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James Francisque, entre la philosophie et la littérature

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En cherchant l’opportunité d’exprimer ses désaccords face aux réalités de la vie qui ne suivent pas la voie écologique de profondeur, Francisque James exige le respect des lois cosmiques de la vie. Avec ses courants de pensée philosophique, il critique, propose et agit. Avec ses textes, il défie la réalité existentielle haïtienne.

James Francisque est originaire de Torbeck, la fière cité de Boisrond-Tonnerre dans le département sud du pays. Il est né un 10 juin 1983 dans la ville du premier écrivain de la nation, feu Louis Felix Mathurin, dit Boisrond-Tonnerre. Il a fait ses études primaires et secondaires dans la même ville. Ensuite, il est allé à Port-au-Prince pour étudier les sciences informatiques à l’UNICA. Après deux ans, il abandonne ses études suites aux évènements de 2004. Il se réoriente vers les Sciences Économiques, à l’École de Droit et des Sciences Économiques, une entité proche de l’Université d’État d’Haïti (UEH) se trouvant dans la ville des Cayes, question de mobiliser ses compétences pour la transformation sociale du pays. Entre-temps, il étudie le journalisme et la culture haïtienne dans un institut du vodou, aux cotés de professeur Jean-Yves Blot et la mambo Marie Lourdes Jean-Pierre. Il s’initie aux idées de la gauche, via le courant alter-mondialiste.

De retour à Port-au-Prince, il débute sa carrière d’enseignant de lettres, de philosophie et de sciences sociales. Il se forme dans l’enseignement de la philosophie à St Ignace et se spécialise entre la philosophie et le droit international des droits humains à l’UNIDHEL. Avec Bijou Makenson, Raphael Makenley, Jean François Cludema, etc., l’organisation socioculturelle « Kalbas Ayiti » a été créée. Une organisation qui œuvre dans le domaine de la culture haïtienne et qui veut être un atout majeur pour le développement durable du pays.

« Nous lançons depuis bientôt cinq ans l’événement « Vingtaine de l’haïtianité » pour sensibiliser les Haïtiens sur notre haïtianité profonde. « Kalbas Ayiti »  est basé dans la commune de la Croix-Des-Bouquets à Santo 6, au centre culturel Dorcely Dédé. Je suis l’actuel coordinateur de Kalbas Ayiti »,  fait savoir le philosophe Francisque journal.

Il poursuit pour dire : « Dès l’école, j’ai commencé à faire de la poésie. J’ai gardé l’amour de l’écriture après les cours de terminale. J’ai commencé à étudier l’économie afin d’approfondir les idées de transformation sociale qui m’ont traversé l’esprit. »

Entre-temps, il gagne son premier concours de poésie dans le cadre de la journée mondiale de la langue maternelle. Tout cela le mobilisera davantage au niveau de l’écriture. Et, l’expérience du squash haïtien, dont il est l’un des membres fondateurs, va l’aider à pousser son talent plus loin, dans le cadre du courant littéraire et de la philosophie créole du synthétique « dématérialiste ».

En 2019, il publie son premier livre : « Le Manifeste du créole ». Son passage dans les émissions « Le mercredi de la culture » avec Trouillot sur Kiskeya et « Des livres et vous » avec Dangélo Néard vont le consacrer dans le milieu littéraire. Sans oublier Manno Ejèn qui a profité du premier festival international de littérature créole pour l’inviter à s’imposer comme un écrivain confirmé.

Le texte « Manifès kreyolis », est un essai philosophique qui plonge dans la réalité coloniale « esthético-phénoménologique » pour mieux expliquer la destinée du peuple haïtien. Un texte publié par les Éditions Freda. Du coup, James en profite pour lancer un courant littéraire et philosophique dénommé « Créolisme dématérialisme synthétique ». C’est un courant littéraire qui réclame une liberté ontologique chez l’être afin de mieux favoriser le jeu de la rencontre et de la relation des civilisations et les cultures des peuples, dans le sens d’Edouard Glissant. Son deuxième texte était un conte philosophique dénommé « kach kach liben », paru aux Éditions Lanbi. Puis, il publie deux recueils de poésie qui ont pour titre: « gouyad libète » (Lakay Édition) et « Atlantide » (les Éditions Lanbi). Enfin, sa dernière apparition est « Nan wout pou yon filozofi ayisyen », encore un essai philosophique aux Éditions Freda.

« À noter que toutes mes premières publications se font dans la langue de la culture populaire haïtienne, c’est-à-dire le créole. Cependant, mon prochain texte aux Éditions de la Rosée sera en français. Il s’intitulera : « De la sénologie vers un nouveau paradigme scientifique ». Un essai qui tente de proposer une nouvelle manière d’appréhender la vie des êtres humains. D’ailleurs, dans ma dernière publication, je revendique une philosophie haïtienne qui est différente de la philosophie occidentale, en dégageant chez l’Haïtien une nouvelle cosmogonie et une nouvelle ontologie, qui tenteront de concilier les civilisations africaines (vodou) et celle de l’occident »,  confie M. Francisque.

James Francisque s’attend à être lu de par le monde et particulièrement en Haïti, dans le but de favoriser une véritable transformation sociale et humaine qui accouchera un nouvel ordre de liberté. Assez satisfait de son parcours, il veut contribuer à imposer une nouvelle manière de penser la vie, lors même qu’elle n’est pas dominante ou déterminante dans les réalités sociales. « Si je n’étais pas écrivain, je militerais comme chanteur et homme de théâtre. Ces arts du vivant me fascinent depuis toujours, au coté de l’écriture, » déclare celui qu’est aussi enseignant.

À tous les amants du livre, James Francisque conseille : «  La lecture doit être une arme de combat pour la vraie révolution humaine et cosmique. Laissons notre subjectivité profonde prendre sa place pour accoucher une nouvelle version de nous-mêmes, sous la signature d’une authenticité de soi. Il faut vous laisser vous envahir par votre force intérieure, la grande intelligence cosmique. Elle vous guidera sur le chemin de l’écriture profonde, et vous incitera à lire vos devanciers qui ont laissé une manne d’héritage pour vous ».

Geneviève Fleury

genevievef359@gmail.com

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