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À la découverte de Rodlin Christolin, l’humoriste d’origine limbéenne

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« Je suis avant tout un comédien. C’est donc ça mon métier », s’empresse de préciser Rodlin Christolin, jeune humoriste haïtien évoluant à Paris. Détenteur d’un master en théâtre, le comédien continue de  se produire sur les scènes francophones où il déverse des vannes pour récolter des éclats de rires du public. Découvrons cet artiste aux blagues amusantes.

D’origine limbéenne, Rodlin Christolin est un jeune humoriste et comédien au talent épatant, qui évolue dans le pays de Molière depuis quelques années. L’artiste exprime un profond intérêt pour les arts de la scène, particulièrement le théâtre, très tôt dans sa jeunesse. Mais, à en croire son témoignage dans un entretien avec Ayibopost, il avait du mal à décider de son avenir. « D’ailleurs, après avoir obtenu mon diplôme, j’avais du mal à choisir entre l’écriture, le théâtre et l’activisme culturel vu que j’organisais à l’époque un festival de théâtre. J’avais aussi une passion pour la prestidigitation et comme tout étudiant finissant, je n’arrivais pas à me projeter dans l’avenir ; j’avais un perpétuel écho de ce que disaient mes parents : L’art, ça ne paye pas les courses », révèle le comédien qui, au bout du compte, a décidé de suivre son étoile. Il convient toutefois de souligner que sa rencontre avec le collectif « Grenn Pwonmennen » et le peintre Kervens Prévaris n’est pas anodine dans son orientation. C’est d’ailleurs ce dernier qui lui a suggéré d’intégrer la prestigieuse École Nationale des Arts (ENARTS).

L’art de séduire ou de convaincre par la parole a toujours fasciné Rodlin Christolin qui faisait de la bibliothèque de Georges Castera du Limbé sa deuxième demeure. Ébahi par la facilité avec laquelle l’humoriste maroco-canadien, Gad Elmaleh très connu en France pour ses spectacles, déclenche le rire, le jeune Rodlin découvre sa nouvelle passion et imagine déjà l’effet de ses blagues sur une foule en liesse.

En 2011, il quitte sa ville natale pour Port-au-Prince afin d’assister à ses cours à l’ENARTS. Deux ans plus tard, il convainc le public en jouant le sketch « Le pigeon » de Jean Kelly D’Amis, à l’occasion du trentenaire de son Alma Mater. Peu de temps après, il participe au stage pratique sur les procédés humoristiques, organisé par le partenariat du Ministère de la Culture et l’École Nationale de l’Humour du Canada.

Deux ans après l’obtention de son diplôme, il passe avec brio l’audition d’entrée à l’école du One Man show à Paris. L’occasion de perfectionner son talent et de se confronter à d’autres publics, à en croire ses propos. « Ce fut pour moi l’occasion de me former et d’acquérir plus d’expériences en jouant plus régulièrement, mais surtout de me confronter à d’autres publics », précise-t-il.  La même année, il représente avec fierté Haïti au 35e congrès du théâtre en Espagne, où il obtient une bourse d’étude pour une formation en théâtre physique et du mouvement à l’Institut Alicia Alonso de l’Université Rey Juan Carlos.

Malgré les promesses de son talent et le chemin parcouru dans le milieu de la scène, ses parents sont restés dubitatifs quant à sa capacité à pourvoir à ses besoins avec ce qu’il fait. C’est en septembre 2017, lors de son premier spectacle à Le Villate qu’il a eu la bénédiction de son père, présent parmi plus d’une centaine de spectateurs pour assister à son One man show « Tais-toi papa, Maman est là ». Il revient sur cet événement dans son échange avec le sociologue et l’animateur de bibliothèque Stephane Saintil. « Plus de deux cents personnes ont fait le déplacement ce jour-là alors que je venais juste de me lancer. Mon père qui était présent pour l’occasion m’a finalement donné sa bénédiction pour poursuivre mes rêves de comédien. Ce fut un événement majeur pour moi, car nous avons réussi à créer quelque chose à partir de rien », dit le comédien.

Rappelons que ce spectacle a été un succès grâce au concours de Johnny Moussignac en écriture, Ronaldson Sylla comme chorégraphe, et la production Solèy PaNou.

Pour Rodlin Christolin, l’humour peut être un élément déclencheur d’un changement de paradigme dans la politique, notamment par la provocation et la dérision. « Quand on tourne en ridicule le politique et qu’il écoute, cela peut faire bouger des lignes. Personne n’aime se voir tourner en ridicule sans réagir, à moins de revendiquer le ridicule comme une seconde nature, comme la plupart de nos acteurs politiques, explique l’humoriste. L’humour est en effet transgressif et parfois subversif. Il va souvent contre la norme, mais attention c’est une transgression qui vise parfois à renforcer cette norme de la vie qui nous est imposée : Vivre en société », ajoute-t-il.

Aujourd’hui, Rodlin Christolin poursuit ses rêves en France où il évolue depuis quelque temps, et continue à enchaîner les scènes francophones un peu partout. Il soulève par ailleurs la difficulté de produire des « stand-up » en Haïti, car il n’y a pas réellement cette pratique de « comedy club » dans le pays « Le peu d’humoristes que je connaisse préfère bosser sur des spectacles directement », remarque le stand-upeur. Selon lui, c’est un déficit de spectateurs qui occasionne cela. Pour pallier ce problème, par conséquent, « il faudrait créer le marché et aller à la recherche des spectateurs consommateurs ».

Source : Ayibo Post, Safety Promo

Statler LUCZAMA

Luczstadler96@gmail.com

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