Des patrouilles policières attaquées, Joseph Jouthe devient revanchard
3 min readSans se rendre compte, le premier ministre, Joseph Jouthe, a fait repenser à son ancien ministre de la Justice, Lucmane Délile. Le jeudi 3 décembre 2020, plusieurs agents de police ont été attaqués par les civils armés qui opèrent en toute quiétude dans la capitale haïtienne. Révolté, le PM a promis une réaction musclée aux bandits dans les heures à venir. Une déclaration qui enflamme déjà la colère des organisations de droit de l’homme et des politiques de l’opposition.
Il a fallu ces attaques contre les policiers pour que l’exécutif parvient à la conclusion que le vase était déjà trop rempli. En effet, les civils armés ont attaqué dans la journée du 3 décembre 2020 une patrouille policière de l’unité SWAT dans les parages du village de Dieu au bicentenaire. En la même occasion, ils ont porté des coups contre la police administrative au niveau de Delmas et le commissariat de Grand-Ravine. Sur le coup, le chef du gouvernement a fait des déclarations de guerre aux hommes armés ayant pris pour cible les policiers.
La population semble aux yeux des dirigeants haïtien, n’avoir aucune valeur. Sans relâche elle n’arrête pas de tirer la sonnette d’alarme pour signifier à l’état haïtien qu’elle n’en peut plus des exactions des civils armés qui font de son quotidien un enfer. Confortables, bien bercés, les dirigeants de l’État ignoraient sans cesse le cri d’alarme de toutes les couches de la société. Après avoir attaqué dans une seule journée deux bases et une patrouille policière, le chef du CSPN semble finalement prendre conscience de ce qui se passe réellement dans le pays.
Inactif face au pourrissement de la situation, l’exécutif veut (s’il est réellement sincère) passer à l’offensive. Pas parce que la vie de l’institution est menacée mais parce que cette attaque est une menace importante pour la sureté de l’état. Le PM n’a pas donné la raison qui la révolte autant, néanmoins, il met au parfum les bandits qu’il va contre-attaquer avec fermeté. Il fera la revanche même si la population est très exposée. M. Jouthe ne fait pas cas de ce qu’on dit de lui, il veut mettre fin à la récréation.
» À la guerre comme à la guerre », cri le PM qui invite la population de ces zones ciblées à faire preuve de prudence pour ne pas s’exposer dans le champ des tirs. La Police réagira, précise le numéro un du CSPN, et il ne veut pas qu’il y ait de dommages collatéraux. Un discours qui s’apparente à celui prononcé par l’ancien garde des sceaux de la république, Lucmane Delile qui avait lancé un ultimatum aux habitants de village de Dieu de quitter la zone. Si cette intervention n’ait lieu jusqu’à date, est-ce que le locataire de la primature va lui aussi connaitre une pareille mésaventure ?
Notons dans la foulée que durant tout le règne de Jovenel Moïse, il n’a pas montré de fermeté vis-à-vis des civils armés. Joseph Jouthe a toujours déclaré la guerre à ces gangs que toutes les couches de la société attribuent à l’exécutif. En attendant la suite, le pouvoir se lance dans un périlleux exercice. Celui de confirmer à la nation qu’il n’est pas de connivence aux bandits.
Daniel Sévère