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La BRH expose des facteurs à prendre en compte pour que l’économie haïtienne redevienne favorable pour les deux semestres à venir

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La Banque de la République d’Haïti (BRH) a rendu publique une Note relative à sa politique monétaire du 1er trimestre de l’exercice fiscal 2022-2023. Pour la BRH, l’économie haïtienne  déjà caractérisée par un taux d’inflation élevé peut redevenir favorable au cours des deux semestres qui viennent s’il a une atténuation des troubles sociaux et politiques dans le pays, et une amélioration des conditions de sécurité. Ce qui, selon la BRH, contribuera au rétablissement d’un climat d’affaires plus serein dans le pays.

L’économie haïtienne se trouve, depuis plus d’un an, dans une situation marquée par une dépréciation accélérée de la gourde par rapport au dollar américain, et l’instabilité politique chronique que vit le pays. Néanmoins, cet état de fait ne devrait pas empêcher l’économie nationale d’être moins désastreuse au cours des deux semestres à venir. À en croire la BRH, plusieurs facteurs laissent augurer de perspectives relativement favorables pour l’économie haïtienne.

Les allocations prévues dans le budget 2022-2023 en faveur du secteur social (30,6 milliards de gourdes) devraient contribuer à soutenir la consommation et ainsi réduire l’insécurité alimentaire, estime la BRH précisant que les crédits alloués aux dépenses d’investissement aideraient à la mise en place d’actions pour la relance du secteur agricole (6,04 milliards), la réalisation de projets dans le secteur des bâtiments et travaux publics (16,04 milliards de gourdes), le renforcement des capacités des postes frontaliers et du contrôle douanier (302,2 millions de gourdes) dans le but de dégager plus de ressources locales pour financer des investissements essentiels à la croissance.

« En outre, ces initiatives pourraient être renforcées par des ressources en provenance des bailleurs, notamment du Fonds Monétaire International (FMI) à travers le nouveau guichet de financement des ripostes aux chocs alimentaires de la facilité de crédit rapide (Food Shock Window – FSW4). Au niveau international, le ralentissement continu de l’inflation chez les principaux partenaires commerciaux d’Haïti devrait être bénéfique à la réduction des pressions inflationnistes au niveau local et pourrait aider à une relative augmentation des transferts privés sans contrepartie reçus dans l’économie », explique la Banque de la République d’Haïti.

Cependant, la BRH souligne que ces perspectives dépendront essentiellement d’une atténuation des troubles socio-politiques et de l’amélioration des conditions de sécurité, lesquelles sont indispensables au rétablissement d’un climat d’affaires serein et susceptible d’encourager les investissements et initiatives privés. « De telles évolutions contribueraient également à la réduction des goulots d’étranglement au niveau des chaines d’approvisionnement qui impactent à la fois la production et la circulation des biens et services dans l’économie », peut-on lire dans la Note.

Mise en contexte de la BRH sur l’économie mondiale et l’économie nationale

Au premier trimestre de l’exercice fiscal 2022-2023, la politique monétaire de la Banque de la République d’Haïti (BRH) a été mise en œuvre dans un environnement marqué, sur le plan international,  par la persistance de l’inflation à des niveaux élevés en dépit d’un ralentissement de son rythme de progression. Cette situation a conduit au maintien des politiques de resserrement monétaire, notamment aux États-Unis et dans la Zone Euro, informe la BRH. À cet effet « de tels développements ont ainsi renforcé les perspectives de ralentissement de la croissance de l’économie mondiale ».

Quant à l’activité économique haïtienne, la BRH rappelle qu’elle a été affectée par la dégradation continue du climat des affaires dans un contexte de détérioration des conditions de sécurité qui a perturbé la production de biens et services par les entreprises locales ainsi que leur distribution à travers le pays. «  Cette situation a été aggravée par des épisodes de rareté des produits pétroliers et par la faible performance du secteur agricole », est-il rappelé. « La conjugaison de ces différents faits a conduit à une intensification prononcée et rapide des pressions inflationnistes dans l’économie. Parallèlement, les incertitudes autour de la conjoncture socio-politique et sécuritaire ont contribué à l’augmentation des anticipations négatives des agents économiques, les poussant à renforcer leur position en devises étrangères », ajoute la Note.

