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Alice Garoute ,militante pour le droit de vote des Haïtiennes !

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Féministe, suffragette, activiste et militante sociale, Alice est l’une des premières femmes haïtiennes se réclamant du féminisme. Membre fondatrice de la première organisation féministe haïtienne, elle a été l’une des premières à lutter pour l’égalité des genres et surtout pour le droit de suffrage des femmes en Haïti. Grâce à son combat, les femmes haïtiennes de partout peuvent entrer dans les bureaux de vote et sont éligibles à n’importe quel poste !

Née Alice Thézan, en 1874, dans la deuxième ville du pays, elle était la fille de la grande Pauline Brice ; une femme intelligente, audacieuse, et une opposante de taille au gouvernement de Salnave. Après l’implication de sa mère dans certaines affaires politiques assez délicates, elles ont été contraintes de quitter en urgence le pays, au lendemain de la guerre civile de 1882. Elles se sont réfugiées à Kingston, en Jamaïque, où elles sont restées pendant cinq ans.

De retour en Haïti, Alice s’est mariée et a eu deux enfants qui sont tous deux morts en bas âge.  On ne connait pas la nature de la mort de ses enfants, ni la raison de la brièveté de son mariage ; on sait uniquement qu’à la fin du 19e siècle, la jeune capoise s’est remariée avec Auguste Garoute, un jérémien veuf et père de plusieurs jeunes enfants, avec lequel elle s’est installée à Jérémie.

Très jeune, alors qu’elle était en Jamaïque, Alice prenait plaisir à  organiser des débats passionnés avec sa mère sur la politique, les inégalités sociales et la marginalisation des femmes, en Haïti et à travers le monde. Elle aimait écouter et apprendre ; dans ses veines coulaient déjà le sang d’une activiste prête à tout pour changer les choses. Jeune femme intelligente et pleine de courage, Alice se démenait assez bien entre la gestion d’un foyer rempli d’enfants et son implication dans les nombreuses activités d’ordre social de la ville de Jérémie.

À  début du 20e siècle, Alice et Thérèse Hudicourt ont pris l’initiative de fonder un club de lecture qui profitera plus précisément à l’élite des femmes instruites. Ce prestigieux club littéraire était comme un cercle mondain. Elles lisaient, particulièrement, des romans et des écrits politiques en français et en anglais. Alice et les membres du club organisaient régulièrement des réunions littéraires, des conférences, des débats, et certaines fois des excursions et des bals. Ces femmes se questionnaient sur leur existence et leur rôle au sein de la communauté, échangeaient des réflexions d’inspiration féministe et marxiste et relevaient les différences perpétuelles existant entre un homme et une femme dans la société haïtienne.

En 1915, alors que l’occupation américaine d’Haïti s’installait confortablement dans la vie quotidienne, il y eut une augmentation notable des cas d’agression sexuelle sur mineurs et sur les femmes. Alice faisait alors partie des membres organisateurs de l’Union Patriotique, une organisation haïtienne d’action sociale. Elles  collectèrent des fonds afin d’envoyer une délégation à Washington, en 1921, pour exiger le contrôle de l’armée américaine. Cette démarche fut sans succès, cependant les militantes eurent une réunion avec le ‘’WED Du Bois’’ et The National Association for the ‘’Advancement of colored’’ qui vinrent en Haïti pour une mission d’enquête.

À la fin de l’occupation américaine, Alice Garoute accompagnée de Madeleine Sylvain et d’autres femmes fondèrent La Ligue Féminine d’Action Sociale, le 3 mars 1934. La première organisation féministe haïtienne, dont elle  fut  présidente de 1945 jusqu’à sa mort en 1950, avait pour but de faire entendre “La Voix des Femmes”, de lutter pour une scolarisation intégrale de qualité et sans condition des filles et des femmes à travers tout le pays, quelle que soit leur appartenance sociale, pour l’égalité salariale entre les hommes et les femmes, et surtout pour l’obtention du droit de vote pour les femmes.

Alice Garoute s’est dépensée corps et âme dans la lutte pour le droit de vote des femmes et contre les discriminations dans la vie politique et sociale en Haïti. Elle a consacré sa vie et son temps à se battre et à exiger la participation active des femmes dans toutes les sphères de la vie nationale. Voter, c’est avoir du pouvoir sur le futur et décider comment on le veut ! En privant les femmes du droit de vote, on les prive de leurs droits civiques et de leurs droits de prendre des décisions adultes et responsables. En d’autres termes, c’est infantiliser les femmes !

Cette figure marquante du féminisme haïtien a apporté une contribution marquante à l’inscription des droits de vote et d’éligibilité pour les femmes haïtiennes dans la Constitution de 1950. Elle a participé à l’organisation du premier Congrès national des femmes, du 10 au 14 avril 1950, malgré sa santé fragile. Et elle est morte le 30 octobre 1950 de cause naturelle. Sur son lit de mort, sachant qu’elle n’aurait pas la chance de voir les femmes exercer leurs droits de citoyennes, elle a formulé le vœu quelques heures avant de passer de vie à trépas : « Nous aurons la victoire…Je désire que le jour où les femmes voteront pour la première fois, une délégation vienne déposer des fleurs sur ma tombe». Confiante et satisfaite, Alice est partie vers d’autres cieux et son œuvre nous est restée !

Leyla Bath-Schéba Pierre Louis

Pleyla78@gmail.com

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