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Journée nationale du mouvement des femmes haïtiennes, la lutte pour les droits des femmes continue !

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Si le mois de mars dans plusieurs pays du monde est consacré aux réflexions autour des droits des femmes, le mois d’avril, en Haïti, n’en fait pas moins ! En effet, le 3 avril marque la journée nationale de la lutte pour les droits des femmes haïtiennes. Beaucoup d’activités socio-culturelles sur le sujet  emplissent les calendriers pour ce mois d’avril. En dépit des crises qui handicapent la société, les Haïtiennes ne se laissent pas distraire et continuent de lutter pour le respect de leurs droits.

Depuis plus de dix ans, le pays connaît une succession de crises sans précédent. Un vent désolateur souffle sur les citoyens et citoyennes et secoue le pays jusqu’aux racines. Toutes les structures de la vie nationale sont affectées d’une manière ou d’une autre et les femmes n’en sont pas exemptes ! Les situations de crises accablantes ralentissent le processus d’émancipation de la femme haïtienne et la rendent sujette à tout type de violences. En ce 3 avril, il est primordial d’aborder les questions des discriminations basées sur le genre, encore présentes en Haïti, de l’impunité qui sont devenues monnaie courante et des principaux obstacles que rencontrent les femmes haïtiennes dans la vie sociale, politique et économique.

Selon Stepherly Murielle Paillant, élève avocate au Barreau de Port-au-Prince, militante pour les droits des femmes et auteure du livre «  Les secrets de la plaidoirie et mon mal humain », le féminisme d’aujourd’hui se doit de lutter pour une implication effective des femmes dans la vie politique et judiciaire haïtienne. Car, si l’on compte le nombre de femmes qui siègent au Parlement, dans les municipalités ou encore dans l’ensemble du système judiciaire, ce chiffre ne représente pas grand-chose à côté du nombre d’hommes qui y siègent. Il est essentiel aujourd’hui de lutter pour que la femme haïtienne puisse occuper les postes clés dans les bureaux et supprimer les stéréotypes qui font croire que certains postes conviennent mieux aux hommes qu’aux femmes, a-t-elle fait remarquer.

Sur le plan juridique, depuis le décret du 8 octobre 1982, le statut des femmes haïtiennes a complètement changé. Beaucoup de progrès ont été faits dans le cadre de leur émancipation. À partir du 8 octobre 1982, les femmes peuvent fréquenter les écoles et les universités de leur choix, voyager librement et occuper n’importe quel poste dans n’importe quelle institution compte tenu de leurs compétences. Cependant la secrétaire du Rotaract Club Port-au-Prince Champs-de-Mars, en l’occurrence Murielle Paillant, souligne que, malgré les nombreuses avancées juridiques pour règlementer le statut des Haïtiennes, il reste beaucoup à faire. Même si la discrimination à l’égard des femmes n’est plus légale, poursuit Mme Paillant, cela ne signifie pas qu’elle a totalement disparu car on remarque encore en 2022 l’absence de femmes dans les postes de décision.

Aujourd’hui, avec la défaillance de la société, la faiblesse des corps étatiques et la montée de l’impunité, les femmes haïtiennes se trouvent enfermées dans un cycle de violence sans pareil. Elles sont livrées à elles-mêmes et subissent toutes sortes de violences : physiques, psychologiques, émotionnelles, économiques et sociales. Les cas de viols, de femmes battues et de féminicides ont largement augmenté. Suite à la Covid-19, à l’instabilité politique et aux crises économiques, les femmes deviennent de plus en plus vulnérables. «  Pour cette année, je pense que la priorité de la lutte féministe en Haïti devrait être la mise en place d’un système judicaire, économique et social efficace pour permettre aux femmes de s’épanouir et pour freiner cette machine de violence qui détruit nos femmes et nos filles », déclare la jeune avocate de 26 ans lors d’une entrevue au journal Le Quotidien News. 

Le 3 avril prochain, les Haïtiennes vont mettre les points sur les i en foulant le sol de Port-au-Prince. Diverses organisations féministes ont déjà lancé un appel d’urgence aux femmes et à tous les acteurs de la vie nationale car l’heure est à l’urgence. Aujourd’hui plus que jamais, il faut lutter pour le respect des droits des femmes, des filles et des droits humains en général.

Leyla Bath-Schéba Pierre Louis

pleyla78@gmail.com

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