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Haïti: entre l’inflation mondiale et l’insécurité généralisée, le coût de la vie augmente considérablement

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En octobre 2021, le prix des produits pétroliers a augmenté sur le marché international. Cette augmentation n’a pas été sans conséquences pour Haïti, ainsi que pour ses partenaires commerciaux  comme les États-Unis, déjà frappés de plein fouet par la pandémie Covid-19. Le gouvernement haïtien s’est vu dans l’obligation d’augmenter les prix des produits pétroliers pendant que le prix des produits alimentaires ne cessait de grimper vu que les gangs armés  empêchent leur libre circulation.

Quelle est l’incidence de cette crise économique mondiale sur un pays comme Haïti dont l’économie était déjà défaillante ? Selon un rapport de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement paru en 2019, Haïti importe plus qu’elle n’exporte. En effet, le déficit de la balance commerciale a déjà atteint un niveau très élevé. D’octobre 2020 à juin 2021, selon les  données disponibles,  les importations ont atteint un niveau de 3,4 milliards de dollars américains alors que les exportations sont  autour de 700 millions de dollars américains.

Les États-Unis s’érigent comme premier partenaire commercial d’Haïti. De ce fait, son inflation a une incidence sur l’économie  haïtienne déjà défaillante. De cette tension des deux côtés résulte une augmentation du coût de la vie. Un rapport publié sur le site du Ministère de l’Économie et des Finances de la République d’Haïti, en décembre 2021, permet de confirmer la gravité de la situation : le taux d’inflation s’élevait à 24,6%, d’après les dernières estimations de l’Institut haïtien de statistique et d’informatique (IHSI). Ce qui indique que l’économie haïtienne est à l’agonie.

D’un autre côté, la conséquence de cette crise se répercute sur les consommateurs  dont le pouvoir d’achat diminue énormément. D’ailleurs, une bonne partie de la population dépend des transferts, venant surtout des États-Unis. Malgré l’envoi continuel de dollars américains, les bénéficiaires n’arrivent pas à  avoir une vie décente. Pour comprendre cet état de fait, plusieurs aspects sont à considérer, de prime abord, le dollar est désormais livré en gourdes selon le taux  fixé par les différentes institutions financières. Or, suivant l’utilisation de l’argent, la personne qui achète se trouve dans l’obligation de payer en dollars, au taux fixé par le magasin. Ce qui crée un déséquilibre anormal.

Les prix varient d’une région à l’autre, mais aussi d’un magasin à l’autre. Le prix des produits est aussi instable que le marché haïtien. Le consommateur encore une fois devient le dindon de la farce. La fluctuation des prix dans tous les secteurs démontrent qu’il n’existe aucune instance de contrôle sur le marché. Le Ministère du Commerce n’exerce nullement son rôle de contrôleur et de régulateur. C’est un signe de mauvais fonctionnement de l’économie haïtienne. À telle enseigne que les pièces de monnaie d’une (1) gourde sont en voie de disparition. Quant aux pièces de cinquante centimes, ces dernières ont disparu depuis belle lurette de la circulation monétaire.

En outre, la gourde continue à de se déprécier, tandis que le dollar s’apprécie considérablement. Selon la Banque centrale, pour avoir un dollar, il faut au moins 101 gourdes. Or, sur le marché parallèle, le taux varie entre 106  et 115 gourdes. C’est le signe d’une absence d’autorité monétaire. Ce qui cause un déséquilibre flagrant dans le monde du commerce. Malgré cette situation financière inquiétante, le salaire minimum stagne à cinq cent cinquante (550) gourdes par jour, depuis le 1er novembre 2019, soit environ cinq (5) dollars américains au quotidien.

D’un autre côté, l’insécurité augmente l’imprévisibilité du marché ; les troubles politiques engendrant le phénomène de « Pays Lock », ce qui a des répercussions néfastes sur l’économie haïtienne l’empêchant encore plus de sortir du bourbier où elle se trouve.

Depuis le 1er juin 2021, une guerre de gangs a éclaté dans les quartiers de Martissant et la capitale se trouve divisée en deux parties. La route nationale numéro 2 demeure bloquée depuis. Les bandits rançonnent les voyageurs et  les « madan sara ». Or, celles-ci approvisionnaient la capitale en denrées de tout genre. Impossible de  se déplacer lors des échanges de tirs qui peuvent durer une journée, pour ne pas dire des jours. L’entrée sud de la capitale est paralysée, la communication est difficile. Aucune économie ne saurait fonctionner dans une telle situation de trouble.

Dans le nord, la situation est presque similaire. Des gangs sont présents partout dans le pays. Ce qui empêche que les produits arrivent et soient écoulés à temps, cette situation crée une pénurie. Dès qu’il y a pénurie, il y a pression sur le marché. Quand la demande est supérieure à l’offre, ajoutée aux risques que courent les vendeurs, les prix sont forcément obligés de monter.

Cette situation d’insécurité cause également une autre panique. Les riverains dans les zones où se sont installés les gangs sont forcés de quitter leur biens mobiliers, mais surtout immobiliers. Il y a donc une délocalisation de la population, encore une fois, le prix de l’immobilier déjà non régulé en Haïti augmente considérablement. Des prix exorbitants sont réclamés pour peu de services. Des maisons qui ne respectent aucune norme parasismique, aucune norme sanitaire, sont vendues à des prix excessifs.

Il y a urgence dans la demeure. Selon l’économiste, le Dr Eddy Labossière: « La situation économique du pays est inquiétante. Le coût de la vie en Haïti est de loin plus élevé qu’en République Dominicaine », pourtant Haïti et la République Dominicaine partagent la même île. Eu égard à cela, les instances concernées sont tenues de rétablir la sécurité des citoyens mais surtout d’établir un filet de sécurité financier pour redresser l’économie haïtienne afin de donner confiance à la population pour un lendemain meilleur.                                    

Danie Charlestan

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