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Au nom de la Démocratie!

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Haïti patauge dans une crise sociopolitique depuis trente-six ans. La nation haïtienne a vu se succéder au pouvoir quantité de Présidents, de Sénateurs, de Députés. Ce pays a réalisé plusieurs compétitions électorales. Mais en réalité, il demeure coincé dans une crise qui n’en finit pas.

Ce choix en faveur de la démocratie en 1987 ne nous a pas porté bonheur. De tout ce que signifie ce régime politique, on n’a adopté que le terme. On ne respecte pas les lois, la liberté d’expression, la tolérance mutuelle, encore moins la loi de la majorité. Nous avons fait une mauvaise application de ce qu’est réellement la Démocratie. À part d’utiliser le vocable, on n’a rien fait de plus.

On est allé peut-être trop vite. Ou, on s’est laissé emporter par les émotions. Peut-être aussi qu’on a voulu exclure certaines catégories sociales. Mais, quoi qu’il en soit, on est passé outre cette révolution politique qui devait nous faire oublier les 26 ans du règne des Duvalier. Nous faisons pire que ces despotes. En voulant ou en prétextant changer de régime politique, nous avons choisi l’anarchie au nom de la démocratie.

Depuis deux ans cinq mois, la crise haïtienne a pris une nouvelle dimension. Les politiques décident sciemment de pourrir la vie de la population. Pour satisfaire leur agenda politique, ils ne se fixent aucune limite. Tout pour eux et par eux. Même le fait de provoquer des massacres civils sans précédents. Tout se joue par la force des armes. La militance d’autrefois fait place au gangstérisme. Tout ça,  au nom du pluralisme. Au nom de la parole libérée. Bref, au nom de la démocratie.

Cette semaine, la CARICOM n’a pas réussi pour une troisième fois, à amener les adversaires politiques à une entente. Aucun des groupes n’a décidé de faire des concessions. Chacun demeure sur sa position parce que la démocratie, soit-disant, le veut. Bien sûr, ils ont raison puisqu’en démocratie chacun peut avoir son opinion sur un sujet. Les membres du pouvoir  actuel, inconstitutionnels de leur état ainsi que leurs alliés ne veulent pas bouger. L’opposition également. Ils ne voient que leur droit d’avoir des opinions controversées sans faire cas du principe fondamental qui fait la force de ce régime politique. La loi de la majorité. De plus, ils ne montrent aucune empathie à l’égard du peuple qui croupit dans la misère, le désespoir,  la peur et la faim.

Autre chose, chacun des groupes se donne le droit de parler au nom du peuple. Dans ces parodies de dialogue, ils se présentent comme les porte-paroles des opprimés. Les représentants des Haïtiens. Pourtant, aucun d’eux n’est légitime. Aucun d’eux n’a reçu un quelconque mandat du peuple souverain. Donc, au nom de la démocratie, ils se donnent unilatéralement ce mandat. Ce mandat qui fait souffrir la nation. Ce mandat de rester indifférent pendant que la nation se meure.

Au nom de la démocratie, fermons les yeux sur les crimes inhumains perpétrés au quotidien. Ignorons la grande menace de famine qui pend sur la tête de la nation comme une épée de Damoclès. Au nom de la démocratie renforçons les gangs en tergiversant sans arrêt. Au nom de la démocratie exigeons tout pour soi sans vouloir faire de concession. Au nom de la démocratie continuons à nous entretuer. Préparons-nous à une nouvelle année de crimes, de mauvaises combines. Continuez de trinquer à la misère, au sous-développement,  au déficit d’éducation et à la lâcheté du peuple. Tôt ou tard, vous en subirez les conséquences. 

Daniel SÉVÈRE 

danielsevere1984@gmail.com

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