Deux ans pour Frantz Elbé à la tête de la PNH : quel bilan ?
4 min read21 octobre 2021-21 octobre 2023, cela fait deux ans depuis que Frantz Elbe a pris les rênes de la Police Nationale d’Haïti (PNH) avec pour mission, entre autres, de permettre aux gens de vaquer librement à leurs occupations et en toute quiétude. En dépit des efforts déployés, ce sont de paisibles citoyens qui sont souvent contraints de quitter leurs maisons pour échapper à la violence des bandits armés. Pour le Directeur Général a.i de la PNH, son institution ne pourra pas à elle seule endiguer l’insécurité.
L’année 2023 est en passe de devenir l’une des années les plus sanglantes de l’histoire d’Haïti. Rien qu’entre janvier et août 2023, plus de 2400 morts ont été recensés dans le pays selon un rapport de l’ONU. À partir du mois d’août 2023, le pays a connu une nouvelle escalade de violences perpétrés par les différents groupes de gangs armés qui sévissent dans la zone métropolitaine et ailleurs. Carrefour-Feuilles, Savien, Solino, Croix-des-bouquets, Canaan, La Croix Périsse, Mirebalais, Saut d’Eau, tous ces lieux ont été le théâtre de la violence des gangs. Plusieurs commissariats et sous-commissariats ont été aussi brûlés par ces malfrats qui sèment la terreur dans le pays, mettant encore plus à mal les capacités opérationnelles de la PNH.
C’est dans ce contexte que l’actuel Directeur a.i de la Police Nationale d’Haïti, Frantz Elbé, a célébré ses deux ans à la tête de l’institution policière le 21 octobre dernier. Installé il y a exactement deux ans en remplacement de Léon Charles, M. Elbé a hérité d’une situation sécuritaire délétère. Dans son discours d’installation, le nouveau directeur avait indiqué avoir eu connaissance de l’insécurité croissante dans le pays, et avait promis de faire de son mieux pour parvenir à une solution. « Nous allons renforcer les dispositifs de sécurité à travers tout le pays, spécialement dans la zone métropolitaine en vue de […] permettre à la population de vaquer paisiblement, en toute quiétude à ses occupations », avait-il promis.
Deux ans après, les faits semblent contredire les promesses faites par le Directeur Général a.i lors de son installation. La population, dans certaines zones, vaque certes à ses activités, mais avec une inquiétude grandissante. La situation sécuritaire n’a pas connu de modifications significatives depuis l’arrivée de M. Frantz Elbé à la tête de l’institution, si l’on croit les chiffres publiés par les différentes institutions nationales et internationales. Après avoir connu une légère baisse en 2022, les cas de kidnapping ont fait un bond en 2023. Selon deux rapports de l’ONU en 2023, 2 441 cas de kidnapping ont été enregistrés entre janvier 2022 et juin 2023, et plus de 700 cas entre le 1er juillet et le 30 septembre 2023. Des chiffres en nette augmentation par rapport aux 1 805 cas recensés entre janvier 2020 et décembre 2021, selon des chiffres publiés par le Centre d’Analyse et de Recherche en Droits Humains (CARDH).
Côté homicides, la situation est aussi alarmante. Entre janvier 2022 et août 2023, plus de 4 500 morts ont été enregistrés en Haïti, contre près de 3 000 entre janvier 2020 et décembre 2021. Même les policiers ne sont pas épargnés par l’insécurité chronique que connaît le pays.
Encore plus qu’avant, la Police Nationale d’Haïti manifeste une impuissance inquiétante quant à sa capacité de combattre l’insécurité. Selon le Coordonnateur du Syndicat National des Policiers Haïtiens (SYNAPOHA), Lionel Lazarre, intervenant sur les ondes d’une station de la capitale haïtienne (RSF), « aucune opération n’a été réalisée par la PNH depuis l’arrivée de Frantz Elbé. Seules quelques interventions ont été entreprises ». Face à cette situation, plus d’un se questionne sur ce que fait réellement le directeur à la tête de l’institution ; certains allant jusqu’à parler même de « faillite » de l’institution policière quant à sa mission.
L’intéressé, au cours de la présentation du bilan de la Police Nationale d’Haïti, a précisé que l’insécurité est le fruit de beaucoup de facteurs, laissant donc entendre que la situation sécuritaire ne pourra pas s’améliorer par le seul travail de son institution. Entre-temps, la population continue à espérer de la Police Nationale d’Haïti que celle-ci entreprenne des actions pouvant permettre un retour au calme.
L’attente s’annonce longue…
Roobens Isma