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Pour Ruthza PAUL, la littérature est comme une arme qui peut aider à se défendre

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La littérature est un lien sensible qui réunit auteurs et lecteurs pour leur permettre de supporter l’existence. N’étant pas indifférente aux problèmes auxquels est confrontée la société haïtienne, telles la problématique de l’éducation ou celle de l’insécurité, Ruthza essaie de faire entendre sa voix et ses remords, mais à travers ses écrits.

Ruthza est une poétesse née à Léogâne, âgée de 26 ans. Elle a fait ses études primaires à l’école Sainte Rose de Lima de Léogâne et ses études secondaires au Collège Cœur de Marie de la même ville. Actuellement, elle est étudiante finissante à la Faculté de Médecine de l’Université Lumière. Depuis l’école classique, elle écrit pour son plaisir personnel. Au début étant enfant, elle avait  l’impression d’exister à travers les lignes qu’elle dévorait. Il n’y avait que la lecture pour l’aider à  se déconnecter du monde. Ensuite, elle a ressenti le besoin de partager les connaissances acquises après en avoir accumulé bon nombre dans les recherches effectuées et comparées à la dure réalité quotidienne qu’elle affronte.

«  Pendant que d’autres écrivent pour simplement laisser  une trace, moi je veux m’incruster dans la littérature pour rester dans la mémoire  des passionnés du livre. De là où j’étais dans ce petit coin perdu du monde, la poésie m’a repêché aujourd’hui, je n’existe que pour la poésie », explique la poétesse.

Dès l’école classique, Ruthza avait développé un amour fou pour la poésie. En découvrant les vers du livre de Max Grégory St Fleur intitulé « Tan lapli », elle a décidé de se consacrer à la poésie en apprenant d’abord comment mettre de la couleur sur ses vers. Elle a évolué seule, n’ayant jamais eu la chance de participer à un atelier de poésie pendant son apprentissage. De manière autodidacte, elle a appris à s’imposer dans un monde aux mille couleurs, au son des cliquetis qui rappellent la venue de l’automne.

« Pour moi, la littérature est comme une porte qui s’ouvre sur le futur. Elle permet de voir les choses différemment. Avec un peu de lecture, on peut non seulement développer sa capacité de réfléchir, mais aussi s’enrichir culturellement. Comme une arme, elle peut aider à se défendre », confie la poétesse au Journal.

À partir de l’observation du quotidien, l’interprétation de la réalité a permis à Ruthza de mettre par écrit les épreuves des jours, les aléas que doit vivre une population victime. Et pour atténuer l’expression de certains faits dont la crudité aurait des retombées brutales, elle versifie ses idées dans l’espoir d’apaiser la haine des gens. Elle a  commencé à s’affirmer à travers ses textes poétiques qui l’ont aidée à se soulager.

Elle explique :« Ça n’a pas été facile car j’ai eu beau refouler pendant longtemps le désir de devenir écrivaine, je fais de la poésie depuis l’école classique, mais ce n’est qu’en 2018 que je me suis lancée définitivement . Après avoir remporté le prix «  Datapowetik 2022 » un concours de poésie national organisé par « Eritaj kilti kreyòl », je me suis dit que maintenant il était temps que j’aie un ouvrage à mon nom ».

Trois mois plus tard, soit le 17 juin de la même année, la poétesse a signé son premier recueil de poèmes intitulé «  Meli Melo ». « ‘’Meli Melo’’ est mon premier recueil de poèmes écrit en créole que je me suis offert comme cadeau. Cependant, j’ai eu pas mal de récompenses. En 2021, j’ai été désignée comme étant la 2e lauréate pour le concours national de poésie organisée par la société « Samedi Soir » et cette année, j’ai participé à l’anthologie prix Jean Elie François, une anthologie qui pleure le départ prématuré d’un jeune poète capois.

« gen yon zetwal ki file

Syèl la mande pou li

Gran kafou di l pap pase

Latè fèmen pòt sou li

Leta louvri bouch li

Yanm yanm

Kè miwa miyèt mòso

Leta manjèt rèv »

« J’ai écrit ce texte en novembre 2021, pour pleurer le départ d’Evelyne Sincère, une perte qui a touché notre pays tout entier », fait remarquer Ruthza.

Tirant son inspiration de moments précis, soit d’une situation vécue, d’un mot ou d’une expression, elle voudrait toucher le plus de cœurs possible en espérant faire une poésie utile. Entre le choix de se laisser emporter par ce courant de paresse et celui de se rendre meilleure chaque jour, Ruthza fini par se créer un monde à travers la poésie d’où elle tire un peu des deux. Ce qui l’incite à toujours rester aussi proche des livres. « Je suis au tout début de ma carrière littéraire, dit-elle. Pourrais-je parler de profit jusqu’à en trouver de quoi vivre ?  Je ne crois pas. Écrire n’a aucun rapport avec l’argent ».

Elle en a profité pour conseiller aux jeunes qui espèrent intégrer le monde littéraire. « Il faut que la personne soit un passionné du livre, de la lecture et de l’écriture.  Car en lisant, elle va trouver de quoi se former, il faut qu’elle cherche à participer à des ateliers d’écriture afin de pouvoir s’améliorer. Si le monde littéraire l’appelle, qu’elle ne fasse pas la sourde d’oreille.  Qui sait peut-être ce sera une nouvelle Yanick Lahens ou un nouveau Dany Laferrière ».

Geneviève Fleury

Genevievef359@gmail.com

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