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Haïti – COVID-19 : une indifférence qui pourrait se révéler fatale

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Les cas de COVID-19 se multiplient dans le pays à en croire chaque bilan du Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP). Cette situation ne semble pourtant pas interpeller la population haïtienne qui continue de vaquer à ses activités en toute quiétude, sans penser à  appliquer les gestes barrières ou à se protéger un minimum.

Entre activités scolaires, économiques et religieuses, l’animation à Port-au-Prince ne semble pas avoir régressé d’un pouce. De même, les habitudes de beaucoup de gens ne paraissent pas avoir changé, malgré les bilans alarmants du MSPP qui devraient interpeller la population. À quelques pas du Carrefour des trois mains, plusieurs personnes attendent une voiture pour  rentrer chez  elles après une journée bien remplie. Si certaines d’entre elles portent un masque, d’autres se sentent assez en confiance pour rester sans protection au milieu de cette petite foule, pendant que d’autres, le portent sous leurs mentons. En face d’elles, quelques marchandes assises côte à côte exposent leurs produits. Aucun masque.

Ce tableau représente le fonctionnement du gros de la population haïtienne. En effet, malgré les  communiqués du MSPP, beaucoup doutent encore de l’existence du virus et n’accordent aucune foi à ces bilans quotidiens. Aussi, ne voient-ils aucune raison de se protéger. « C’est quand même étrange que l’augmentation du nombre de cas soit détectée à quelques semaines du référendum prévu par le Président », déclare un jeune étudiant, un sourire moqueur aux lèvres. Ainsi, l’explication à la montée des cas de fièvre est simple pour eux : c’est dû au changement de saison.

Si beaucoup de gens ne se protègent pas contre cette nouvelle vague de COVID-19, on voit cependant beaucoup plus de gens qu’avant porter des masques dans les rues ou en foule. Plusieurs chauffeurs les prennent aussi avec eux dans le souci de prendre les précautions nécessaires. Toutefois, la négligence ou l’ignorance sont flagrantes : des masques mis uniquement sur la bouche, sans dissimuler le nez, des masques enlevés pour discuter, des masques portés sous le menton. Aussi, la volonté ne suffit pas et exige d’être accompagnée de formation, de sensibilisation et de rappels.

Les provinces et la COVID-19

Si, dans la capitale les mesures sécuritaires ne sont pas très respectées, il en est de même pour certaines provinces. S’il est vrai que généralement, ces endroits connaissent moins de surpopulation qu’à Port-au-Prince, il est aussi vrai que les soins y sont encore moins accessibles que dans la capitale. De plus, le manque d’infrastructures et de présence étatique nourrissent l’incrédulité d’une bonne partie des habitants face au virus. C’est ainsi que beaucoup d’habitants du département du Nord-Ouest n’hésitent pas à clamer l’inexistence de la COVID-19.

En effet, les jeunes surtout, n’hésitent pas à se moquer de ceux qui portent le masque : « Enlevez-le masque, le Corona est fini », affirme un jeune élève d’une école de Jean-Rabel. « Nous ne sommes plus en confinement », ajoute une autre.

Dans un lycée de Port-de-Paix, une soixantaine d’élèves dans une salle. Aucun ne porte de masque tandis que dans la salle règne une discussion animée. Pas de distanciation sociale puisque chaque banc compte environ 6 élèves. Le même scénario se produit dans un autre lycée d’une autre ville. Si quelques rares écoles semblent exiger le port du masque, une grande partie laisse ce dernier au bon vouloir des élèves. Pour d’autres, la mesure est adoptée sans trop de rigueur. C’est ainsi que, dans une école de Mare-Rouge, des élèves se sont vu refuser l’accès aux salles parce qu’ils n’avaient pas leurs masques. Pourtant, dans ce même établissement, les élèves déambulent sans masque sur la cour de récréation.

Les moyens de transport peuvent être aussi des vecteurs de maladie. En effet, les déplacements dans ce département, se font en grande partie au moyen de pick-ups chargés jusqu’à en devenir dangereux : marchandises et passagers à l’arrière, deux autres avec le chauffeur et un homme sur le capot. Très souvent, aucune de ces  personnes ne portent de masque.

Cette indifférence face au virus pourrait ouvrir la voie à une explosion du nombre de personnes infectées. D’autant plus que les écoles, les églises et les transports en commun n’observent pas vraiment un protocole de sécurité pour limiter les risques. Il serait nécessaire que le MSPP ne se limite pas aux bilans, mais qu’il y ait une campagne de sensibilisation et des mesures de sécurité qui toucheraient tout le monde.

Ketsia Sara DESPEIGNES

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