Insécurité grandissante : le secteur privé haïtien et les organisations de la société civile font des recommandations à Ariel Henry
4 min readDans un contexte où l’insécurité bat son plein dans le pays et engendre, entre autres, une baisse considérable des activités économiques, le secteur privé des affaires et des organisations de la société civile haïtienne ont envoyé une pétition au premier ministre Ariel Henry pour lui demander une fois de plus, de rétablir la sécurité dans le pays. Sans trop tarder, le PM Henry a rencontré les signataires de cette démarche.
La situation sécuritaire du pays s’aggrave de jour en jour. Le phénomène du banditisme, avec l’éparpillement des gangs armés, constitue l’un des faits probants de cette situation. Chaque jour ces organisations criminelles de plus en plus puissantes, sèment la terreur partout en Haïti que ce soit par des massacres sur la population ou des kidnappings en série, des vols, des viols… Pourtant l’État haïtien se trouve presqu’incapable de résoudre ce phénomène qui, dirait-on, devient permanent.
Dans une pétition signée par différents secteurs de la vie nationale haïtienne (Le secteur privé des affaires, la société civile), le désarroi est clairement exprimé par rapport à « l’inaction ou la tolérance des Autorités de l’Etat qui faillissent à leur obligation première d’assurer la sécurité des citoyens » victimes des organisations criminelles dans le pays. En effet si les actes de banditisme se produisent presque quotidiennement, la Police Nationale d’Haïti (PNH), symbole de la répression, « renvoie l’image d’une institution affaiblie et à l’effectif insuffisant ».
Des mesures en perspectives
Le premier ministre Ariel Henry, aussi décrié pour son illégitimité que pour son inefficacité à la tête de la Primature, n’a pas tenu promesses quant à la résolution de la problématique de l’insécurité témoigné par la recrudescence du banditisme dans le pays. En effet, dans ces différentes sorties, le locataire de la Primature exprime sa ferme volonté de mettre en marche le Conseil Supérieur de la Police Nationale (CSPN) pour « neutraliser » les gangs dans le pays. Cependant cette volonté jusque-là, reste sans réalisation.
Une feuille de route
Incapacité des services de douane favorisant la contrebande, refus des Ministères concernés en vue de fournir du matériel nécessaire à la Police Nationale d’Haïti… Telles sont, entre autres, des causes favorisant l’insécurité en Haïti selon la pétition. Face à cette situation, « des experts ont clairement établi une feuille de route » proposée aux autorités politique. Elle est constituée en 15 étapes comme suit :
1-Décréter l’État d’urgence 2-Déclarer la guerre aux gangs armés qui sèment le deuil et la désolation dans la population 3-Sévir contre la fraude au niveau des douanes pour éviter le détournement des revenus et imposer des mesures de contrôle pour éliminer le trafic d’armes et de munitions 4-Classer les gangs armés dans la catégorie des organisations terroristes 5- Équiper adéquatement en toute priorité les Forces Armées d’Haïti et la Police Nationale y compris la Police Scientifique 6- Recruter des experts pour encadrer la PNH dans ses efforts pour traquer et mettre hors d’état de nuire tous les bandits 7- Isoler les groupes criminels et les assiéger dans leur retranchement 8-Identifier publiquement et poursuivre toutes les personnes et entités qui financent et alimentent ces gangs en armes et munitions 9-Adopter un décret ordonnant le gel immédiat et la confiscation des avoirs de toutes les personnes et entités qui financent et alimentent ces gangs en armes et munitions 10- Exiger des compagnies téléphoniques l’identification obligatoire pour tout numéro de portable en fonction sur le territoire et déconnecter dans un délai raisonnable tout numéro de téléphone non identifié 11-Annuler et dans un bref délai, rapporter systématiquement toutes les anciennes plaques IT ou SE ou LOCATION en circulation. Ces plaques sont utilisées par les gangs. Contrôler strictement les nouvelles émissions de plaques.
Dans une deuxième phase, les signataires de la Pétition majoritaire du secteur privé des affaires et de la société civile, poursuivent dans leurs recommandations : 12. Vérifier les dossiers de tous les policiers (vetting), incluant les investigations pour les cas d’enrichissement illicite ou de blanchiment 13. Modifier les uniformes de toutes les unités de la Police 14. Identifier clairement les véhicules affectés au service de l’État par rapport aux institutions auxquelles ils appartiennent 15. Occuper les territoires reconquis en y assurant une présence socio-politique et administrative effective de l’État à tous les niveaux.
Par ailleurs, face à cette pétition, le premier ministre qui a trois reprises a boudé une invitation au dialogue du sénat de la république a sans prendre trop de temps, rencontré les signataires de la démarche. Et comme à l’accoutumé, le Dr Henry a fait comprendre que l’insécurité le préoccupe et travaille sur la question.
Signalons, selon la présidente de l’Association touristique d’Haïti(ATH), Raïna Forbin, pour matérialiser les actions que les autorités entendent entreprendre, la création d’un comité de travail et de réflexion est envisagée.
Jonas Reginaldy Y. Desrochesjonasdesroches@gmail.com