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Environnement : de la situation des aires protégées en Haïti

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La planète terre fait face depuis plusieurs décennies à de grandes menaces d’ordre environnemental. L’urgence de la situation est attestée partout à travers le monde, et en Haïti, malgré le classement de 125 000 hectares de terrains et d’étendues d’eau comme des aires protégées, la menace anthropique reste de taille contre l’environnement, et le pays est plus que jamais vulnérable.

Ce ne sont pas moins de vingt-cinq aires protégées que compte en Haïti, dont quatorze aires terrestres et onze aires maritimes. Les plus importantes en termes de superficie sont, « l’aire protégée de ressources naturelles gérées de Baraeres-Cayemites » qui est classée pour la protection de la biodiversité avec 87 621,5 hectares, suivie par le « Parc National Naturel des Trois Baies et des Lagons aux Bœufs » classé comme parc national avec 75 613 hectares, ensuite la « zone réservée d’intérêt stratégique de Peligre » qui est classée comme une zone réservée avec 29 995 hectares. Au total, ce ne sont pas moins de 125 500 hectares de terre et d’eau qui sont classés comme aires protégées en Haïti.

Contacté par la rédaction du journal Le Quotidien News, Lovinsky Fils-Aimé qui termine ses études en Aménagement du territoire au Campus Henry Christophe de Limonade et qui, en tant que président d’une association régionale militant pour les causes environnementales, considère que le classement des espaces présentant des caractéristiques particulières, ou disposant de ressources endémiques, comme « aires protégées » a un impact réel sur la protection de l’environnement en facilitant un équilibre face à la dégradation des conditions environnementales. 

« Le fait de déclarer des espaces comme des aires protégées en Haïti est un pas en avant, cependant, toute la question est de réellement protéger ces espaces », dit-il. En Haïti, c’est l’Agence Nationale des Aires Protégées (ANAP), et des brigades de surveillance comme le BSAP qui ont la responsabilité de gérer les aires protégées. Cependant, les faiblesses auxquelles sont sujettes toutes les institutions du pays ne manquent pas d’atteindre aussi l’environnement naturel.

Depuis août 1996, la République d’Haïti a ratifié la Convention sur la diversité biologique, cadre qui devrait guider le pays dans ses contributions aux « efforts mondiaux » visant à préserver la biodiversité, et la meilleure gestion au niveau national de l’ensemble de sa diversité biologique, de ses ressources et espaces naturels. Cependant, le pays peine encore à trouver l’équation nécessaire afin de mieux préserver son environnement.

La coupe de bois excessive est l’un des premiers défis auxquels fait face le pays quand il s’agit de l’environnement. Et même les aires protégées ne sont pas épargnées. « L’un des premiers signes montrant que les espaces déclarés aires protégées ne le sont pas réellement est la coupe des arbres qui s’y pratique. Si l’on prend pour exemple le Parc National des Trois Baies qui est déclaré comme étant une aire protégée, les mangroves – qui sont d’une importance capitale en nous protégeant contre les inondations, mais aussi qui servent d’habitats pour les poissons juvéniles – sont sujettes aux coupes abusives. De plus, sur cet espace qui est censé être protégé, se développe également un parc industriel, ce qui nous amène malheureusement à remettre en question la notion d’aires protégées dans le pays », explique Lovinsky Fils-Aimé.

Selon lui, l’importance de la bonne gestion des aires protégées n’est pas seulement d’ordre environnemental, elle peut être aussi une source de rentrée de devises pour le pays : le développement de l’éco-tourisme à partir des aires protégées. Pour lui, la nécessité d’une brigade de protection plus structurée est vitale pour la survie des espèces protégées dans le pays, et la nécessité est aussi de recruter des cadres qualifiés au sein des institutions. « Il faut protéger les espèces en Haïti, mieux conserver les aires protégées afin de préserver l’environnement pour les générations à venir », plaide-t-il. 

Quand l’université en fait son affaire

Plusieurs activités ont été réalisées dans divers espaces universitaires du pays afin de réfléchir à l’urgence de la crise environnementale, tant au niveau national qu’international. C’est ainsi qu’au Campus Henri Christophe de Limonade, une université publique dans le Nord du pays, une pléiade d’activités a été organisée  sur le thème « Une seule terre », afin de produire des réflexions autour de certaines thématiques d’importance en Haïti. « Gestion des déchets et pollution des eaux », « Pollution des eaux douces et perspectives de traitement en Haïti », « Pourquoi et comment protéger l’environnement », « Changement climatique et protection de l’environnement », tels ont été les sujets traités au cours de cette journée. Pour l’Université Quisqueya à Port-au-Prince, l’emphase a été plutôt mise sur la gestion et la préservation du patrimoine culturel et naturel, en organisant foire et conférences en l’occasion.

De même, certains groupes d’étudiants et d’activités pour les causes environnementales prévoient d’organiser dans les rues de Port-au-Prince ce dimanche 5 juin (Journée mondiale de l’environnement), une grande marche afin de réclamer de meilleures politiques environnementales, de même que des actions concluantes, et pour inciter la population haïtienne à faire sienne cette cause.

Clovesky André-Gérald Pierre

cloveskypierre1@gmail.com

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