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Haïti-Élections : Quel est le rôle de la société civile dans un processus électoral transparent en Haïti ?

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Chaque élection réalisée en Haïti est souvent entachée d’irrégularités et de cas de fraudes. Face à cet état de fait, nombreux sont ceux qui se demandent quel devrait être le rôle de la société civile dans un processus électoral transparent ? Sur ce sujet, deux grandes personnalités de la société civile ont été interviewées par le journal Le Quotidien News. Il s’agit d’Anthonal Mortimé, Co-directeur exécutif du Collectif Défenseur Plus et du Professeur Rosny Desroches, responsable de l’Observatoire Citoyen pour l’Institutionnalisation de la Démocratie (OCID).

Au lendemain du départ des Duvalier en février 1986, c’est un nouveau régime politique qui s’est installé en Haïti. La période post-Duvalieriste a ouvert la voie vers le processus démocratique dans le pays. Dorénavant, pour renouveler le personnel politique du pays il faut passer par les élections, comme l’exige la Constitution de 1987. Cependant, de cette période à date, nombreuses sont les élections qui ont été réalisées en Haïti. Et la dernière sont celles de 2015 ayant conduit Jovenel Moïse à la magistrature suprême de l’État. Cela étant, de 1986  à aujourd’hui, le constat qui est fait par plus d’un est celui-ci: beaucoup d’irrégularités ont souvent été observées lors des compétitions électorales. Et face à ce cas de figure, le rôle de la société  civile pour un Conseil électoral transparent a été mis en évidence.

D’entrée de jeu, le Professeur Rosny Desroches a apporté un élément de définition au concept de « société civile ». En effet, celle-ci se définit comme «étant l’ensemble des associations d’un pays, d’une communauté qui œuvrent pour le bien de la communauté, pour son avancement vers le vivre-ensemble et le progrès. D’où l’idée de civilité qui entre dans l’expression société civile. La société civile se distingue à la fois de l’État qui dispose de la puissance publique et du secteur des affaires qui poursuit un but lucratif. Depuis 1986, la société civile haïtienne s’est beaucoup développée et diversifiée dans tous les départements géographiques et exerce une influence de plus en plus grande au sein de la cité », explique-t-il.

À la question pourquoi les élections réalisées en Haïti sont généralement entachées de violences, le Professeur Desroches estime que c’est parce qu’il n’y a pas une culture démocratique en Haïti. «  La démocratie et les élections qui en constituent une composante extrêmement importante, suppose une culture démocratique et le respect de l’État de Droit de la part des différents acteurs : dirigeants politiques, Conseil électoral, partis politiques, candidats, électeurs, population. Or, chez nous il y a un déficit de culture démocratique : on privilégie la violence et la ruse plutôt que le débat argumenté et le respect de la loi et des règles du jeu. On ne respecte pas la durée du mandat ni de l’alternance. On refuse d’admettre sa défaite. Toutefois, il faut reconnaître que certains progrès ont été réalisés en matière d’élections au cours de ces dernières années », indique-t-il en soulignant d’un autre côté que le développement de la société civile a commencé réellement à la fin de la dictature en 1986.

 « Elle se développe. […]. Au sein de la société civile, il y a un manque de tolérance. On n’accepte pas les divergences des idées et des positions. D’où une tendance à la division et à l’exclusion, ce qui affaiblit la société civile. Les différentes organisations de la société civile font beaucoup de choses, entre autres, plaidoyer, observation électorale. Toutefois, la société civile doit renforcer sa coopération avec les partis politiques pour être plus efficace sur le plan politique », estime le responsable de l’Observatoire Citoyen pour l’institutionnalisation de la Démocratie (OCID).

Le pays fait souvent face à une crise post-électorale après chaque élection. Pour résoudre ce problème, certains s’interrogent sur le rôle que pourrait jouer la société civile dans un processus électoral transparent.

« Les organismes d’observation électorale ont beaucoup fait pour promouvoir la transparence et réduire la fraude dans le processus électoral. Des progrès sensibles ont été réalisés.[…]. Par contre, il y a d’autres problèmes à résoudre. L’irruption des groupes armés dans les centres de vote pour emporter les urnes, l’intimidation des membres des bureaux de vote pour accepter des électeurs sans carte électorale. Les candidats qui, à travers des chefs de gangs obligeant la population de tel territoire à voter pour eux  ou qui paient les électeurs pour obtenir leur voix […] si la police faisait convenablement son travail, si les leaders d’opinion ne décourageaient pas la population à aller voter en leur faisant croire que le résultat est déjà déterminé par la communauté internationale  ou par la bourgeoisie et s’il y avait un taux de participation de l’ordre de 80%, beaucoup de ces problèmes seraient en partie résolus», pense le Professeur Rosny Desroches en soulignant, par ailleurs, que « les différentes composantes de la société civile haïtienne doivent conclure entre elles un pacte pour conduire le pays vers la paix et le progrès économique et social ».

Par ailleurs, Anthonal Mortimé croit que la société civile haïtienne ne peut en aucun cas jouer un rôle dans l’objectif de rendre transparent un processus électoral. « Il n’y a pas de culture démocratique dans les organisations faisant partie de la société civile haïtienne »,soutient le défenseur des Droits humains en Haïti.

Jackson Junior Rinvil

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