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À la découverte de Sylvia Baptiste

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À sa naissance, son père ne voulait pas la reconnaître. Ainsi, durant toute son enfance, elle s’est sentie marginalisée par les autres de son âge. Gâtés par leurs parents,  les benjamins sont, dit-on souvent, les plus chéris de la famille. Cependant, tel n’était pas son cas. En dépit du traumatisme  créé par cette absence de reconnaissance, Sylvia Baptiste a pu se forger un moral de fer pour s’émanciper. Elle est à présent la PDG de Via-Event, une entreprise spécialisée dans l’organisation d’événements. Contactée par la rédaction du journal Le Quotidien News, elle parle un peu de son passé dans cette page « Être femme Haïtienne ».

Benjamine d’une fratrie de sept enfants, Sylvia Baptiste est venue  au monde le 13 août 1995, à Montagne Noire. Elevée par sa mère, elle a grandi sans la présence de son père. Elle ignorait ce que pouvait signifier avoir un père. À en croire ses mots, elle a été assujettie aux railleries pendant longtemps, partout où elle passait. Elle en a en effet porté les séquelles durant toute son adolescence. « Les autres enfants se moquaient de moi, ils me trouvaient laide et criaient ça et la Men tifi san papa, témoigne avec regret la jeune femme. De là, j’ai perdu le peu d’estime que j’avais », poursuit-elle.

Elle refoulait, se mettait à l’écart des autres pour éviter de croiser  leurs regards moqueurs. « J’avais du talent pour chanter, danser et parler en public, dit-elle, mais je préférais rester en retrait de peur que les gens ne s’en prennent à moi.» Elle croyait que son cauchemar allait prendre fin au troisième cycle. Ce n’était pourtant que le début d’un  cauchemar interminable. «Je voulais que les gens m’acceptent, j’ai tout fait pour qu’ils m’aiment. Sans succès. Même en amour, je n’étais qu’une option », ajoute la PDG de Via-Event.

Ainsi, on comprend à quel point l’absence d’un père  peut être traumatisante pour un enfant. De plus, elle a connu en 2015 l’une de ses premières mauvaises expériences. C’était à la fête des philosophes, quand elle a décidé d’interpréter un morceau de musique pour marquer l’occasion. La faute à pas de chance ! Les accords du keyboardiste n’étaient pas en rythme  avec sa voix. Un véritable gâchis ! « Vous pouvez imaginer la honte.» En effet. Mais comment a-t-elle pu surmonter ce funeste moment de sa vie ? « Cette  même année, quelqu’un m’a dit pour la première fois que j’étais belle, répond Sylvia. Depuis, j’ai commencé à croire que je suis belle. J’ai donc appris à m’accepter, à m’aimer plus que tout. Par conséquent, les autres ont fini par m’apprécier. « Plis m ap renmen tet mwen, plis fanm lan anfom, byen kanpe », se targue-t-elle avec beaucoup de fierté.

Sylvia Baptiste a fait ses études primaires à l’école Saint François Xavier et a achevé ses classes secondaires au Collège Hadassa. Elle fait actuellement une licence en Gestion des Affaires  à l’INUKA.

Sylvia a par ailleurs suivi des formations en techniques d’enquête et de sondage, à CREDESH, puis en planification et gestion d’évènements, à FARE-Haïti. Conseillère d’organisation de mariages à Bride To Be, un programme de futures mariées, elle assure la rédaction de « Parlons Mariage Ensemble ». Malgré son agenda archicomble, elle trouve quand même du temps pour le bénévolat. Elle y prend son pied.

Ainsi, Sylvia n’est plus cette jeune fille qui faisait l’objet de toutes les moqueries. Ce passé morose est loin derrière elle. Elle poursuit sa route vers le sommet, pour être ainsi un modèle de battante pour la jeunesse haïtienne.

 Statler Luczamar

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