Les quartiers populeux de Port-au-Prince: de zone de résidence à zone de transit
3 min readÉtablir un point de repère pour situer la transformation des quartiers populeux de la zone métropolitaine de Port-au-Prince en cercle infernal, se révèle un exercice extrêmement difficile. Cependant, depuis tantôt trois ans, avec la montée en force des groupes armés aidés par les fantômes du pays, ces zones sont devenues des espaces de transit notamment avec les multiplications des massacres civils. Les constats sont accablants.
Le premier massacre d’envergue a eu lieu à La Saline en novembre 2018. Les résidents de ce quartier ont été massacrés, les corps calcinés et/ou jetés aux cochons. Ils sont forcés de fuir leurs maisonnettes laissées en ruine. Ceux qui ont la vie sauve se sont retranchés sur la place d’Italie non loin du parlement qui fonctionnait d’alors en plein régime. Le premier massacre d’État recensé de l’ère de Jovenel Moïse identifié par la société civile.
Aucune sanction malgré que des pro-pouvoirs ont été identifiés comme des auteurs et co-auteurs de cet acte. Peut-être le déclic qui a accéléré ces tortures populaires à Cité Soleil, à Delmas 2, à Carrefour-feuille, au Bel’Air, entre autres. Les gangs se sont renforcés dans l’intervalle. Ils sont même fédérés sous les yeux complices des autorités en place. Le pays est définitivement arpenté. Le bicentenaire est devenu un axe privé, le national numéro un aussi non loin de Savien et finalement la zone de la croix des bouquets avec les 400 ‘’marozo’’. On assiste dès lors à une substitution paradoxale police/civils armés. Les policiers sans accompagnements ne valent plus rien aux yeux de ces gangs au point même qu’ils se sont faits tués en pleine opération, leurs dépouilles souillées et abandonnées entre les mains des bandits.
Simultanément, le quartier de Bel’air a vécu pas moins de trois massacres. Des personnes sont mortes asphyxiées dans leurs domiciles racontent des rescapés. Des maisons et véhicules incendiés. Des familles déplacées. On pensait avoir tout vu jusqu’à ce que Martissant ait pris le relais avec fracas.
Les chiffres en termes de femmes et enfants déplacés ont décrit parfaitement l’ampleur de la situation. La place de Fontamara, le Centre sportif de Carrefour en dit long. Le visage fantome de la troisième circonscription laisse à désirer. Pire, même la police a fui la zone comme elle a toujours resté muette à chaque instant où les civils armés s’attaquent à la population civile.
Ce qui se passe à Martissant est plus qu’inquiétante. Le pays est automatiquement fendu en deux alors que certains osent se proclamer encore dirigeants. Tout le grand sud est définitivement pris en otage. Le palais national et la primature semblent contrôler seulement leur enceinte. Du reste chaque gang occupe sa portion et, le cas échéant, essaie d’élargir leur territoire.
Les bandits ont des antennes
Dans ces quartiers banditisés, seuls les civils armés constituent l’État. Ils ont chassé les policiers et montent la garde dans les points fixes établis par la PNH. Seul le poste Saint Joseph a été récupéré, avait informé la police. Lourdement armés, ils n’ont rien à craindre. Ils aboutissent à faire mieux que l’État constitué, en l’occurrence s’organiser et contrôler leur territoire.
Les USA classent Haïti dans la liste des pays à ne pas voyager
Cette décision pourtant a suscité des remous. Les États-Unis ont maintenu Haïti au niveau quatre des pays à ne pas voyager. Entre autres causes énumérées, ils parlent de: l’insécurité, des crimes, de la pandémie entre autres.
Olry Dubois