Adieu Jovenel Moise!

Les funérailles de l’ex-président haïtien, Jovenel Moise, se sont déroulées dans la ville du Cap-Haitien, dans le Nord, le 23 juillet 2021. En présence de sa famille, des autorités gouvernementales, de plusieurs personnalités de la communauté internationale, de certains membres de l’opposition dont, l’ancien Sénateur, Moise Jean-Charles, le dernier adieu a été dit au président dans une ville particulièrement agitée.

En guise de l’heure initialement prévue, la dépouille du feu président est arrivé aux environ de 7 heures 30, dans un minibus. Le cercueil drapé du bicolore national, les funérailles du 58ème président de la République, Jovenel Moise, ont été chantées, le vendredi  23 juillet, sur la propriété privée de son père, à Madeline, au Cap-Haitien, dans un contexte de grande agitation. 
Sa famille, les autorités du gouvernement, plusieurs personnalités étrangères dont l’ambassadeur des États-Unis à l’ONU, l’ambassadrice américaine en Haïti, l’envoyé spécial américain en Haïti, parmi d’autres, ont assisté à la cérémonie funeste de M. Jovenel Moise. Le leader de Pitit Desalin ainsi que d’autres personnalités de la société ont constitué les participants aux obsèques du dernier président élu d’Haïti assassiné dans des conditions troublantes et révoltantes.

L’ancien chef de l’Etat a reçu des honneurs militaires. Aucun des anciens présidents encore vivants, de l’ère dite démocratique haïtien, n’ont pris part aux funérailles.

Discours du  célébrant principal

Dans son homélie de circonstance, le célébrant principal, Robes Cyriane Charles, curé de la Paroisse St-Clé, de Fort Lauderdale, à Miami, Floride, a indiqué que “Bâtir une nation pouvant garantir la protection des vies et des biens des citoyens, tel a été le but séculaire poursuivi par les dirigeants du pays qui se sont succédé au pouvoir”. Le révérend n’a pas semblé tenir compte des critiques dont le défunt fut l’objet pour avoir administré catastrophiquement la nation. ‘’On a assassiné Jovenel Moise, mais il restera vivant dans le cœur des haïtiens, consternés, inquiétés et troublés par ce décès tragique qui rend hypothétique l’avenir du pays. Il n’y a pas lieu de se réjouir de la mort de son semblable’’, a martelé l’homme d’église, ajoutant que le choix de la tuerie comme profession dépasse l’entendement.

Un président trahi et abandonné, selon les membres de sa famille

La famille présidentielle ne réclame pas vengeance, mais justice pour l’ex-président assassiné pour ses idéaux, selon les membres sa famille qui ont pris la parole en l’occasion. Ils déclarent tous que le président de la République a été trahi.
Marielle Moïse, la sœur du défunt, n’a pas pu se contenir devant la tristesse épouvantable qu’a engendrée l’assassinat brutal de l’ancien locataire du palais national. ‘’Mon frère était un homme sincère et honnête. Il refusait d’accepter des propositions indécentes. Et cela lui a coûté sa vie. Je me sens très fière de mon frère parce qu’il a pu tenir la tête haute. J’espère que son nom sera écrit dans l’histoire avec de l’encre indélébile’’, a-t-elle lâché, tout en pleurant l’assassinat brutal de son frère.

Entre hymnes  présidentiels et national, Joverlin  Moïse, fils du défunt a, lui aussi prononcé son discours de circonstance pour non-seulement camper la  personnalité de son père mais aussi pour déplorer le fait que le chef de l’Etat ait été abandonné. ‘’ Papa m se yon moun ki te ranpli ak lanmou, menm lè li t ap viv nan mitan mechan. Li t ap preche tèt ansanm menm si l tap viv nan mitan trèt. Papa m te toujou vle ede. Se te Yon bon moun menm lè yo te konn vle fè kwè l se yon mechan,yon dyab’’, a indiqué le fils de l’ancien élu du PHTK qui n’a pas manqué de souligner, plus loin, que son père a été assassiné pour ses idéaux, citant notamment la question des infrastructures et de l’électricité.

L’épouse du défunt n’a pas caché sa colère et son amertume suite à ce crime qui a coûté la vie à son époux, le père de ses enfants. ‘’Si loyal envers eux, tu as été abandonné et trahi. Ton assassinat a mis à nu leur laideur, leur haine et leur lâcheté. Ton plus grand péché a été d’aimer ton pays, de défendre les plus faibles, les plus vulnérables, les opprimés contre l’avarice des uns et la cupidité des autres ‘’, a-t-elle fulminé du haut du podium.

L’ancienne première dame appelle la population à faire front commun contre les assassins dans le pays. Ces derniers n’ont, selon elle, recours qu’à la violence pour parvenir à leur fin. ‘’ Les rapaces courent encore les rues, leurs griffes ensanglantées à la recherche de proies. Ils ne se cachent même pas. Ils sont là à nous regarder et à nous écouter, espérant nous faire peur. Leur Soif de sang n’est pas encore étanchée. Mais Jovenel nous a ouvert les yeux », a martelé la veuve de l’ex président avant de réclamer justice en sa faveur.

L’ex président Michel Joseph Martelly, qui l’avait désigné et soutenu pour accéder à la magistrature suprême de l’Etat, n’a pas effectué le déplacement pour l’occasion. Il figurait donc parmi les notoires absents. Toutefois, via son compte Twitter, l’ancien chef de l’Etat a écrit :  » Repose en paix mon frère. Encore meurtri par ton départ prématuré, sagesse et convenance personnelle, j’ai dû renoncer au devoir de t’accompagner dignement jusquvvv’à ta dernière demeure. Tu es parti avant nous. Tu resteras parmi nous #JistispouJovenel ».

Mario Sylvain