ven. Nov 22nd, 2024

Le Quotidien News

L'actualité en continue

Écrivons l’État avec un grand É

4 min read

Personne ne sait à quel saint se vouer. En Haïti, hormis les autres problèmes qui hantent la population, la peur occupe une place prépondérante dans la vie des gens. Cette peur tire sa source  de plusieurs situations, dont l’insécurité qui bat son plein dans le pays. Le plus  remarquable dans cette tragédie, c’est la fébrilité de l’État transformé en vache à lait.

L’ONU a affirmé dans son rapport que, dès la création du G9, on recense moins de morts violentes, mais plus d’enlèvements dans le pays. C’est en fait une réalité qui en dissimule d’autres comme: le G9 est plus puissant que la PNH et  a la maîtrise des actes de violences en Haïti.

En réalité, cet organisme international dit vrai en quelque sorte mais,à bien observer la situation, on pourrait tout simplement dire que le taux d’enlèvement a augmenté car, depuis la formation de ce G9 sévèrement critiqué (sauf par le pouvoir),on compte plus les cas d’enfants en bas âge assassinés par balles, les fusillades contre des personnalités réputées intègres , le nombre de gens enlevés qui sont victimes de blessures volontaires dues au feu, etc. Fort de ce constat, il  serait plus sensé de dire que l’on enregistre moins de querelles entre les gangs pour  le partage et le contrôle du territoire.

Parlant de partage du territoire par les gangs armés, le foyer central que représente Port-au-Prince a éclaté produisant de multiples foyers secondaires dans les villes de province.  Les populations qui connaissaient avant des vies sereines commencent à connaître l’enfer des Port-au-Princiens. Le kidnapping fait irruption dans leur quotidien, le concert des armes automatiques entrave leur sommeil, la violence humaine  hante leur vie. Bref, chaque zone de ce pays est contrôlée par un groupe armé. Certains gangs commencent à défrayer la chronique, d’autres attendent leur tour pour s’affirmer comme seigneurs de telle ou telle  zone.

Face à cette situation, l’État haïtien chargé pourtant de l’administration de la nation ne bouge pas, il cautionne cet état de fait. Il ne fait rien pour soulager le peuple. Il ne s’inquiète apparemment pas du rythme accéléré que prennent les kidnappings, les violences physiques et les atteintes aux biens des personnes. Le gangstérisme est pour les dirigeants une corporation légale et bénéfique. D’ailleurs, on a attribué à un ancien conseiller du chef de l’État  la paternité du G9. Nous vivons donc l’ère, du « bandit légal » puisque aucune des institutions chargées de la sécurité nationale ne fait preuve de volonté pour combattre ce fléau.

La situation s’envenime. Les agents de la PNH dévalorisés par les civils armés recourent à la répression. Le citoyen paisible est constamment l’objet de violences de la part des policiers qui les harcèlent, les tabassent, ou même les tuent avec leurs armes à feu. Il doit en outre  vivre avec la peur d’être kidnappé ou descendu à n’importe quel moment  par les militaires constitués en milices par les politiques haïtiens, en particulier par l’exécutif qui ne veut ou ne peut pas prendre ses distances avec ces gens qui  découpent le pays en petits territoires gangstérisés.

Pas de CSPN extraordinaire pour corriger la situation. Pas de nouveaux plans policiers pour contrer le danger. La PNH privée de moyens est sur la sellette. Au-delà de toutes les valeurs qu’on puisse inculquer à un jeune Haïtien, le port illégal d’une arme à feu paraît, ces derniers jours, la première des vertus. Quand on est en détention d’une arme, on est roi dans la jungle et, ce, grâce à l’État qui veut tout profaner et qui n’entend pas  stopper l’hémorragie.

Les armes viennent de l’extérieur et les dirigeants haïtiens ne peuvent les contenir. La douane est contrôlée par l’État et le chef de la nation pointe du doigt une frange de la bourgeoisie qui se livre à ce trafic d’armes à feu. Il  l’accuse aussi d’avoir organisé les gangs armés. Jovenel Moïse a fait reculer les propriétaires des  stations service, ils arrivent à faire chuter le dollar, pourquoi ne pas renforcer le système et laisser fonctionner librement chaque institution suivant sa mission? L’État s’est effondré, il faudrait des sacrifices, il faudrait empêcher le trafic d’armes, l’État est fait pour servir et non pas pour faire douter la nation, ni pour enrichir des inconscients  ou de minables ratés.

1 thought on “Écrivons l’État avec un grand É

Laisser un commentaire