Attaque au Bel-Air : Pierre Esperance confirme la participation de Jimmy Cerisier alias Barbecue
4 min readBarbecue de son vrai nom Jimmy Cherisier avait effectivement pris part aux évènements qui se sont produits au quartier de Bel-Air samedi et en début de semaine. Les informations fournies par les survivants et les riverains de la zone ont été confirmées par Pierre Esperance, directeur exécutif du Réseau National de Défense des Droits Humains, hier mardi.
Les forces de l’ordre ne sont pas intervenues déplore le défenseur des droits humains. Selon lui, ces agissements de Barbecue à la tête du G9, s’inscrivent dans un plan du pouvoir en place visant à contrôler les votes des habitants lors des prochaines joutes.
Selon Pierre Esperance, l’ancien policier Jimmy Cherizier accompagné d’autres membres de la puissante fédération des gangs baptisée « G9 an Fanmi e Alye », a lancé le week-end dernier, une offensive contre des habitants du Bel-Air, notamment à la ruelle Maillart. « Depuis samedi, le G9 conduit par Barbecue a perpétré une attaque contre la population du Bel-Air », a déclaré le numéro 1 du Réseau National de Défense des Droits Humains en Haïti.
« Pas mal de maisons ont été incendiés à Maillart, plusieurs personnes ont été blessées par balles lors de cette attaque menée par les troupes de Barbecue », informe M. Esperance qui se garde, pour l’heure, d’avancer des chiffres concernant le nombre des victimes. « Nous ne sommes pas en mesure de dresser un bilan, nous n’avons pas de chiffres pour le moment », a-t-il indiqué.
Le responsable du RNDDH regrette que les forces de l’ordre n’aient pas secouru la population en dépit du fait que l’intervention de celles-ci avait été sollicitée au moment même des incidents. « Les appels à l’aide lancés par la population à la police sont restés sans réponse. Ce lundi, en début d’après-midi, les attaques se sont poursuivies », déplore Pierre Esperance qui dit assister avec tristesse des habitants de ce quartier particulièrement ceux de la ruelle Maillart qui se sont réfugiés au Champs-de-Mars où ils ont été de nouveau attaqués par des bandits.
Faisons remarquer que le quartier de Bel-Air ciblé depuis un certain temps par Barbecue est pourtant situé non loin de la base Corps d’Intervention et de Maintien d’Ordre (CIMO) à Delmas 2, à proximité de la base de Brigade d’Opération et d’intervention Départementale (BOID), au Fort National, à quelques mètres du Palais National et de la Direction Départementale de l’Ouest de la Police Nationale d’Haïti, au Champs-de-Mars.
Il est à signaler que le Bel-Air n’en est pas à sa première attaque. En effet, la longue période d’accalmie qui a suivi la fameuse opération Bagdad déclenchée en 2004, quelques mois après le départ de Jean Bertrand Aristide a été interrompue l’année dernière par un assaut similaire perpétré par Barbecue et sa bande. En effet, le bilan communiqué par le RNDDH autour des graves incidents enregistrés du 4 au 8 novembre 2019 dans ce quartier, fait état de 24 personnes décédées, 5 blessées par balles. 28 maisons, 7 voitures et 4 motocyclettes incendiées. 2 maisons au moins ont été criblées de balles.
À en croire M. Esperance qui parle de « banalisation de la vie », cet assaut s’inscrit dans une logique électoraliste de l’équipe Tèt Kale. « Celle-ci n’a qu’un objectif : contrôler les quartiers défavorisés et contrôler ainsi ces zones lors des prochaines élections », a indiqué le militant des droits humains qui révèle que Barbecue dispose d’un bureau d’inscription à Delmas 6 où il délivre des documents nécessaires à la production de la carte d’identification nationale.
S’il avait mis du temps à réagir suite aux différents massacres qui ont jalonné son mandat, le président de la République Jovenel Moise dit, dans la soirée même, condamner énergiquement ces incidents. « La PNH, à travers le PM, a déjà reçu les instructions formelles pour freiner cette escalade de violence et mettre en confiance la population plongée dans un traumatisme terrifiant », a tweeté lundi soir, le Chef de l’Etat dont les déclarations sont rarement suivies d’effets.
Le 12 août dernier, rappelons-le, le Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti (BINHU) avait, dans un communiqué de presse relatif aux violences qui s’exercent au niveau des quartiers populaires, recommandé l’arrestation des membres de gangs dont Jimmy Chérizier dit Barbecue, objet d’un mandat d’arrestation depuis février 2019. Celui-ci a été indexé dans plusieurs tueries commises à travers la zone métropolitaine de Port-au-Prince par plusieurs organismes de défense de droits humains qui ne cessent dénoncer la relation de complicité avec des dirigeants.
Marc Andris Saint-Louis