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Les différentes crises rendent la construction du capital humain en Haïti difficile, selon le professeur Jean Dorvil Etienne

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Lors de son intervention dans le cadre de la  2ème journée  de la 11ème édition du sommet international de la finance, le professeur et économiste et statisticien, Jean Dorvil Etienne, au cours de son intervention qui portait sur l’éducation dans le contexte post-Covid, a pointé les différentes crises de la société haïtienne comme obstacles à la construction du capital humain et du même coup, au développement.

Beaucoup d’écoles décapitalisées à la suite de leur fermeture au cours du confinement, année scolaire et programmes éducatifs bâclés, les élèves vivant avec une psychose de peur causée par l’insécurité, baisse de rendement, c’est ce tableau peu flatteur de l’éducation après la période de la Covid-19 qu’a dressé le directeur départemental de l’économie dans le Nord, Jean Dorvil Etienne. En effet, selon lui, le contexte actuel dans lequel évolue l’éducation rend difficile les conditions de progrès puisque « l’éducation c’est la base du renforcement du capital humain », a-t-il déclaré.

Le professeur Jean Dorvil Etienne déplore le manque d’investissement dans l’éducation haïtienne et surtout dans l’éducation de qualité. «Moins nous investissons dans l’éducation, plus nous allons rester derrière la camionnette dans la zone caraïbe et même dans le monde », martèle-t-il. Il continue pour dire que les pays les plus compétitifs sont ceux qui consacrent une grande partie du budget à l’éducation. Ce manque d’investissement dans l’éducation haïtienne compliquerait donc le développement global du pays.

Parallèlement, le professeur reconnait que même avec un investissement massif dans l’éducation, la tâche resterait quand même compliquée puisqu’il déclare que « même si on voulait investir massivement dans l’éducation, certains facteurs hors de l’éducation, empêcheraient celle-ci d’avancer ». Selon lui, même si toutes les conditions étaient réunies, l’instabilité du pays rendrait difficile le bon fonctionnement de ce secteur puisque les jeunes auraient toujours cette psychose de peur, et que le risque de traumatisme subi par un élève qui tomberait sur un nouveau cadavre occasionné par l’insécurité en venant en cours ne diminuerait pas.

Selon le directeur départemental, le capital humain – qu’il définit comme étant un stock de connaissances, d’habiletés et d’expériences d’un individu qui permet d’augmenter sa productivité et celle de l’entreprise au sein de laquelle il évolue – joue un rôle important pour le progrès de la société et dans la démocratie. C’est pour lui le facteur le plus important pour parler de productivité, compétitivité au sein d’une entreprise, d’un pays puisqu’une personne bien formée devient du même coup plus productive et cela passe d’abord par l’éducation.

Complexité de l’éducation en Haïti

Par ailleurs, parler d’éducation en Haïti est assez complexe selon Jean Dorvil Etienne. En effet, il y aurait, selon ses mots, environs 8 types d’écoles. Cette situation occasionne des inégalités comme le fait que certaines écoles ont pu fonctionner en ligne durant la période de la Covid-19, tandis que d’autres, surtout celles dans les milieux ruraux, n’ont pas pu faire de même. Ce même scénario se produit au cours des périodes d’instabilités qui paralysent les activités scolaires en présentiel.

L’éducation est prise aussi au sens large dans l’intervention du professeur et directeur départemental. En  effet, l’éducation est aussi celle que l’on donne dans les familles, ce que l’individu acquiert sur le tas, à l’université, c’est celle que reçoit l’ouvrier et qui le rend plus efficace, davantage prêt à jouer son rôle dans l’atteinte des objectifs de l’entreprise ou de son milieu. Car l’éducation, selon Jean Dorvil Etienne, fait don du savoir-faire qui est précieux dans le progrès. Le professeur estime qu’avec toutes ces crises qui rongent notre société, notre éducation tardera à se révéler, ce qui est hautement regrettable.

Ketsia Sara Despeignes

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