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Ketty Balthazard-Accou fait de la science sa raison de vivre

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Très connue dans le milieu scientifique haïtien, Dr Ketty Balthazard-Accou est enthousiasmée par la recherche, la quête rationnelle du savoir. Enseignante-chercheure, Directrice adjointe de l’École Doctorale « Société et Environnement », elle coordonne le programme de formation doctorale en Environnement de l’Université Quisqueya (UniQ), elle est Responsable du programme science à la Commission nationale de coopération avec l’UNESCO et Coordonnatrice de l’Association Haïtienne « Femmes, Science et Technologie ».

D’entrée de jeu, Docteure Bathazard-Accou se voit comme un modèle de femme qui réussit sa vie avec les moyens du bord sans excès, ni extravagance. « Ce rêve m’habite depuis  mon plus jeune âge, j’ai compris alors que Dieu, ma famille et l’école étaient les seules voies capables d’accomplir l’imprévisible en moi, afin d’être utile à moi-même et aux autres », déclare la scientifique qui croit fermement que l’apprentissage est une voie qui mène sûrement à la réussite.

Née à Port-au-Prince un 18 novembre, Docteure Ketty Balthazard-Accou a vu le jour dans une famille de cinq enfants, dont quatre filles. Élevée par une mère commerçante et un père réceptionniste  dans un cabinet d’avocats, elle  précise qu’elle s’entendait parfaitement bien avec sa famille. Selon ses propos, son père était un homme de valeur, responsable, aimant et soucieux de sa famille. Mais il était surtout, à en croire ses  paroles, très exigeant quant aux principes régissant le bon fonctionnement de la maison.

Un parcours ahurissant

Dr Ketty Balthazard-Accou, a fait toutes ses classes primaires à « École Nationale de la République du Pérou » et ses classes secondaires au « Lycée du Cent Cinquantenaire ». Intéressée par la recherche et à l’enseignement, elle s’est trouvé une place à l’École Normale Supérieure en 1988, après son bacc, où elle a obtenu sa licence en Sciences Naturelles-Chimie. Par la suite, la chimiste a intégré à Port-au-Prince l’École de Chimie Appliquée, (CHEMTEK), pour parfaire sa formation. Tout au long de ses études, la scientifique  a toujours été guidée par la rigueur, et surtout la passion pour la recherche assidue. Ce qui, en conséquence, lui a permis de s’extraire du lot commun, de faire la différence. En effet, l’étudiante laborieuse,  sortira lauréate de sa promotion et aura donc droit à une chaire d’enseignante, la même année, au sein de cette prestigieuse école. Et quelques mois plus tard, elle occupera le poste de responsable du laboratoire de chimie de l’Université Quisqueya, à la suite d’un concours dont elle sortira lauréate.

En 1996, la responsable du laboratoire de chimie de l’UniQ, Dr Ketty Balthazard-Accou bénéficie d’une bourse d’études à l’Université des Antilles et de la Guyane (UAG) pour enrichir davantage son savoir en chimie et biologie.

Pour une femme qui a hésité un peu au début sur son avenir estudiantin, Dr Balthazard-Accou, détentrice d’un Master en « Écotoxicologie, Environnement et Gestion des Eaux » poursuit une carrière ahurissante dans l’univers scientifique. Vu l’enthousiasme qui l’anime et qui la motive dans ses recherches, tout porte à croire que la professeure s’épanouit pleinement. « Je suis un peu du genre hyperactif, donc l’apprentissage est pour moi une activité très sympathique et très utile », fait savoir la responsable du Laboratoire de chimie à l’UniQ, de 1994 à nos jours.

En 2011, la chimiste laisse sans voix un Jury ébahi par sa thèse doctorale sur l’évaluation des risques microbiologiques de l’eau contaminée par les parasites, dans le cadre d’une cotutelle de thèse entre l’Université de Picardie Jules Verne à Amiens (en France) et l’Université Quisqueya. Une thèse qui, si l’on s’en tient à ses dires, a eu la mention Très Honorable avec Félicitations du Jury.

Un choix irréprochable

Alors que peu de femmes trouvent leur place dans cet immense univers de la science, Dr Ketty Balthazard-Accou se plaît à le scruter en profondeur dans ses recherches. Elle espère que davantage de femmes pourront investir la sphère scientifique. En effet, « Il est clairement établi par l’UNESCO que la contribution des femmes dans le domaine scientifique et technologique est essentielle pour parvenir à un développement humain durable et égalitaire », rappelle-t-elle. C’est dans cette perspective qu’elle s’est portée volontaire pour combler cette lacune en Haïti, en manifestant de l’intérêt pour le métier d’enseignant-chercheur.

