Le kidnapping ébranle l’unité de l’exécutif
3 min readAu niveau du gouvernement haïtien quelque chose ne va plus. L’unité qui a fait sa force depuis près de deux ans semble sur le point de partir en fumée. La décision de déteinter les vitres de certains véhicules dont des services de l’État (SE) serait à l’origine de ce malaise. Le secrétaire général du conseil des ministres, Rénald Lubérice, est à couteau tiré avec le premier ministre, Joseph Jouthe, et les bandits de leur coté opèrent comme bon leur semble.
L’annonce la semaine dernière du chef de gouvernement, Joseph Jouthe, des mesures prises pour limiter les cas de kidnapping dans le pays a défrayé la chronique. Outre les controverses qu’elles suscitent, elles semblent secouer l’exécutif jusqu’à la racine au point que le secrétaire général du conseil des ministres ait décidé publiquement de démentir le numéro deux du pouvoir en place.
Le conflit sous-jacent observé au niveau de l’exécutif semble vraiment ébranler l’unité du pouvoir. Des gens bien placés au niveau de ce régime court le risque de connaître le même sort que l’ancien ministre de la justice et de la sécurité publique (MJSP), Lucmane Délile qui avait fait les frais pour avoir menacé les supers puissants du village de Dieu. Après avoir annoncé la mesure de déteinter certains véhicules, le PM se trouve vite en difficulté.
Ce conflit répugnant est mal venu au niveau de l’opinion publique qui n’a jamais raté l’occasion de douter sur la bonne foi du pouvoir de combattre ce fléau (s’il pouvait bien sur tenant compte des accusations de complicité dont il est l’objet de la part de presque tous les secteurs de la vie nationale). Cette situation embarrassante provoquée par le pouvoir, au lieu d’arranger les choses, vient de fragiliser d’avantage cette sale image projetée par le gouvernement depuis des lustres.
Une contradiction pas tout à fait nécessaire
Personne n’est sans savoir que l’exécutif porte le chapeau de l’établissement de cette situation d’insécurité qui prévaut dans le pays. Aucune mesure n’est prise pour contrôler ce trafic d’armes qui arrivent en quantité importante sur le territoire. La PNH ne prend pas toutes les mesures pour isoler ces quartiers de non-droit. On dénonce des véhicules teintés immatriculés officiels et SE dans les actes d’enlèvements. On pointe aussi du doigt des kidnappeurs habillés en uniforme de police et de la DCPJ. Plus récemment, les noms de la CNDDR et d’une ex DG ont été cité respectivement dans la négociation avec les ravisseurs et le pilotage d’un véhicule conduisant les dominicains et l’haïtien venant juste d’obtenir leur libération. Aucune information ne confirme s’ils avaient versé de rançon ou non.
Outre cela, l’exécutif n’a jamais pris ses distances avec la fédération des gangs. En guise de démarcation, le PM, actuellement, sur un siège éjectable, les avait présenté comme ses interlocuteurs avant que la CNDDR a tacitement revendiqué ce coup de truelle magistral. Temps d’autres faits marquants comme cette lettre récemment adressée à l’EDH ont contribué à porter des points noirs au visage de l’exécutif sur le point de présenter un sombre scénario pas du tout nécessaire.
Aussi bien qu’il n’était pas nécessaire de fragiliser les autres ministres prétextant qu’ils ont approuvé la décision, il n’était pas important non plus de démentir le PM en public. Peut-être dans une logique de transparence. Mais là encore, pourquoi, ce soucis de transparence ne se manifeste pas dans le cas des notoires chefs de gang, dans les accusations portées contre le gouvernement le liant au phénomène de l’insécurité, dans le dossier du massacre Lasaline, du petrocaribe entre autres?
Daniel Sévère