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Entente inter-haïtienne : Un échec de plus pour les émissaires de la Caricom venus en Haïti !

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La récente visite des émissaires de la Caricom en Haïti s’est soldée pour une troisième fois de plus par un échec. Les protagonistes n’ont pas pu trouver un compromis politique en vue d’un éventuel dénouement à la crise multidimensionnelle aiguë qui entrave le fonctionnement du pays depuis plus de deux ans. Les acteurs politiques haïtiens persistent dans leur intransigeance alors que le pays de son côté est au bord du gouffre.

La crise politique s’aggrave en Haïti. Elle reste entière. Les différentes rencontres de la délégation de la Caricom durant une semaine avec les acteurs politiques et ceux de la société civile n’ont pas abouti à un compromis politique. Aucun groupe parmi les forces en présence n’a jugé nécessaire de dépasser ses intérêts en vue de permettre de trouver une issue à la crise sociopolitique et économique actuelle du pays. Les émissaires de la Caricom sont retournés bredouilles en laissant la situation politique d’Haïti comme elle était avant : des acteurs politiques qui ne pensent qu’à leurs intérêts personnels et non à ceux du pays et qui refusent toute forme de concession.

Il y a un groupe qui ne jure que par la démission du Premier Ministre Ariel Henry et un autre qui lui veut l’élargissement du Haut Conseil de la Transition (HCT) en renforçant par ailleurs le pouvoir de celui-ci. Les émissaires de la Caricom ne sont pas arrivés à faciliter une entente entre les parties prenantes. Et le pire est que chacune de ces parties  rend l’autre responsable de l’échec de la troisième mission de la délégation de la Caricom en Haïti.

Toutefois, l’ancien Premier Ministre a.i Claude Joseph a affirmé que son parti politique EDE a voulu aider contribuer à la réussite de la mission de la délégation de la Caricom. « EDE a échangé durant trois heures avec les émissaires de la CARICOM. Nous avons exprimé certaines préoccupations qui pourraient être considérées comme des préalables à la réussite de ces négociations », explique l’ancien ministre des Affaires étrangères et des Cultes devant les journalistes. Par exemple, poursuit-il, « EDE a demandé aux émissaires d’encourager M. Ariel Henry à se présenter par devant le juge instruisant le dossier de l’assassinat de Jovenel Moïse car EDE se sent très inconfortable pour discuter de l’avenir du pays avec un Premier Ministre de facto qui utilise tout son pouvoir pour faire obstruction à la justice dans le cadre de l’assassinat de Jovenel Moïse ».

« Cette troisième mission de la CARICOM n’a pas abouti à un accord comme le voulaient les émissaires, mais EDE croit qu’ils ont désormais une meilleure idée de la situation. Les émissaires de la Caricom savent que le Premier Ministre Ariel Henry et ses alliés n’ont pas la volonté réelle de négocier », explique l’ancien responsable a.i de la Primature qui précise que la délégation de la Caricom a compris que l’équipe de la Primature a conçu et élaboré un document pour consolider le pouvoir du Premier Ministre Ariel Henry.

« L’objectif du gouvernement a été de voir si on pouvait signer le document pour pouvoir permettre au Premier Ministre Ariel Henry de rester au pouvoir pendant deux ans de plus. Le document n’a pas été accepté par les parties prenantes de la Déclaration de Kingston. EDE attend un document qui prendra en compte la position de toutes les parties sur la table, mais qui reflétera surtout la position du peuple haïtien », avance le leader du parti politique EDE.

Le soutien de Mirlande H. Manigat à Ariel Henry

Le cas de Mirlande H. Manigat dans l’histoire récente de la politique haïtienne ne fait que susciter des réactions. La constitutionnaliste peut aisément être critique d’un moment à l’autre envers Ariel Henry et un autre moment elle contredit ce qu’elle avait dit auparavant. Et à présent, à travers son cabinet, Mme Manigat affirme qu’elle est favorable à l’élargissement du Haut Conseil de Transition. « Mme Manigat n’est nullement opposée à l’élargissement du Haut Conseil de Transition dans la mesure où cette ouverture permettra à cette instance d’atteindre ses objectifs », lit-on dans une Note de presse rendue publique le 14 novembre 2023 qui précise par ailleurs que Mme Manigat se dit être « en faveur d’un gouvernement plus inclusif au sein duquel plusieurs secteurs seront représentés en vue de faire le plein des compétences pour résoudre les problèmes fondamentaux du pays ».

Si récemment Mme Manigat avait déclaré avoir constaté des retards considérables dans le processus devant aboutir à l’élection d’un Président le 7 février 2024, conformément aux prescrits de l’accord du 21 décembre 2023, cette fois, elle soutient que les élections, c’est la finalité de toute transition. « Les consultations populaires restent fondamentales pour un retour à l’État de droit et à la normalité démocratique. C’est dans cette direction que tous les efforts doivent converger en vue de permettre au peuple de décider de l’essentiel en démocratie, c’est-à-dire la possibilité de choisir ses dirigeants en toute indépendance », a-t-elle affirmé.

Il importe aussi de rappeler que la Cheffe du Bureau Intégré des Nations Unies ( BINUH)  en Haïti, Maria Isabelle Salvador, avait déjà, quant à elle, apporté son support au Chef de la Primature lorsqu’elle avait écrit sur son compte X que « le seul chemin pour sortir d’une transition politique ce sont des élections démocratiques, transparentes et participatives ».

Tout compte fait, si les acteurs politiques haïtiens continuent de s’enliser dans leur intransigeance en écartant de manière catégorique toute forme de compromis pouvant permettre de trouver un dénouement à la crise actuelle, il convient de se demander ce qu’il se passera au lendemain du 7 février 2024?

Jackson Junior RINVIL

rjacksonjunior@yahoo.fr

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