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Nancy Lainé:« Il est impératif que la population intègre la question du don de sang dans ses obligations citoyennes »

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La question du don de sang en Haïti a toujours constitué un problème majeur dans le monde médical. S’approvisionner en sang en cas d’urgence est un véritable casse-tête pour la plupart des gens en Haïti, surtout les gens de rhésus négatif qui figure dans la catégorie la plus restreinte. Ainsi, le Réseau National des Groupes Sanguins de Rhésus Négatif  (RENAGSANG) s’implique totalement dans la régularisation des mécanismes du don de sang sur le territoire.

Souvent, sur un lit d’hôpital ou dans une salle d’urgence en Haïti, la vie ne tient qu’à un fil. Par ailleurs, à cause des piètres conditions sanitaires, la plupart des patients sont très vulnérables, en particulier ceux qui ont un groupe sanguin rare. « De manière générale, les groupes sanguins de rhésus négatif ont des particularités en matière de transfusion sanguine. En effet, ces derniers ne sont compatibles qu’avec des gens de même groupe sanguin qu’eux. Par contre, en Haïti, les personnes de groupes sanguins de rhésus négatif, à savoir: O-, B-, AB-, A-, constituent moins de 3% de la population », indique la fondatrice et coordonnatrice adjointe de RENAGSANG, Nancy Lainé dans une interview accordée au journal Le Quotidien News.

Dans cette optique, RENAGSANG se donne la mission de répertorier ces moins de 3% de la population de groupes sanguins de rhésus négatif en un vaste réseau de donneurs volontaires de sang négatif, en vue de faciliter l’accès à cette catégorie et de sauver le maximum de vies. L’organisation sociale et humanitaire s’inscrit, depuis maintenant 5 ans, dans la promotion du droit à la vie et à la santé de la population, dans la sensibilisation sur l’importance du don de sang et la transmission d’informations en rapport avec la transfusion sanguine.

« RENAGSANG fait du don de sang son cheval de bataille et organise au moins deux à trois fois par an des collectes de sang, dans l’objectif de faciliter l’accès à des milliers de citoyens. Le sang est un élément vital et essentiel qu’on ne peut acheter en pharmacie, mais il n’y a que le laboratoire humain qui est capable de le produire. Par conséquent, pour qu’il y ait du sang disponible à La Croix-Rouge Haïtienne, il est impératif que la population elle-même intègre la question de don de sang dans ses obligations citoyennes », soutient Mme Lainé.

En effet, en Haïti, la population n’a pas la culture du don de sang. Par conséquent, ce sont des centaines de personnes qui souffrent ou meurent par faute de sang dans le pays. Cet élément naturel et vital est  difficilement accessible sur le territoire, surtout dans la conjoncture actuelle. Selon Nancy Lainé, en Haïti il y a une forte demande de sang. Elle peut atteindre jusqu’à 90 000 pochettes, alors que les donneurs volontaires, les moteurs du système ne sont pas nombreux et ne constituent que 10% de la quantité de sang récolté.

« Généralement, les donneurs volontaires donnent du sang régulièrement, soit chaque trimestre. Cependant, vu la faible quantité de donneurs volontaires, cela ne saurait suffire pour répondre aux besoins de la population et aux urgences. Pour le reste, il s’agit de personnes qui donnent du sang par hasard justement parce qu’un proche parent ou ami en a besoin, mais pas pour essayer de combler l’important vide qui existe dans le système sanitaire haïtien de transfusion sanguine », rappelle Mme Lainé.

« Dans le contexte actuel, à cause de l’insécurité, les blessures par balles sont quotidiennes or ces blessures nécessitent souvent des transfusions sanguines. Sans compter les cas d’accident routier, les personnes qui suivent un traitement de dialyse ou de cancer, les accouchements, les interventions chirurgicales ou les anémies sévères, il est important de faire en sorte que ce ne soit pas le malade qui attend la pochette de sang mais plutôt l’inverse. Ce problème a toujours existé mais il s’est aggravé avec l’insécurité et les nouvelles maladies qui nécessitent des traitements plus importants », précise la journaliste et éducatrice Nancy Lainé.

Entre le budget de la santé publique qui est incapable de répondre au besoin du système de santé local et le nombre de postes de transfusion sanguine insuffisant,  il reste encore beaucoup d’efforts à fournir pour régulariser le domaine de transfusion sanguine en Haïti. « D’ailleurs, on compte seulement 14 postes de transfusion sanguine dans tout le pays », se plaint Mme Lainé. « Aujourd’hui, les citoyens doivent s’engager et s’impliquer dans la question du don de sang. Car, n’importe qui peut avoir un jour besoin de sang et, dans ce cas-là, rien ne pourra compenser ce manque », conclut Nancy Lainé.

Leyla Bath-Schéba Pierre Louis

pleyla78@gmail.com

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