Décisions de politique monétaire au premier trimestre 2023

À en croire la BRH, au premier trimestre de l’exercice fiscal 2022-2023, la Banque centrale a maintenu la posture qu’elle avait adoptée au trimestre précédent afin d’atténuer l’impact de cet environnement adverse sur la stabilité macroéconomique. « Tout en gardant le statu quo au niveau des taux directeurs et des coefficients de réserves obligatoires, elle a poursuivi sa politique de reprise de la liquidité excédentaire à travers les bons BRH », indique la Banque centrale.

Cette dernière précise à travers sa Note que les taux d’intérêt sur les bons BRH sont restés inchangés, soit 6 %, 8 % et 11,5 % pour les maturités de 7, 28 et 91 jours respectivement, ainsi que le taux de mise en pension de ces titres à 17 %. De même, les taux de réserves obligatoires sur les passifs en gourdes et en dollars ont été maintenus, respectivement à 40 % et 53 % pour les banques commerciales et 28,5 % et 41,5 % pour les banques d’épargne et de logement (BEL), poursuit la Banque de la République d’Haïti. «  Cependant, l’encours des bons BRH est légèrement reparti à la hausse, passant de 800 MG en septembre à 900 MG en décembre 2022, reflétant la baisse observée au niveau des souscriptions des banques commerciales aux certificats de trésorerie au cours de la période sous étude », explique la BRH.

Dans l’objectif de soutenir l’offre de devises, la Note indique que la Banque Centrale est intervenue sur le marché des changes à hauteur de 11,3 millions de dollars ÉU, ce qui lui a aussi permis de stériliser plus de 1,34 milliard de gourdes de liquidité.

« Cependant, contrairement au trimestre précédent, les interventions de la Banque centrale se sont soldées par des achats nets de 47,13 millions de dollars US, un retournement qui vise à renforcer le coussin de réserves nettes de change dans une période caractérisée par l’augmentation saisonnière des transferts privés sans contrepartie. Par ailleurs, les obligations BRH ont continué de jouer pleinement leur rôle en contribuant à restreindre la demande de dollars aux fins de précaution. En effet, l’encours de ces titres a augmenté, passant de 5,57 milliards de gourdes en septembre 2022 à 7,7 milliards en décembre 2022», poursuit-on en précisant par ailleurs, que les données disponibles au 30 novembre 2022 indiquent une amélioration combinée de la rentabilité et du produit net bancaires.

«Au niveau des ressources, l’actif du système s’est chiffré à 677,06 milliards de gourdes, soit une hausse de 10,96 % par rapport au 30 septembre. Cette augmentation de l’actif bancaire a résulté de la bonne tenue des « Avoirs à la BRH » (+15,95 %), des « Avoirs dans les banques locales » (+20 %) et des « Autres placements » (+27,43 %). En ce qui a trait aux ressources du système, les dépôts totaux se sont établis à 556,3 milliards de gourdes au 30 novembre 2022 contre 500,2 milliards au terme de l’exercice 2021-2022 ».

Pour la BRH, « cette progression est supportée par les toutes les composantes : les dépôts à vue (+12,07 %), les dépôts d’épargne (+12,2 %) et les dépôts à terme (+7,22 %) et les obligations à vue (+27,39). Conséquemment, le niveau d’intermédiation bancaire, mesuré par le ratio « prêts bruts/ dépôts totaux », a légèrement reculé, se fixant à 30,4 %, contre 32 % au 30 septembre 2022 ».

Jackson Junior RINVIL

rjacksonjunior@yahoo.fr

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