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Énième date pour le déploiement de la Force Multinationale d’Appui à la Sécurité en Haïti : analyse 

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Après plusieurs réunions et autres, le déploiement de la Force Multinationale d’Appui à la Sécurité en Haïti peine à être effectif. Selon AFP, citant une source kenyane, les troupes kenyanes partiront le 25 juin pour Haïti.  Bien avant cette énième échéance, Ulysse Jean Chenet, coordonnateur du Mouvement Point Final, lors d’une interview accordée à Le Quotidien News, estime qu’il y a un manque de volonté de la part de la communauté internationale qui refuse vraiment de venir en aide à la population haïtienne.

Le Quotidien News (LQN) : Comment comprenez-vous les revirements à répétition dans le dossier ayant rapport au déploiement de la Force Multinationale d’Appui à la Sécurité dans le pays?

Ulysse Jean Chenet (U.J.C) : C’est un manque de volonté de la part de la communauté internationale qui refuse vraiment de venir en aide à la population haïtienne exposée à la terreur des gangs armés depuis plusieurs années. Il ne faut pas oublier que c’est depuis octobre 2022 que le Gouvernement d’Ariel Henry a fait la demande. Et, la demande a été adoptée par le conseil de sécurité des Nations Unies en novembre 2022. Jusqu’à présent, l’arrivée de cette force multinationale n’est pas encore effective.

LQN : Pourquoi à votre avis le Kenya tarde à effectuer le déploiement de ses policiers en Haïti ? Qu’est-ce qui cloche dans cette affaire ?

U.J.C: Peut-être c’est une question d’argent. Parce qu’il y a de gros intérêts dans le dossier de la force multinationale à déployer en Haïti. Rien ne se fait pour rien à travers le monde. Depuis, le monde est monde, l’intérêt a été le mobile de toutes les actions humaines. Ce n’est pas une question humanitaire, ce sont des millions de dollars US qui sont en jeu. Ce n’est pas sans raison que le choix de la direction de la force multinationale est dirigé vers le Kenya. C’est un allié sûr des États-Unis en Afrique de l’Est. Dans le cas contraire, on pourrait choisir un autre pays.

LQN : À en croire le Président Kenyan, William Ruto, le déploiement de la police kenyane  en Haïti est prévu pour la fin de ce mois. Vous y croyez ?

U.J.C : C’est toujours comme ça, il y a toujours des dates et il y aura encore de nouvelles dates. On attend pour voir. Pour nous autres au niveau du Mouvement Point Final, nous n’avons pas de temps à perdre pour parler de l’arrivée des kenyans en Haïti et d’ailleurs, c’est une absurdité d’attendre des […] africains qui vont venir en Haïti pour rétablir la paix et la sécurité. C’est grave. En tout cas, nous attendons pour voir.

LQN : Selon vous, qu’est-ce qui se passera dans le pays si le Kenya ne viendra pas ?

U.J.C: Ce qui arrivera, arrivera. Même avec la présence de la Force multinationale. Nous sommes en présence d’une guérilla urbaine. Ce n’est pas une Force étrangère qui peut venir résoudre notre problème de sécurité. C’est à nous de prendre notre responsabilité. C’est nous qui avons créé nos monstres par la mauvaise politique publique et la mauvaise gouvernance du pays depuis 1986, c’est à nous de prendre notre responsabilité pour résoudre le problème.

L’étranger ne va pas venir dans le pays pour mourir pour nous. Ils vont venir dans le pays pour tirer profit de nos ressources.

D’ailleurs, on a déjà envoyé un signal. Le vol des canons à la Citadelle qui est le plus grand monument historique de l’Amérique. Quoi dire de plus.

LQN : Le gouvernement de Garry Conille peut-il rétablir l’ordre et la paix dans le pays ?

U.J.C :Peut-être une paix apparente, parce que l’équipe de Garry Conille et les gangs armés ont  les mêmes maîtres, les Colons blancs et les oligarques.

La sécurité nationale d’un pays, c’est une question de souveraineté nationale, on ne peut pas compter sur force étrangère pour établir la paix dans le pays pour nous.

Nous avons déjà fait des expériences douloureuses, par exemple en 1994 avec le retour de Jean Bertrand Aristide, en 2004 avec la MINUSTHA et ce sera encore la même chose. Parce que dans les mêmes conditions de température et pression atmosphérique, les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets.

Propos recueillis par :

Jackson Junior RINVIL

rjacksonjunior@yahoo.fr

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