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La République des contrastes!

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En Haïti, tout se transforme en cauchemar. La suprématie des gangs coïncidée à l’indifférence, l’insouciance, le manque de volonté et l’amateurisme des autorités de l’État a tout envenimé. Elle provoque une situation de peur sans précédent. Dans ce pays, chaque seconde passée en vie vaut de l’or.

Plus les jours passent plus nous constatons que nous sommes livrés à la merci des civils armés. Progressivement, ils sont en train de conquérir presque tous les recoins du territoire. Ce phénomène du banditisme fait boule de neige. De Martissant à Croix-des-Bouquets, les gangs ceinturent la capitale et étendent leur venin sur certaines villes de province. Les villes du département de l’Artibonite en sont des cas.

À bien observer le laxisme de nos prétendus dirigeants, la population ne mérite pas de vivre dans la paix. Pour ne pas dire, ne mérite pas de vivre tout court. Elle est prise en chasse partout. Ce modèle de gouvernance fondée sur des bras civils armés atteint son apogée. Ce rempart minutieusement construit par nos élites pour protéger leurs intérêts. La population est prise par la gorge. La machine échappe au contrôle des conducteurs.

Paradoxalement, la population a pris part à des activités festives un peu partout sur le territoire national malgré la conjoncture. Le carnaval de Jacmel a eu lieu. Celui de Port-au-Prince également. Durant les trois jours gras, les habitants de la capitale se sont défoulés en compagnie de certains ténors de la musique haïtienne. Les fêtards, ne serait-ce pour ce moment de liesse ne se préoccupaient quasiment de rien. Pas même de la possibilité de ne pas pouvoir rentrer chez eux après la fête car, quasiment tous les quartiers de Port-au-Prince  sont sous le contrôle d’un gang.

Ils ne font pas grand cas de la possibilité qu’ils peuvent se faire enlever. La plupart d’eux ne s’inquiète pas pour l’après. S’ils vont pouvoir mettre la main à la bouche ou s’ils ne vont pas se retrouver au chômage. L’important pour certains, c’est de bien profiter du moment tout en laissant aux morts la possibilité d’ensevelir leurs morts. Pour d’autres, c’est une opportunité de noyer un peu leurs soucis. Chacun danse sa misère et son désespoir à sa manière.

Dans la Cité d’Anacaona, la saison du rara est lancée. C’est la grande foule. Le pays est frustrant. Les projets divergent. Chacun son agenda. La population a peur des bandits, nos leaders politiques et certains hommes d’affaires craignent les sanctions canadiennes et américaines. La Police comme le simple citoyen réclame de la sécurité. La justice regorge de corrompus.

Trente-six ans après le renversement du régime des Duvalier, le système démocratique n’est pas instauré. C’est la disette en matière de réussite politique. Que des élections frauduleuses. Une succession d’hommes sans éthique ont défilé à la tête de l’État. Trente-six ans de ôte-toi de là que je m’y mette. De manipulation politique de tous genres. Ils ont opté pour le VSN sous une autre forme. Trente-six ans de querelles sans répit. D’impunité. Quel type de pays avons-nous voulu construire dans l’intervalle ? Quels types de citoyens sommes-nous en train de construire pour demain ? Nous pataugeons dans le contraste si ce n’est pas de la contradiction. Bravo aux grenadières qui nous apportent un peu de sourire en nous offrant la qualification pour la mondiale de 2023.

Daniel SÉVÈRE

danielsevere1984@gmail.com

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