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Cambriolage au Palais de justice de Port-au-Prince : le laxisme des autorités judiciaires dénoncé

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 Le Palais de Justice de Port-au-Prince a été cambriolé dans la nuit du 10 au 11 mai 2022 et ceci pour une énième fois. Des bureaux de certains juges d’instruction ont  été vandalisés et des dossiers  auraient été portés disparus. Dans une interview accordée au journal Le Quotidien News, le président de l’Association Nationale des Magistrats Haïtiens (ANAMAH), Jean Wilner Morin, qualifie cet acte de « fait divers » et dénonce les sanctions qui n’ont jamais été prises contre les auteurs.

Le système judiciaire haïtien, selon l’avis de plus d’un, marche de pair avec des scandales relatifs soit à la corruption, soit aux actes de vandalisme et de cambriolage. Il est difficile de passer plusieurs mois sans entendre parler de l’un ou l’autre de ces scandales en question. Le dernier en date est celui ayant rapport au Palais de Justice de Port-au-Prince qui, une fois de plus, a été cambriolé dans la nuit du 10 au 11 mai 2022. Actes  de vandalisme de plusieurs bureaux de certains juges d’instruction, comme celui du magistrat Jean Wilner Morin, de Ramoncite Accimé et Anie Fignolé. Les greffes du parquet et le bureau des femmes juges ont, eux aussi, été saccagés par les cambrioleurs. Et des dossiers auraient disparu.

Cet acte de cambriolage ne laisse pas indifférent le magistrat Jean Wilner Morin, qui, sans langue de bois, pointe du doigt l’irresponsabilité des autorités du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ) et celle du Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique (MJSP) dans ce qui s’est passé au Palais de justice de Port-au-Prince. « […] C’est tout simplement un fait divers dans le sens que cela ne date pas d’aujourd’hui que les individus cambriolent les tribunaux», explique l’homme de loi lors d’une interview accordée au journal Le Quotidien News.

M. Morin souligne que « le tribunal  a été cambriolé à maintes reprises et les autorités, tant au niveau du CSPJ  que du Ministère de la Justice, n’ont rien dit».  «Elles ne se sentent pas concernées par ce qui se passe au niveau du tribunal de la plus grande juridiction du pays», poursuit le président de l’Association Nationale des Magistrats Haïtiens (ANAMAH). « C’est un fait divers parce qu’il n’y a pas de  recherche de coupables et donc absence des sanctions», martèle-t-il.

Logé à l’entrée sud de Port-au-Prince, au niveau du Bicentenaire, le Palais de Justice ne se trouve pas dans un lieu où l’on pourrait circuler en toute tranquillité d’esprit car ce quartier est contrôlé par des gangs armés qui, presque tous les jours, sèment la terreur. De cela, le magistrat Jean Wilner Morin, et ce, à titre du président de l’ANAMAH, en était conscient. « Nous avons demandé à ce que le tribunal soit délogé, mais personne n’a jamais fait cas de notre requête et voilà qu’aujourd’hui nous en sommes à une vingtaine de cambriolages. La DCPJ (NDLR : Direction Centrale de la Police Judiciaire) avait déjà réalisé une enquête. Et le rapport d’enquête est dans le tiroir de la DCPJ», a-t-il déclaré. Eu égard à son bureau qui a été vandalisé, M. Morin a fait savoir qu’il n’y a jamais mis les pieds depuis trois ans.

Selon Me Arnel Rémy, coordonnateur général du Collectif des Avocats Pour la Défense des Droits de l’Homme (CADDHO), il s’agit d’un cambriolage au plus haut niveau. « Auparavant, les cambrioleurs avaient l’habitude de cambrioler seulement les greffes du parquet et les cabinets d’instruction. Dans le cambriolage qui a eu lieu au Palais de justice dans la nuit du 10 au 11 mai 2022, non seulement ils ont dérobé le bureau du commissaire mais aussi les bureaux de cinq juges d’instruction […]», a déclaré M. Rémy lors d’une interview avec le journal Le Quotidien News, soulignant que les actes de cambriolage ne font qu’affaiblir la justice haïtienne.

 « Le cambriolage du Palais de justice de Port-au-Prince ne fait pas honneur à notre appareil judiciaire», poursuit le défenseur des droits de l’Homme tout en demandant à la population de se mettre debout pour défendre son droit et éviter qu’on traite en parent pauvre le système judiciaire haïtien.

 Pour le professeur James Boyard, le cambriolage répété des tribunaux a un impact jugé négatif en ce qui concerne la souveraineté juridictionnelle du pays. « Le cambriolage répété de nos tribunaux, la détention préventive prolongée […] et les scandales de corruption au sein de la magistrature sont autant de faits qui ne plaident pas en faveur du respect de la souveraineté juridictionnelle haïtienne», écrit l’auteur du livre intitulé « Le procès de l’insécurité : Problèmes, Méthodes et Stratégies» sur son compte twitter.

Jackson Junior Rinvil

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