars. Ces drones, dit-il, « ont été lancés en direction de Delmas 6, Bel-Air et Wharf Jérémie. À la suite du lancement de ces drones, au moins 20 personnes ont été tuées et 30 autres ont été blessées», a révélé Pierre Espérance qui souligne par ailleurs que ces personnes tuées sont des bandits. « Pour les personnes blessées, ce sont des gens qui font des antennes pour les civils armés », a-t-il ajouté.
Pour espérer un minimum de résultat avec l’utilisation des drones piégés d’explosifs, il faut qu’il y ait une bonne coordination entre les différentes forces de sécurité nationale, estime Pierre Espérance. « L’utilisation des drones piégés d’explosifs dans les opérations doit être planifiée et coordonnée. Et cela doit se faire sous le leadership de la PNH et non sous le leadership de la Primature ou du CPT », affirme le défenseur des droits humains en précisant que le lancement des drones piégés d’explosifs dans les fiefs des bandes armées doit être suivi d’opérations musclées des forces de l’ordre.
Task Force : Pierre Espérance en parle
« Le Task Force créé par le gouvernement et le CPT, en moins de 48 heures, commence à porter ses fruits. Une opération d’envergure est en cours au Bas-Delmas : plusieurs bandits ont déjà été neutralisés. Les forces de sécurité sont mobilisées, la permanence est décrétée », avait écrit le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé sur son compte X le 1ᵉʳ mars. Or, selon Pierre Espérance, cette question de Task Force ne peut être en aucun cas sous le leadership des autorités politiques parce que ces dernières pourraient l’utiliser contre des opposants.
L’ORDEDH pointe du doigt le CPT et le gouvernement
L’Ordre des Défenseurs des Droits Humains (ORDEDH) à travers une Note de presse parue le 7 mars a profité pour dénoncer « énergiquement le laxisme de l’État dans la crise » d’insécurité.
L’organisme de défense des droits humains « estime qu’il est urgent de pallier cette situation critique qui ronge le pays, afin de permettre à la population de vivre en paix». En ce sens, l’ORDEDH « réclame : 1. La reprise du contrôle des routes nationales (RN#2, RN#1, RN#3, RN#4). 2. L’amplification des interventions dans les foyers de gangs. 3. La reprise des territoires contrôlés par les gangs. 4. L’assistance aux familles délogées par les gangs. 5. La mise en mouvement de l’action publique contre les auteurs, co-auteurs, complices, receleurs et toutes les personnes dénoncées publiquement. 6. Le contrôle des frontières, des ports maritimes et des aéroports pour empêcher le trafic des armes et des munitions. 7. Le renforcement des services de renseignement et d’intelligence. 8. La mise en œuvre d’interventions policières de manière coordonnée et stratégique ».
Par ailleurs, il importe de faire remarquer que la PNH, en dépit du fait qu’elle a reçu des équipements supplémentaires, peine à neutraliser les bandits notoires qui sèment la terreur dans la région métropolitaine.
La Rédaction