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Insécurité : le kidnapping prend des muscles au fil des semaines

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Si le kidnapping a toujours été un phénomène effrayant, il ne cesse de battre ses propres records à mesure que les gangs se sentent en confiance et tant que le phénomène rencontre la passivité des autorités concernées.

Enlèvements, tueries, affrontements entre gangs, les citoyens du pays ne sont en rien épargnés par l’insécurité. Aujourd’hui, le phénomène kidnapping opère par vagues qui semblent à chaque fois vouloir engloutir leurs victimes, ne laissant que larmes et désolation.

Après l’enfer de la semaine dernière, le phénomène continue et c’est Johnny Jean, un étudiant de la Faculté des Sciences Humaines (FASCH) qui s’est fait enlever à la rue Cameau, dans la soirée du 29 septembre 2021. Et tandis que Marie Marthe Laurent Lafaille, la femme du feu diacre Sylner Lafaille a été libérée contre rançon, deux autres personnes ont perdu la vie le 28 septembre 2021 aux environs de Pacot, dans une tentative de kidnapping qui aurait avorté. Ils ont été abattus à l’intérieur de leur véhicule.

Cette situation, si elle fait planer la peur au-dessus de la capitale, ne s’y limite pas. En effet, le phénomène s’étend dans d’autres zones du pays, dans d’autres provinces, jouant une partie de cache-cache aux airs lugubres avec les citoyens pour qui la mort devient une proche amie. « On s’habitue un peu plus à entendre courir les bruits de mort, à marcher sous les balles. On s’habitue à voir mourir les gens. C’est comme si on devenait moins humain, et cela fait peur », témoigne tristement un jeune homme qui a voulu garder son identité secrète.

Ce jeune Haïtien explique un fait qui devient, malheureusement, le quotidien de beaucoup de ses concitoyens : « Je sors chaque jour avec l’idée qu’il se pourrait que je ne rentre pas, je peux me faire enlever. Sachant que mes parents n’ont pas les moyens de trouver les sommes qu’ils demandent, je me dis qu’il y a de fortes chances qu’ils me tuent s’ils m’enlèvent ».

Il y a en effet, lieu de s’inquiéter de la confiance des ravisseurs. En effet, après avoir saboté un culte le 1er avril 2021, enlevé le pasteur et trois fidèles à Carrefour, sous les yeux des internautes stupéfiés, les kidnappeurs, dont l’audace ne cesse d’augmenter à mesure qu’ils réussissent les « grands coups », ont reproduit l’histoire le dimanche 26 septembre 2021 à la Première Église Baptiste de Port-au-Prince, réveillant la blessure. Cette fois, à quelques pas du Palais national, ils ne se sont pas contentés d’enlever des gens, mais ils ont ôté la vie au diacre Lafaille, qui aurait tenté d’empêcher l’enlèvement de sa femme.

De même que la façon d’opérer, les rançons demandées sont de plus en plus osées. On se souvient que lors de l’enlèvement de Marthe Romulus, les ravisseurs avaient réclamé la lourde somme de 1 million de dollars US. Aujourd’hui les gangs gagnent de plus en plus de pouvoir, imposant leur dictature, utilisant les réseaux sociaux à leur guise. Tout est prétexte pour faire régner la peur et d’amasser encore plus d’argent aux dépends des citoyens innocents.

Ketsia Sara Despeignes

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