Une énième année scolaire en passe d’être à nouveau amputée par les troubles sociopolitiques en Haïti
2 min readBien avant 2021, l’année académique 2019-2020 n’avait pas pu se dérouler normalement en raison des épisodes de pays lock déclenchés pour contraindre l’ancien Président Jovenel Moïse à démissionner.
L’année d’après, la reprise scolaire a été rapidement interrompue à cause de la pandémie Covid-19, le confinement étant le seul moyen de ralentir la propagation de la maladie pendant plusieurs mois. À cela, se sont ajoutés les débrayages des enseignants dans les écoles publiques.
La rentrée des classes s’est effectuée de manière très timide cette année, soit le 4 septembre et plus tard, le 6 octobre, dans les zones affectées par le séisme dévastateur du 14 août 2021. Le secteur éducatif est donc frappé de plein fouet par la crise sociopolitique qui secoue le pays. Une faillite bien trop évidente des institutions étatiques qui ne remplissent pas leurs missions.
Ceci engendre une insécurité galopante avec des escalades de violence un peu partout dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Cette situation est à l’origine d’une rareté de carburant dans le pays au point que toutes les activités sont à l’arrêt. Le pays est systématiquement bloqué à l’approche de cette fin d’année.
Il y a également la peur qu’éprouvent de nombreux parents qui hésitent à sortir dans la rue pour accompagner leurs enfants à l’école à cause des cas de kidnapping qui deviennent monnaie courante. Les parents se plaignent du fait que leur progéniture est contrainte de rester chez eux alors qu’ils ont remué (et continuent de remuer pour d’autres) ciel et terre pour payer l’écolage.
À force de rester chez eux, les enfants finiront par développer une espèce de désintéressement pour les activités scolaires, aux dires des spécialistes de l’éducation. Les jeunes risquent de commencer à subir de mauvaises influences et peuvent frôler la délinquance juvénile en restant à la maison.
Les heures de cours ont été cette année pour beaucoup déjà galvaudées, en raison de la crise du carburant. Les 189 jours que comporte l’année scolaire risquent de s’envoler en fumée. Dans de telles conditions, il est fort difficile de pouvoir mettre un terme à la spirale de dérives constatées au niveau du système éducatif, considérant les disparités déjà énormes qui existent entre les différents établissements scolaires du pays.
Le droit à l’éducation fait partie des besoins fondamentaux de l’être humain, comme le reconnaît la Convention internationale relative aux droits de l’enfant ratifiée par Haïti.
Mario Sylvain