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Sécheresse dans le Nord d’Haïti : une crise qui réduit les récoltes et augmente la misère.

La publicité ne produit pas de nourriture sur une terre sans eau. Dans le Nord d’Haïti, les paysans luttent chaque jour contre une nature en colère, où le soleil brûle les récoltes, la terre s’effrite et l’espoir devient plus rare que l’eau elle-même.

Dans plusieurs communes du Nord — telles que Plaisance, Limonade, Acul-du-Nord ou Milot — la sécheresse ne touche pas seulement l’agriculture. Elle met en danger la vie elle-même. L’eau se fait rare, les sols se durcissent, et les cultures qui devaient nourrir les familles et rapporter un revenu périssent avant même de sortir de terre.

« Nous avons semé depuis avril, mais il n’a jamais plu. Le maïs ne pousse pas, les pois ne fleurissent pas. Chaque jour, on regarde le ciel, mais il reste vide », témoigne un agriculteur de Limonade. Son cri traduit une réalité : le climat change vite, et sans avertir.

Une crise qui grandit en silence

De nombreux experts en agriculture et environnement s’accordent à dire qu’Haïti traverse l’une de ses sécheresses les plus sévères des dix dernières années. Plusieurs rivières qui servaient à irriguer les terres sont à sec, et les sources naturelles disparaissent lentement.

D’après des données locales, les précipitations tombées entre mars et juin 2025 dans le Nord sont inférieures de 45 % à la normale. Une pression énorme pèse ainsi sur les capacités de production agricole des paysans, qui manquent de moyens pour faire face.

Dans les zones rurales, beaucoup marchent plusieurs kilomètres pour trouver de l’eau. Certains ont perdu espoir et quittent les campagnes pour les villes, aggravant l’exode rural et la pression sur les zones urbaines.

Des conséquences graves sur l’agriculture et l’alimentation

La sécheresse menace toute la chaîne alimentaire locale. Les cultures telles que le maïs, les pois ou les bananes se raréfient sur les marchés, provoquant une hausse des prix sur l’ensemble du territoire.

Dans certaines régions, les pertes de récoltes sont estimées à plus de 70 %. L’élevage est aussi gravement touché : sans herbe ni eau, les porcs, chèvres et bœufs meurent les uns après les autres.

Ce ne sont pas seulement les petits producteurs qui souffrent. Toute la population fait face à une insécurité alimentaire de plus en plus grave.

Des réponses faibles des autorités

Malgré la gravité de la situation, la réponse des autorités reste timide. Aucun plan d’urgence solide ne semble mis en œuvre sur le terrain. Quelques ONG tentent d’apporter des pompes ou des citernes pour collecter l’eau de pluie, mais ces actions restent insuffisantes.

Ce qui blesse encore plus, selon plusieurs observateurs, c’est le manque de prévention. Chaque année, le même scénario se répète : sécheresse, perte de récoltes, faim, migration.

« Si nous avions un système d’irrigation fiable, une formation adaptée, et une volonté politique réelle, nous ne serions pas là », déclare un agronome basé dans le Nord.

Des pistes pour un avenir plus résilient

Cette sécheresse devrait être un signal d’alarme pour bâtir une agriculture haïtienne plus forte et plus durable. Plusieurs solutions sont connues :

Collecte de l’eau de pluie, via des réservoirs ou bassins en terre battue.

Cultures résilientes, adaptées aux zones sèches.

Irrigation raisonnée et gestion durable des ressources en eau.

Éducation au changement climatique, dès l’école et dans les communautés.

Il est temps d’inscrire les politiques agricoles dans une logique écologique, connectée aux réalités climatiques du pays.

Vivre sans eau, c’est une mort qui avance lentement

Haïti reste un pays où l’agriculture représente encore l’espoir pour la majorité de la population. Mais sans eau, pas d’agriculture. Sans agriculture, pas de nourriture. Et sans nourriture, aucun développement n’est possible.

Cette sécheresse n’est pas un simple phénomène naturel. C’est une crise structurelle qui révèle la fragilité de nos systèmes, mais qui peut aussi ouvrir la voie à un nouveau départ — vers une agriculture plus verte, plus humaine.

Parce que si la terre cesse de nourrir, les gens ne peuvent pas continuer à vivre comme si de rien n’était. Il est temps de se lever, d’agir et de semer le changement.

Olry Dubois

Agroéconomiste.

olrydubois@gmail.com

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