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La presse haïtienne craint le pire

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Faisant l’objet de représailles systématiques ces derniers temps, les journalistes sont exposés à la brutalité policière, selon Jacques Sampeur de l’ANMH.  L’AJH, de son côté, dénonce le Chef de l’État, Jovenel Moïse qui, dit-elle, s’attaque aux journalistes et à la liberté de la presse en Haïti.

Pour justifier les bavures policières, Jovenel Moïse, qui intervenait au conseil de sécurité de l’ONU, le lundi 22 février 2021, a soutenu sans ambigüité que des bandits se déguisent en journalistes pour s’attaquer aux policiers de service. En fait, c’est un piètre argument. Et, si c’est le cas, pourquoi la police n’arrive pas à intercepter ces hors la loi? Au regard de cette déclaration,les travailleurs de la presse et les patrons des médias paniqués tirent la sonnette d’alarme surce qu’ils appellentune carte blanche octroyée aux agresseurs des journalistes par le Chef de la nation.

L’association nationale des médias haïtiens (ANMH) ne va pas avec modération. Selon cette corporation, c’est extrêmement triste de constater que la plus haute instance du pays s’amuse à banaliser, à dénigrer la presse autant. « Comparer délibérément la presse aux bandits de grand chemin, c’est grave », regrette le président de l’ANMH, Jacques Sampeur qui considère le Chef de l’État comme un monstre aveugle.

M. Sampeur n’a pas caché sa révolte en voyant un Chef de l’État exposé, à un tel niveau, la liberté d’expression conquise au pris du sang. « Jamais, il ne peut plus avoir de dictature dans le pays. M. Moïse, à travers son discours, accorde de la permission à la Police de faire des représailles sur la presse. Nous savons tous qu’il y a des bandits en uniforme de police. Nous recommandons aux journalistes de la vigilance face à ce monstre aveugle », critique le numéro un de l’ANMH qui dit penser que, parlant ainsi, le locataire du palais national coupe le pont à toutes formes de dialogue. Pour lui, le Chef de l’État, au lieu d’appeler au calme et rassurer, met de l’huile sur le feu.

L’association des médias indépendants d’Haïti (AMIH) s’est gardée de faire la répétition. Jean Venel Remarais dit n’accorder pas trop d’importance à la déclaration du chef de l’État qui a, selon lui, perdu la tête. Il invite la presse à continuer de dénoncer les péripéties du peuple haïtien provoquées en complicité avec la communauté internationale. Le responsable de l’AMIH appelle les journalistes et les médias à ne pas faire machine arrière tout en veillant précautionneusement sur leur vie.

Quant à l’association des journalistes haïtiens (AJH), elle se dit scandalisée, choquée par ce discours à travers lequel le Chef de l’État sème de la confusion et fait de l’amalgame autour du respect de la liberté de la presse et de la liberté d’expression en Haïti. «  À travers cette réunion, le chef de l’État a semé le doute et la pagaille. Tenant de propos si graves, il justifie et assume tous les actes de brutalités orchestrés par les policiers contre les travailleurs de la presse. M. Moïse a, du même coup, exposé les journalistes à toutes formes d’attaques et d’agressions », dénonce l’AJH dans une note publique.

L’association va plus loin et dit considérer les propos du locataire du palais national comme une attaque contre les journalistes et la liberté de la presse en général. Elle rappelle que la liberté de la presse fait partie des acquis constitutionnels,conventions internationales et traités signés par Haïti. L’association s’étonne que le président parle d’amélioration de score au classement mondial de la liberté de la presse sans rien faire concernant plusieurs cas de journalistes victimes dans l’exercice de leur fonction. L’AJH, sceptique sur le respect de la liberté d’expression dans le contexte actuel, appelle, comme l’ANMH et l’AMIH, les journalistes à la vigilance.

Daniel Sévère

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