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Journée internationale des droits des femmes : appel énergique pour l’égalité des sexes en Haïti

La journée internationale des droits des femmes, commémorée chaque année à la date du 8 mars, résonne comme un appel vibrant à l’action pour les droits des femmes, l’égalité et la justice. Pour l’édition 2025, le thème retenu par l’Organisation des Nations Unies (ONU)  est : « Pour toutes les femmes et les filles : droits, égalité et autonomisation ». Cette journée est l’occasion de mettre en avant les initiatives qui placent les femmes au cœur de la création ainsi que leur participation à la vie sociale, politique et économique.

Cette date symbolise une journée d’action, de sensibilisation et de mobilisation dédiée à la lutte pour les droits des femmes, à l’égalité et à la justice. À travers le monde, des rassemblements sont organisés, offrant l’occasion de faire un bilan sur la situation des femmes. Traditionnellement, les groupes et associations de femmes militantes préparent des événements pour célébrer les victoires et les acquis, mais aussi pour faire entendre leurs revendications et améliorer la situation des femmes. Cette journée est également un moment privilégié pour réfléchir, échanger et se mobiliser pour l’égalité entre les femmes et les hommes, et pour faire le point sur ce qui a été accompli et ce qui reste à faire concernant la place des femmes dans la société.

Des défis persistants : témoignages et réalités

« La Journée internationale des droits des femmes est un moment crucial pour reconnaître les luttes historiques et actuelles pour l’égalité des sexes. C’est aussi une occasion de sensibiliser aux injustices persistantes et de promouvoir des actions concrètes pour un monde plus juste », soutient Saïka Logis, Secrétaire Générale de l’organisation Success Women Haïti, soulignant que le thème de cette année rappelle que l’égalité ne doit exclure personne et que les femmes et les filles, quelle que soit leur situation, doivent avoir accès aux mêmes opportunités et droits fondamentaux.

Les femmes sont confrontées à des défis socio-économiques et politiques accrus. « Les violences basées sur le genre, notamment les agressions sexuelles, la violence domestique et l’impunité restent des problèmes graves. Les femmes ont un accès limité à l’éducation et à l’emploi. Beaucoup de filles abandonnent l’école tôt en raison de la pauvreté et des responsabilités familiales. L’accès aux emplois décents est aussi inégal. Elles sont sous-représentées dans les instances de décision, ce qui limite leur influence sur les politiques publiques. L’accès aux ressources économiques (crédit, terre, formations professionnelles) reste difficile pour elles », peine Mme Logis.

En matière de droits, d’égalité et d’autonomisation, les femmes en Haïti sont confrontées à des défis importants. Haïti dispose de moins de lois respectives et offre moins de mesures légales favorisant l’égalité des sexes et l’égalité des chances en matière d’emploi.  « La violence à l’égard des femmes et des filles augmente depuis plus de 10 ans. L’activité du banditisme n’épargne ni les femmes ni les filles dans notre société. Le traitement malsain au sein du travail en Haïti, les mariages et les grossesses précoces, le non-accès à la serviette hygiénique gratuite sont des problèmes croissants. La défaillance de l’éducation en Haïti affecte encore plus les femmes, et le taux de femmes illettrées est encore plus élevé, atteignant 63 % », déplore Lancie Marcellus, membre adhérent de l’organisation FIEF (Femmes Indépendantes, Éduquées, Féministes).

Un appel à l’action et à la solidarité

De son côté, Nadège Noël, éducatrice, entrepreneure, croit que l’éducation et la formation des femmes sont des piliers essentiels pour favoriser leur émancipation dans les sphères politique, économique et sociale, à tous les niveaux de la société, au même titre que les hommes. Dans cette optique, à l’occasion de cette journée, en collaboration avec KOJELI (Kolektif Jèn Lidè), elle a mis en place un programme de bourses de formation professionnelle destiné à 80 femmes de Cité Soleil. Ce programme est intitulé « Fanm Flanm ».

Mme Logis, pour sa part, tient à inviter les femmes et les filles à croire en leur valeur. « Éduquez-vous, dit-elle, soutenez-vous mutuellement et ne laissez personne limiter vos ambitions. Votre voix compte, et votre place est partout où vous le souhaitez. Le rendez-vous est au sommet et on ne peut baisser les bras, quelle que soit la situation ».

Toutefois, Mme Logis encourage les autorités haïtiennes à s’engager fermement en faveur de l’égalité des sexes. Elle demande qu’ils adoptent et appliquent des lois protégeant les droits des femmes, renforcent l’accès à l’éducation et assurent la sécurité des femmes dans tous les espaces. « L’avenir du pays dépend de l’émancipation de ses femmes », conclut-elle.

L’histoire du 8 mars trouve ses racines profondes dans les manifestations de femmes au début du 20ᵉ siècle en Europe et aux États-Unis. Ces femmes pionnières se sont levées pour réclamer des droits fondamentaux : l’égalité des droits, de meilleures conditions de travail et, notamment, le droit de vote. C’est en 1910, lors de la deuxième conférence internationale des femmes socialistes à Copenhague, que l’idée d’une Journée internationale des femmes a été lancée par Clara Zetkin. Après avoir été célébrée à différentes dates et sous diverses formes, la Journée internationale des femmes a été officialisée par les Nations Unies en 1977. En Haïti, cette journée a pris de l’ampleur après 1986, plus précisément avec la création du Ministère à la Condition Féminine et aux Droits des Femmes (MCFDF) le 8 novembre 1994.

Marie-Alla Clerville

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