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Journée Internationale de la Jeunesse: les jeunes Haïtiens s’expriment au sujet de l’avenir !

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Ce 12 août marque, comme à l’accoutumée, la Journée Internationale de la Jeunesse. En cette noble circonstance, les jeunes de partout dans le monde essaient de prendre conscience de leur responsabilité éthique et morale vis-à-vis de leur mère nourricière, à savoir la planète et leur terre natale. En Haïti, depuis quelque temps, les jeunes semblent ne plus s’intéresser à l’avenir du pays, au dire de plus d’un. La rédaction de Le Quotidien News est allée à la rencontre de divers jeunes à travers le pays pour recueillir leurs témoignages vis-à-vis de ce sujet.

Ordinairement, diverses activités sont entreprises pour rappeler aux jeunes qu’ils sont l’avenir du pays. Cette année, très peu d’activités apparaissent sur l’affiche. Par ailleurs, chacun tente d’apporter une réponse à cette déconnexion observée chez les jeunes Haïtiens, depuis environ une dizaine d’années. La Journée Internationale de la Jeunesse est une occasion pour les jeunes de se sensibiliser à leur devoir en tant qu’hommes et femmes responsables, de lier connaissance avec leur mission en tant qu’êtres humains et de savoir que chaque action qu’ils posent sur la planète doit aller dans le sens du bien commun.

Plusieurs réflexions sont élaborées sur les responsabilités des jeunes citoyens du monde au niveau écologique et social. En Haïti, les réflexions sont beaucoup plus portées sur le rôle de la jeunesse dans la résolution des diverses crises qui paralysent le pays et sur leur position en tant que jeunes Haïtiens.  Dans le cadre de cette journée célébrée partout dans le monde depuis 1999, Le Quotidien News a donné la parole aux jeunes. Concernés par cette journée, ils ont répondu avec enthousiasme aux questions qui leur ont été posées. Les jeunes interviennent, entre autres, sur les sujets qui font l’actualité en Haïti.

« En tant que partenaires de la société et citoyens conscients, les jeunes sont le moteur et l’âme du développement durable. Les jeunes d’un pays symbolisent vigueur et force ; alors c’est le rôle de la jeunesse de s’impliquer activement dans la vie sociale et politique du  pays », a fait savoir Anaïka, une jeune fille de 19 ans qui vient à peine de boucler son cycle d’études classiques. Selon la bachelière, les jeunes en tant que citoyens du monde, mais aussi d’un pays, se doivent de s’instruire, de s’éduquer et de rendre disponibles leurs bras afin de contribuer au développement de leur terre natale. Toutefois, la jeune fille souligne que le cas d’Haïti est particulier car les jeunes n’ont pas vraiment la possibilité de contribuer à la bonne marche du pays, à cause du manque d’accès à l’instruction, du chômage et du manque d’opportunités.

« Aujourd’hui, je ne dirais pas que les jeunes ont baissé les bras, mais plutôt que les conditions ne sont pas réunies pour leur épanouissement. Nous faisons partie de la génération qui a presque tout vu, qui a vécu beaucoup de catastrophes naturelles et autres. Beaucoup d’entre nous n’ont pas vraiment eu d’enfance et d’adolescence et nous jouissons à peine de notre jeunesse à cause des troubles du pays », affirme avec détresse Anaïka. La jeune fille soutient que, dans la conjoncture actuelle, il est difficile pour les jeunes de s’en sortir même s’ils font de leur mieux pour ne pas sombrer. Le mieux à faire, si l’on veut une jeunesse forte et vigoureuse, est de résoudre les problèmes qui les bloquent.

En effet, la situation dans laquelle se retrouve aujourd’hui la jeunesse haïtienne est déplorable. Ce qui la plonge dans un  profond désespoir. Beaucoup rêvent de partir loin du pays. Beaucoup n’incluent pas Haïti dans leurs projets d’avenir. C’est le cas d’Armand, étudiant licencié en comptabilité. « Je ne me vois plus vivre dans cet endroit qui n’a rien d’un État de droit. Les lois ne sont pas respectées, la vie des personnes ne vaut pas plus que la vie d’un chien. Mon unique rêve, c’est de quitter le pays pour réaliser mes rêves et bâtir mon empire ailleurs. Il n’y a plus de place ici pour moi », avance-t-il avec nonchalance.

« Je m’inquiète pour mon avenir, poursuit le comptable. Je ne crois plus en la providence ni dans la promesse de nos soi-disant leaders politiques. D’autant plus que la jeunesse haïtienne se comporte comme des zombies, elle avale tout, comme si la situation était normale. Si au moins, il y avait un semblant de révolte, je garderais peut-être un semblant d’espoir. Mais vu le mutisme de chacun face à la situation d’insécurité et de cherté de la vie, je dois dire que le pays est condamné à rester dans cet état. En tant que jeune, j’ai plein de rêves et sincèrement, en Haïti, la Journée Internationale de la Jeunesse ne symbolise rien pour moi », conclut Armand avec une tristesse hautement perceptible dans la voix.

Toutefois, certains jeunes comme Anne-Christine, une jeune fille de 24 ans, contrairement à Armand, gardent l’espoir quant à la situation du pays. « Bien sûr qu’il y a de l’espoir », s’empresse-t-elle de répondre. « La jeunesse, c’est l’espoir du pays. Si nous, l’avenir du pays, nous baissons les bras, qu’adviendra-t-il d’Haïti et des générations futures? Il est vrai que les aînés ne nous ont presque rien laissé, mais c’est de notre devoir, en tant que jeunes responsables, de ranimer le pays. La Journée Internationale de la Jeunesse devrait nous rappeler notre rôle en tant que jeunes intellectuels ou non, car si tout le monde y met du sien, on pourra sauver Haïti », assure la jeune universitaire.

La jeunesse haïtienne s’exprime abondamment en ce jour symbolique. L’avenir du pays paraît sombre si l’on tient compte de la situation actuelle qui devient au fil des jours de plus en plus invivable. En cette journée, la jeunesse qui incarne la force et la vigueur du pays, pose les bonnes questions et s’exprime à cœur ouvert sur le sort qui lui est fait.  À présent, ne reste-t-il pas aux aînés (ceux et celles qui tiennent la barque du pays surtout) de créer les conditions nécessaires où le bien-être de tous serait en pris en compte.

Leyla Bath-Schéba Pierre Louis

pleyla78@gmail.com

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