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« Jeux Dits Pwezi » à Jacmel, déjà 4 ans, pour la démocratisation de la culture

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« Jeux Dits Pwezi » commémore son quatrième anniversaire ce jeudi 29 juillet 2021 à Jacmel. Cette activitéœuvre d’un groupe de jeunes Jacmeliensa été mise en place, selon ce qu’ils racontent, pour la démocratisation de la culture, un espace de divertissement et d’épanouissement de la majorité négligée. Ainsi depuis 4 ans, le dynamisme de ses jeunes, dont Wilson Edmond, Yvon Payen, Franztceau Alexandre et Darlin Johancy Michel, a permis à la commune d’Alcibiade Pommayrac de devenir le repère des activités littéraires et artistiques, notamment le lieu où se baladent les amoureux des belles lettres.

Ayant constaté un grand manque d’activité culturelle, notamment des activités livresques, et désirant entraîner la jeunesse jacmélienne, amant de la poésie, dans cette sphère, des jeunes véhéments et impétueux de cette dite communauté ont décidé de mettre ce rendez-vous hebdomadaire aux besoins de certains. Et depuis environ 4 ans, « Jeux Dits Pwezi » qui s’est installé au “Vieux Four”, lequel Bar situé à l’avenue Barranquilladans le chef-lieu du département du Sud-Est, animé par cette ambiance culturelle tous les jeudis, est devenu le bouillon d’activités littéraires et donne l’occasion la jeunesse de cette communauté de s’épanouir.

Un « Jeux dits poésie » à Jacmel

L’écrivain et journaliste Diery Marcelin, le natif de Léogâne n’a jamais cessé de vanter cette activité dans la ville natale de son père. Dans une telle démarche, il a écrit un récit sur cette initiative qui, selon lui, réveille les esprits.

« Un jeudi 28 janvier 2021, à Jacmel. Il est 7h pm quand je finis de me préparer pour me rendre en ville. Très décontracté dans ma tenue, j’espère ne pas être différent du reste du public. Dans la rue, j’arrête un taxi-moto. Malgré le fait que je visite souvent Jacmel, étant la commune d’origine de mon Papa, je suis toujours émerveillé par les petites motos de 125cc utilisées pour le taxi, contrairement à Port-au-Prince et ses environs. J’apprécie aussi que la course reste à 25 gourdes, quand c’est 50 gourdes et plus à la capitale. Avantaj kòk la se nan zepon l. Loll. Déjà, sur la route, la fraîcheur de la nuit me souffle de la poésie. Arrivé sur l’Avenue Baranquilla, devant le très coté club Vieux Four, je suis resté bouche bée. Vu le grand nombre de véhicules garés devant l’entrée, et la grande affluence quand j’arrive à l’intérieur, l’atmosphère fait croire à un bal, une affiche d’un ou de plusieurs artistes de renom ou un spectacle de Disc-Jockey. Mais non, c’est la poésie qui a réuni ce beau monde. Sur leur table, une bière en main, en face d’un plat, l’assistance déguste la lecture scénique offerte par le prolifique Gary Victor d’un extrait de son roman « Le Sang et la mer ».  Un jeune garçon du public questionne le romancier sur les rapports entre la poésie et le récit dans son œuvre. » nous raconte-t-il dans ce vibrant message publié sur sa page Facebook.

« Les passages poétiques peuvent être insérés dans un roman pour rendre la lecture plus agréable. Mais l’inverse n’est pas évident. Je n’imagine pas qu’on se mette à narrer au milieu d’un texte poétique », a-t-il répondu. C’est une génération d’écrivains qui succède à une autre sur la scène. Le jeune Wilky Petit-Homme, connu comme Plim San Koulè, est monté présenter son ouvrage « Zoubka » avec lequel il était en signature dans la soirée. Il s’agit, selon ses dires, d’un récit retraçant un ensemble de sagesses, traditions et vieilles pratiques oubliées. Ces dernières sont transmises par « Grann Vèti » à son petit-fils « Ti Zo ». Et c’est le moment de l’open Mic. Le MC, guitare en main, accompagné d’un batteur, reprend en chœur la phrase sur un son qui invite à la danse, plutôt qu’à l’audition. Et c’est le moment de l’open Mic. A cet appel, slameurs, conteurs, diseurs, chanteurs… se sont défilés sur la scène pour pimenter ce qui semble être la dernière partie de la soirée. Lè l pral fini, li pi dous. Après tout ce charme fait de mots, le MC reprend le cône pour remercier le public, fidèle à l’activité depuis quatre années. On fait place à un DJ pour tenter de garder le public sur les tables, en face des bouteilles et des plats.  Ce n’est qu’à moitié réussi. Une bonne partie de l’assistance vide les lieux. Elle était là pour la poésie et rien d’autre. J’ai terminé la soirée à un pica pollo, tout près, à côté du Lycée Pinchinat, toujours sur l’avenue Baranquilla. Le lendemain, sur le chemin du retour, dans le bus, plusieurs passagers, comme moi, ont reconnu Plim San Koulè, l’auteur qui était en signature. L’on se donne tous rendez-vous à jeudi prochain, pour une photo. Tous les jeudis qu’on pourra. Je venais de réaliser qu’ils venaient chaque jeudi, juste pour « Jeux-dits poésie ». Un rendez-vous qui contribue à garder la réputation de ville touristique et culturelle attribuée à la Cité d’Alcibiade Pomeyrac. » conclut Diery. 

Interrogé sur l’état de cette activité, Darlin, l’un des principaux initiateurs, n’a pas caché sa satisfaction quant à la poursuite de cette activité et nous assure que le retour est très positif : « C’est comme si la ville se réveillait de son sommeil, nous dit-il très heureux, car cette activité permet à plusieurs autres de voir le jour, et de faire la lumière sur de nombreux jeunes talents tels que Inked Souls, Garencha Jean Pierre pour ne citer que quelques-uns. » A présent pour la suite de cette belle aventure, les protagonistes de « Jeux Dits Pwezi » ont pour objectif de renouveler leur personnel activement impliqué dans cet événement, d’encadrer de jeunes auteurs dans le processus d’édition et de créer un réseau national de « Jeux Dits Pwezi » afin de continuer à séduire les amateurs de belles lettres.

Ansky Hilaire

anskyhil22@gmail.com

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