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Insécurité/Haïti : quand le kidnapping terrorise les étudiants de l’Ouest

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L’expansion du phénomène kidnapping installe le doute et la peur chez certains jeunes étudiants de la capitale. En effet, c’est avec appréhension qu’ils accueillent la reprise des cours en ce mois de janvier. Un sentiment qui pourrait rendre irrégulière leur présence dans leurs universités respectives.

Le kidnapping n’a pas chômé en ce début d’année et le bilan qui s’alourdit journellement pousse certains universitaires de la capitale à accueillir la reprise des cours avec la peur au ventre. En effet, plusieurs de ces jeunes affirment revenir à l’université en appréhendant l’ambiance quotidienne de tension et de stress. Cette situation pourrait avoir des répercussions sur leurs résultats.

« Je ne sortais pas pendant les congés de décembre. J’avais donc presque oublié le stress qu’apporte la rue, cette sensation obligée d’être toujours aux abois », témoigne un étudiant. Une autre étudiante imagine son retour en classe prévue pour ce lundi : « Je vais revivre la peur de voir le jour décliner et de savoir que mes cours prendront fin à la tombée de la nuit. » Elle se souvient que parfois, elle n’attendait même pas la fin du cours pour regagner sa maison, elle assistait au premier cours et s’en allait.

Face à cette situation, plusieurs racontent le sentiment d’insécurité ressenti lors de leurs allers-retours entre l’école et chez eux, sentiment qui ne cesse de les hanter vu que l’année n’est pas encore terminée. « Je me sens ciblée. Il est vrai que les bandits ne se basent plus uniquement sur ces critères, mais je suis dans une université qui coûte et les gens ne savent rien de la façon dont elle est payée. On pourrait vite croire que ma famille est aisée », déclare une jeune étudiante. « Une moto ou une voiture aux vitres teintées sont vites suspectes à mes yeux », poursuit-elle.

Cette crainte atteint parfois un niveau inquiétant comme en témoigne une jeune fille : « Je sais qu’il est difficile qu’une jeune fille kidnappée soit libérée, sans avoir été violée, alors parfois je visualise la scène de mon propre kidnapping et je me demande ce que je pourrais faire pour me protéger. » « Je sors chaque jour avec l’idée que c’est mon dernier déplacement, parce que, si je me fais prendre un jour, mes parents n’auront pas les moyens de payer », affirme un autre. Comme le témoigne cette affirmation, certains de ces étudiants, surtout ceux qui ne vivent pas avec leurs parents, s’inquiètent surtout de la façon dont les parents supporteraient la nouvelle: « Mes parents en mourraient », déclare tristement une jeune fille. « Tant que je ne suis pas rentrée, ma mère ne sera pas en paix et s’imaginera le pire », affirme une autre.

Cette situation de crainte rend les conditions d’apprentissage difficiles puisque les esprits n’ont pas la quiétude nécessaire. C’est ce qui ressort de cette affirmation : « Parfois je vais en cours et alors je suis plus attentive à l’heure ou aux conditions du retour qu’à ce que dit le professeur ». De plus, les absences deviennent plus fréquentes. Certains affirment qu’ils ont besoin de s’assurer un retour plus ou moins sécuritaire pour se rendre à l’université et la moto devient souvent une solution. « Si je n’ai pas les moyens de m’assurer qu’un taxi-moto me dépose chez moi, je ne vais pas en cours », confesse une étudiante. Certains avouent avoir pensé plus d’une fois à abandonner les études et une partie d’entre eux déclare ne pas savoir s’ils vont pouvoir continuer dans ces conditions.

Ainsi l’université, que l’on qualifie souvent de porteuse du drapeau, subit elle aussi le joug de l’insécurité qui règne dans le pays et les jeunes, qui sont souvent considérés comme l’avenir du pays, se rendent à leurs cours en regardant par-dessus leurs épaules. À l’heure où une bonne partie de la population haïtienne cherche les moyens de laisser le pays, cette situation, si elle ne trouve pas de solution, ne manquera pas d’intensifier ce manque d’attachement au pays observé chez nos jeunes.

Ketsia Sara Despeignes

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