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Assassinat d’Yvon Buissereth, un cas de plus qui illustre malheureusement la banalisation de la violence et de la cruauté extrême au détriment de la vie humaine

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Crime sur crime. Voilà ce à quoi se résume un peu le quotidien du peuple haïtien ces derniers jours. N’importe qui peut être victime de la machine infernale de l’insécurité comme cela a été le cas pour l’ancien Sénateur du département du Sud, Yvon Buissereth, assassiné puis  brûlé vif dans son véhicule à Laboule par des gangs armés le 6 août 2022. À côté  des nombreux massacres perpétrés par les bandits armés, cet acte crapuleux tend à montrer combien, une fois de plus, le droit à la vie est complètement bafoué en Haïti.

En Haïti, particulièrement dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince, il est rare de voir passer une semaine sans qu’il n’y ait un cas d’assassinat ou un cas de kidnapping. En dépit de cela, il est reproché à certaines personnalités politiques et économiques vivant en Haïti de ne pas se sentir concernées par l’insécurité causant tant de peine et de désespoir dans le pays. Selon le Directeur Exécutif de l’Ordre des Défenseurs des Droits Humains (ORDEDH), Me Darbenzky Michaelange GILBERT, lors d’une interview accordée au journal Le Quotidien News, l’assassinat de l’ancien Sénateur du département du Sud, Yvon Buissereth s’inscrit dans le cadre de l’insécurité généralisée existant dans le pays.

L’homme de loi pointe du doigt un ensemble de personnes qui font partie du gouvernement, occupées à faire leur beurre sans se soucier du problème de l’insécurité qui sème le deuil dans le pays. « Elles sont nombreuses les personnes dans le domaine des d’affaires et dans les institutions étatiques qui pensent qu’un véhicule blindé peut résoudre le problème de l’insécurité », explique-t-il. « Aujourd’hui, il y a une leçon à tirer. Si ceux qui sont au plus haut niveau de l’État ne mettent pas en place un système de sécurité fiable dans le pays, tout le monde risque d’être victime de l’insécurité », a expliqué  Me GILBERT.

De son côté Me Jemps Deralus, membre du Collectif Défenseur Plus, tient à condamner fermement cet assassinat car selon lui, le droit à la vie est sacré. « Nous condamnons fermement cet assassinat. Nous exigeons que la lumière soit faite autour de cet assassinat», réclame-t-il en soulignant que la crise de l’insécurité persiste en Haïti parce que les acteurs concernés (les autorités établies, les partis politiques et certains groupes de la société) ne font pas suffisamment preuve d’efforts pour l’éradiquer.

Le droit à la vie continue d’être bafoué et la banalisation de la vie humaine, d’être normalisée, au même titre les réactions de sympathies, de condoléances ou autres à l’égard des victimes. L’assassinat de l’ancien Sénateur est un cas de plus parmi les nombreux actes crapuleux qui sont commis. Avec ordre  sécuritaire qui n’est pas encore rétabli, ne devrait-on pas être sceptique pour la suite ? Pour une fois, les autorités ne devraient elles pas passer de la parole aux actes pour juguler au maximum le problème de l’insécurité ?

Pluie d’hommages suite à l’assassinat de l’ancien Sénateur Yvon Buissereth.

Assassiné, par des gangs armés à Laboule le 6 août 2022, l’ancien Sénateur Yvon Bissereth a connu une mort tragique et prématurée. L’actuel DG de l’EPPLS était à bord de sa voiture en compagnie d’une autre personne au moment où il a été tué et brûlé vif. Face à cet acte, il y a eu une pluie de réactions au sein de la classe politique haïtienne.

« Je condamne avec vigueur et sans réserve l’acte barbare perpétré […] par des gangs armés de Laboule à l’encontre du directeur général de l’EPPLS, Yvon Buissereth, ancien Sénateur de la République», lit-on sur le compte twitter du Premier Ministre Ariel Henry. De son côté, le Président du Sénat de la République, Joseph Lambert, estime que l’assassinat du Sénateur est un acte révoltant.  Alors que pour l’ancien Sénateur du Nord, Moïse Jean Charles, c’est inacceptable ce qui s’est passé à Laboule dans un pays où il y a un État.

Résoudre le problème de l’insécurité

La crise de l’insécurité dans laquelle se trouve le pays est politique, pense plus d’un. À cet effet, seule une décision politique permettra de la résoudre, selon Me Darbenzky Michaelange GILBERT. « […] Pour éradiquer le phénomène de l’insécurité en Haïti, il faut qu’il y ait un consensus politique entre les secteurs». « Il faut par la suite mettre des moyens à la disposition de la Police Nationale d’Haïti afin d’assurer la sécurité de la population », dit-il.

« Marchons pour la vie » et ses solutions pour résoudre le problème de l’insécurité

Pour cette structure :

« i) Les quartiers, zones, régions et départements doivent s’organiser avec l’aide des notables et autorités de confiance et de bonne réputation capables de contrecarrer les bandits ;

ii) Le Gouvernement doit créer un Conseil supérieur de la police nationale (CSPN) spécial pour présenter la situation à la population et déclarer l’état de siège afin que les actions de la police et des autorités puissent être encadrées par le droit international des droits de l’Homme (voir l’article 4 du Pacte international se rapportant aux droits civils et politiques auquel l’État haïtien est partie) ;

iii) Le secteur privé doit prendre position sur la crise et faire des dons pour renforcer la police ;

vi) Le Gouvernement canadien doit honorer ses engagements en livrant les 12 millions de dollars américains de matériels et équipements de sécurité ;

v) La société civile doit surveiller l’utilisation des matériels et moyens mis à la disposition de la police et exiger le veting de la police», lit-on dans une note rendue publique par l’organisation « Marchons pour la vie».

Jackson Junior Rinvil

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