Les raisons qui la motivent à faire ce métier sont « multidimensionnelles », dit-elle.Ces raisons sont à la fois intrinsèques, extrinsèques et altruistes. De prime abord, « les motivations intrinsèques sont liées à l’intérêt que je porte à l’activité, au plaisir que j’en tire et à la satisfaction que j’éprouve en pratiquant ce métier », dit la Présidente et membre fondatrice de l’Association Haïtienne « Femmes, Science et technologie ». Elle avance ensuite que la motivation dite altruiste réside dans l’envie de travailler avec les jeunes, de les aider à réussir et de contribuer ainsi à l’amélioration de la société. « Le prestige et la noblesse liés au statut social de la profession sont autant d’exemples de motivation extrinsèque pour le choix d’exercer le métier d’enseignant-chercheur », ajoute la scientifique qui, toutefois, est consciente que toutes les conditions pour l’exercice du métier ne sont pas toujours réunies. « Cependant, l’amour pour le métier prime sur les contraintes », affirme-t-elle avec beaucoup de fierté.

Dr Balthazard-Accou se dit fière de sa carrière qu’elle qualifie d’honorable. « Sans fausse modestie, j’estime avoir fait une carrière très honorable. J’estime avoir été utile à la jeunesse de mon pays dans la mesure du possible. J’ai contribué en effet à la formation de plus d’une génération d’hommes et de femmes qui sont devenus aujourd’hui de hauts cadres et/ou des techniciens compétents », indique Ketty Balthazard-Accou, qui se plaît également à pratiquer le dialogue, car, selon elle, le dialogue offre l’occasion de s’exprimer, de s’extérioriser et d’apprendre aussi des autres.

Militante pour la reconnaissance des femmes scientifiques en Haïti

Ketty Balthazard-Accou, d’un haut niveau scientifique, ne se contente pas uniquement de son statut enviable dans le milieu universitaire. Elle milite en outre pour la reconnaissance des femmes, et l’implication des filles dans les filières scientifiques, à travers l’Association Haïtienne « Femmes, Science et Technologie » (AHFST). « Créée en 2007, l’AHFST s’est fixée, entre autres, pour objectifs de favoriser l’adoption d’une politique pour les sciences en Haïti, d’encourager la participation des femmes dans l’enseignement supérieur et la recherche, et de valoriser la contribution des femmes dans les programmes scientifiques », déclare-t-elle.

A en croire la Présidente de l’AHFST, cette structure, sa mission et ses objectifs trouvent leur émanation dans les grandes lignes du programme international « Femmes et science », de l’UNESCO et de l’entreprise L’Oréal. Elle espère en outre qu’une chercheure haïtienne issue du système de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique en Haïti, deviendra un jour lauréate du prix L’Oréal-UNESCO pour les femmes et la science, pour les Amériques, dans les décennies à venir. Ce rêve que chérit la titulaire de l’AHFST invite les femmes scientifiques haïtiennes à orienter les jeunes filles vers les filières scientifiques. De plus, elle croit que c’est une façon pour les femmes chercheures de mieux appréhender la notion de développement durable en Haïti.

Ketty Balthazard-Accou se dit préoccupée par la conjoncture actuelle du pays due, selon elle, à une crise multiforme très complexe. « La complexité de cette crise tient surtout à son caractère à la fois structurel et conjoncturel, menaçant les fondements même de la société et de l’État de Droit », dit-elle. « Des centaines de milliers de personnes se trouvent en situation difficile de chômage, de pauvreté, d’insécurité, de perte d’espoir, dans des zones socialement sinistrées ». De son point de vue de scientifique, elle pense que cette crise nécessite une réflexion en profondeur sur la base d’une approche globale des phénomènes sociopolitiques. « Par conséquent, un sursaut collectif s’avère indispensable dans nos rangs, en vue de mobiliser les ressources intellectuelles et morales pour la remise en cause de nos traditionnels schémas de pensée »,  estime la Présidente de l’AHFST. Il est, selon elle, primordial d’accorder à l’éducation une place prépondérante en la contextualisant et en l’actualisant. « Car, le changement passe par la connaissance et le progrès scientifique », martèle la responsable du programme science à la Commission nationale de coopération avec l’UNESCO.

Mariée, mère de trois garçons, Ketty Balthazard-Accou est justement le modèle parfait d’une femme accomplie qui a emprunté la voie du succès. « Tant valent les familles, tant vaut la société. Permettez-moi de vous dire que la notion de famille est une valeur très importante à mes yeux », confie Mme Balthazard-Accou, de foi chrétienne, qui fait de son mieux pour maintenir l’équilibre entre sa vie professionnelle et son foyer, qui sont intimement liés. Elle conseille à la jeunesse de s’intéresser à l’apprentissage, à la quête  de savoir. « Il est impératif que vous continuiez à vous instruire, que vous vous mettiez à jour sur les évolutions qui ont lieu dans le monde, que vous participiez activement au fonctionnement de la société, et surtout que vous n’ayiez pas peur de prendre des initiatives », conseille Dr Ketty Balthazard-Accou, cette femme dont la carrière, il faut bien le reconnaître, est couronnée d’un succès bien mérité.

Statler LUCZAMA

Luczstadler96@gmail.com

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