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Gestion des risques et désastres en Haïti : multiplication des conférences, mais les faiblesses structurelles demeurent

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Le mardi 12 avril 2022, à l’hôtel Karibe Convention Center, le Gouvernement haïtien  et la Direction Générale de la Protection Civile ont organisé, en présence des acteurs clé, des principaux décideurs, des partenaires de développement, des représentants du secteur privé et d’agences multilatérales, une nouvelle Conférence Internationale, cette fois sur le financement des risques de catastrophe.

Après la Conférence Internationale pour la reconstruction de la Péninsule du Sud le 16 février dernier à l’issue de laquelle le pays a reçu des promesses de dons de 600 millions de dollars américains sur une période de quatre ans de la part des bailleurs internationaux, l’Hôtel Karibe Convention Center a été le théâtre d’un nouvel évènement gouvernemental dans l’objectif, ont dit les organisateurs, d’orienter les politiques vers le renforcement de la résilience et la mise en place de mécanismes innovants de financement.

Pour l’actuel occupant de la Primature, le Dr Ariel Henry, les discussions doivent aboutir à de nouvelles dispositions en vue de renforcer la capacité de résilience du pays face aux catastrophes naturelles.  « Dans le cadre des discussions, le gouvernement s’attend à ce qu’il y ait des recommandations claires afin de l’aider à : mesurer et mieux gérer les impacts budgétaires et financiers des catastrophes ; identifier les mécanismes et les options de protection financière et mettre en évidence les politiques et les réformes nécessaires pour renforcer les capacités de résilience financière du pays face aux catastrophes naturelles », espère-t-il. 

Des discours, encore des discours

Représentant l’équipe gouvernemental en place, le Dr Ariel Henry et le Ministre de l’Économie et des Finances Patrick Boisvert ont tenu à présenter la faiblesse du pays face aux menaces constantes que représentent les phénomènes météorologiques extrêmes et les risques sismiques, à l’instar du tremblement de terre du 14 août 2021 dans la Péninsule Sud. « Haïti est l’un des pays les plus vulnérables et fortement exposés à de multiples aléas naturels dans le monde », reconnaît le Dr Ariel Henry.

« Entre 1972 et 2022, Haïti a été frappée par près de 110 catastrophes qui ont causé des centaines de milliers de décès et affecté la vie de près de 19 millions de personnes », rappelle-t-il. Cependant, malgré le fait que les différents gouvernements reconnaissent ces faiblesses structurelles, les actions concrètes en vue de protéger les populations vulnérables se font encore désirer. Parlant des progrès réalisés dans ce domaine, les deux officiels de l’équipe au pouvoir s’accordent à citer les décrets et le plan national de gestion  pris en 2020 :

« Durant ces dernières années, des progrès notables ont été réalisés en matière de renforcement du cadre et de la gouvernance en ce qui concerne la gestion des risques et désastres. À titre d’illustration, on peut citer l’adoption du décret du 15 juin 2020 portant création et organisation du système national de gestion des risques et désastres qui définit clairement les responsabilités des institutions publiques et privées dans le système national de préparation et de réponse aux chocs naturels et l’adoption en 2020 du plan national de gestion des risques et désastres pour la période 2019-2030 ».

Le Dr Ariel Henry veut appliquer une politique préventive en adéquation avec les engagements de 2020. « Mon Gouvernement s’est engagé à intensifier l’opérationnalisation de la politique nationale de protection et de promotion sociale », dit-il avant de préciser que la Politique nationale de promotion et de protection sociale (PNPPS), adoptée en 2020, constitue « le socle des interventions du gouvernement pour protéger les populations pauvres et vulnérables contre les chocs climatiques et préserver le capital humain ». « La réponse passe par un effort commun, en vue de renforcer les capacités nationales de préparation aux crises à travers des politiques publiques efficaces et des mesures pratiques pour la réduction de la vulnérabilité des communautés et la protection de leurs moyens de subsistance », soutient l’actuel locataire de la Primature.

Pour Patrick Boisvert, les efforts  à faire dans ce sens doivent être calculés en raison des limites budgétaires. Selon le Ministre, « Face à l’exposition accrue à ces risques majeurs, et avec des marges de manœuvre budgétaire de plus en plus limitées, nous sommes obligés d’effectuer des arbitrages en faveur d’une politique de gestion des risques plus structurée et en même temps plus préventive et plus inclusive. Il s’agit pour nous de mener une stratégie intégrée de gestion des risques afin de créer les conditions de résilience accrues et de mitiger les conséquences économiques et sociales de ces chocs».

Clovesky André-Gérald PIERRE

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