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La table est servie mais…

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En Haïti, les acteurs ont tout fait pour favoriser une intervention étrangère dans le pays. Depuis la demande du Premier Ministre, Ariel Henry, à l’ONU, le 9 octobre 2022, concernant l’envoi urgent d’une mission militaire en Haïti, la situation ne cesse de se détériorer. Les gangs armés se montrent plus actifs. Leurs méfaits se multiplient. Les cas d’assassinat ont augmenté. Au village  artistique de Noailles, à la Croix-des-Bouquets, les affrontements armés ont causé la mort de plus d’une dizaine de personnes, dont sept le 17 octobre. Ils ont assassiné un commissaire de police. Ils s’attaquent au Terminal Varreux, à des bases de la PNH, dont un commissariat.

Cette situation a donné un bon prétexte au Gouvernement haïtien faire un plaidoyer sur la scène internationale pour supporter sa demande. Pour défendre sa position selon laquelle tout va mal en Haïti. Cela a permis au Chancelier haïtien, Jean Victor Généus, de faire un virage spectaculaire et de demander  au Conseil de sécurité des Nations Unies d’accorder le bénéfice de l’urgence à Haïti. Position partagée par le Secrétaire Général de l’ONU qui, dans son rapport,  trace un tableau sombre de la situation en Haïti. C’est la position également de certains autres pays, dont les États-Unis et le Mexique qui ont proposé deux Résolutions dont l’une concerne une intervention militaire en urgence sur le sol haïtien. Le Canada avait récemment appelé à une trêve urgente  pour libérer l’accès au Terminal de Varreux. De son côté, le Secrétaire Général de l’OEA, Luis Almagro, et certains autres diplomates avaient tiré la sonnette d’alarme sur le cas d’Haïti.

Pendant  quinze mois, on a pris le soin de construire brique par brique cet édifice du chaos. On dirait que l’objectif était de pourrir la situation au point de prouver qu’elle est irréparable. Pour justifier une aide étrangère. Le refus systématique de dialoguer. Le fait de critiquer sans relâche le Gouvernement et ne jamais proposer un plan de redressement à la nation. Le fait de fermer les yeux sur les actions des gangs. De supporter une crise inexplicable du carburant dans le pays, sont entre autres, des prétextes à un diktat étranger dans la gestion de la crise. Constatant la reprise accélérée des actes de violence en Haïti ces dix derniers jours, on se demande encore si les politiciens haïtiens n’essaient pas de forcer une situation qu’ils font semblant de ne pas vouloir.

De toute évidence. C’est comme si l’on arrive à un point de non-retour. Un carrefour incontournable. Une situation obligée. Sous une forme ou sous une autre, les acteurs politiques et certains membres de la société civile haïtienne appellent à une intervention de l’étranger. Soit par un appui technique à la PNH et aux Forces Armées d’Haïti (FAd’H), soit par l’envoi d’une force armée multinationale. La déduction à tout ça, c’est que pour eux, la table est servie. Le banquet est prêt, mais les conviés traînent encore les pieds. Ils hésitent.

Le Conseil de Sécurité des Nations Unies vient d’adopter la Résolution visant à sanctionner les gangs armés en Haïti et leurs bras financiers, le 21 octobre 2022. Une décision qui n’a pas suscité l’euphorie en Haïti. Au contraire, son utilité est questionnée. La bonne volonté de l’ONU aussi. Elle renforce le doute populaire. Le doute qui prend sa source dans les mauvaises expériences faites avec les troupes onusiennes  dans le passé et le rapport défectueux d’Haïti avec les pays amis. Pour beaucoup de citoyens haïtiens, l’Organisation des Nations Unies est  autant responsable du gangstérisme en Haïti que de l’instabilité politique.

Cette nouvelle Résolution onusienne n’est pas vue de la même manière que l’ambassadrice américaine à l’ONU qui salue un pas important vers le soutien international à Haïti. Comme du lait sur le feu, la population surveille ce qui se passe à l’ONU. Une image écornée que les étrangers doivent refaire avec des engagements clairs et sans équivoques. Quel sera la décision de cet organisme international par rapport à la deuxième Résolution en préparation ? Comment l’ONU va-t-elle jongler entre crise réelle en Haïti à juguler et une mission mal vue et décriée ?

Daniel SÉVÈRE

danielsevere1984@gmail.com

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